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Étant donné

Marion (1998) – sendo dado (étant donné)

Réponses préliminaires

terça-feira 27 de junho de 2023, por Cardoso de Castro

« Axioma: nada podemos saber por nós mesmos, todo saber autêntico deve nos ser dado. » Novalis  

Javier Bassas Vila

Étant donné [Siendo dado] – esta expresión parece ir de suyo.

La comprensión espontánea se alia fácilmente a la lectura erudita para añadir un artículo a la primera palabra y poder leer   así “l’étant donné” [el ente dado], considerando “(l’) étant” [ (el) ente] como un sustantivo y concluyendo simplemente que lo que es, a saber, el ens de los filósofos o, según un antiguo término francés, l’étant, resulta dado; un ente – en otras palabras, algo dado. Para decirlo brevemente: esa expresión estaría solamente enunciando que hay entes y no, más bien, nada; de esta manera, la lectura corriente, erudita y espontánea a la vez, sólo comprende en “étant donné” lo que la metafísica ha podido decir. Por ello, esta lectura no sólo no lee verdaderamente la letra, sino que se expone a una incoherencia, ya que, si se admite que l’étant (en el sentido nominal) es lo que resulta dado y nada más que eso, ¿por qué no decir entonces simple y metafísicamente que “l’étant est” [el ente es], o incluso “l’étant est donné” [el ente es dado]? ¿Por qué, al contrario, yuxtaponer sin transición, ni artículo, ni cópula, los términos “étant” [ente] y “donné” [dado]? ¿Equivale banalmente “donné” a una explicitación de “est donné” [es dado], como “étant” a una explicitación de “l’étant est” [el ente es]? En resumen, ¿glosa étant donné tan sólo la extraña y doble tautología “el ente – lo que – es"? Si no se tratara más que de eso, ¿por qué no haber dicho, tal y como la filosofía lo repite fielmente desde Parménides, que el ente es – eon   emmenai [1]? Y si se trata de eso, ¿por qué la expresión recurre a “donné”, si, en la glosa que acaba proponiendo esa lectura, ese término – y precisamente él – desaparece por inútil e impreciso? En resumen, la lectura espontánea y erudita de “étant donné” multiplica “étant” y olvida enteramente “donné”.

Así pues, tenemos que renunciar a esa lectura y leer “étant donné” tal y como se da a la reflexión: sin artículo añadido, “étant” debe tomarse como un verbo; y un verbo que trabaja para otro (un verbo auxiliar), puesto que realiza lo que, desde ese momento, resulta finalmente “donné”. “Étant donné” indica que “le donné” [lo dado] se ha dado ya perfecta e irrevocablemente – , como “étant fait” [habiendo sido hecho] afirma que el hecho se ha hecho [2], “étant acquis” [habiendo sido obtenido] que lo obtenido se ha obtenido definitivamente, o “étant dit” [habiendo sido dicho], que lo dicho adquiere el rango de promesa, etc. En ese caso, “étant” prepara “donné”, que lo cumple y le confiere la fuerza de un hecho consumado – en inglés, to enforce. O aún más: no considerándose más que como el auxiliar, “étant”, como verbo, bascula y desaparece en el “donné” porque sólo intenta reforzarlo; “étant” afianza el hecho del “donné” y se apoya ahí enteramente. “Étant donné” – lo dado se da de jacto y atesta así su donación. “Étant donné” no conduce lo dado al rango de un ente aún mal nombrado, ni lo inscribe en la supuesta enticidad [étantité] normativa, sino que lo descubre como algo dado, que no debe nada a nadie, dado en tanto que dado, que obedece a la donación e incluso utiliza para ello “siendo” [étant]. Con un mismo gesto, lo dado conquista su donación y el ser (étant en el sentido verbal) desaparece así cumpliéndose. Aquí, lo dado despliega pues verbalmente, en él, su donación – lo que llamaremos el pliegue de lo dado –, y el ser auxiliar se somete a la donación, sirviéndola. “Étant donné” anuncia lo dado en tanto que dado.

"Étant donné” retoma así la cuestión que nos planteábamos con Reducción y donación. Investigaciones sobre Husserl  , Heidegger y la fenomenología en 1989. Intentábamos en aquel momento proceder a un simple examen histórico del desarrollo del método fenomenológico: surgimiento en Husserl de la reducción en la objetidad [objectité], viraje de la reducción a la enticidad con vistas a acceder al ser del ente para el Dasein   en Heidegger y, finalmente, la posibilidad de radicalizar la reducción pura a lo dado en cuanto tal. Todo esto nos había parecido imponerse casi banalmente siguiendo la lectura de los textos canónicos. Sin duda, el privilegio finalmente otorgado a la donación podía sorprender – pero, ¿no se trataba, a fin de cuentas, de la simple traducción de un concepto redundante en Husserl (Gegebenheit  )? En cuanto a saber si podíamos o no recibirío, esta cuestión no habría tenido nunca – en principio   – que depender de la etiqueta de los prejuicios del pensamiento, ni de los modales ideológicos, sino de las exigencias de la cosa misma. Sin duda también, la posibilidad de una “tercera reducción” podía sorprender – pero si, en definitiva, la reducción trascendental de Husserl tenía lugar en el horizonte de la objetidad, si la reducción existencial de Heidegger se desplegaba en el horizonte del ser, ¿no debíamos, desde el momento en que ya no bloqueábamos la reducción al objeto o al ente, designarla específicamente como la tercera, dirigida a lo puro dado? De esta manera, nos parecía estar trabajando casi como un historiador de la filosofía, aplicándonos a la historia de la fenomenología.

Original

« Axiome : nous ne pouvons rien savoir par nous-mêmes, tout savoir authentique doit nous être donné. » Novalis   [3].

Étant donné — la formule semble aller de soi.

L’entente spontanée s’y allie facilement à la lecture savante pour y ajouter un article au premier mot, en sorte de lire « l’étant donné », en considérant « [l’]étant » comme un substantif, pour simplement conclure que ce qui est, à savoir l’ens des philosophes ou, selon un vieux mot français, l’étant [4], se trouve aussi donné ; un étant — en d’autres termes, un donné. Bref, la formule énoncerait seulement qu’il y a de l’étant plutôt que rien ; ainsi, la lecture commune, savante et spontanée à la fois, ne comprend dans « étant donné » que ce que la métaphysique peut en dire. Par quoi non seulement cette lecture n’en ht pas vraiment la lettre, mais elle s’expose à l’incohérence. Car, si l’on admet que c’est l’étant (au sens nominal) qui se trouve donné et rien de plus, pourquoi ne pas dire simplement et métaphysiquement que « l’étant est », voire que « l’étant est donné »? Pourquoi au contraire juxtaposer sans transition, ni article, ni copule, les termes « étant » et « donné » ? « Donné » équivaut-il banalement à une explicitation de « est donné », comme « étant » à une explicitation de « l’étant est » ? Bref « étant donné » glose-t-il seulement l’étrange et double tautologie [6] « l’étant — ce qui — est »? S’il ne s’agissait que de cela, pourquoi n’avoir pas dit, comme la philosophie   le redit fidèlement depuis Parménide  , que l’étant est — ἐὸν ἒμμεναι [5] ? Et s’il s’agit de cela, pourquoi la formule a-t-elle recours à « donné », puisque, dans la glose à laquelle aboutit cette lecture, ce terme — et lui seul — disparaît comme inutile et imprécis? Bref, la lecture spontanée et savante d’« étant donné » démultiplie « étant » et oublie entièrement « donné ».

Il faut donc y renoncer et lire « étant donné » comme, à la réflexion, il se donne: sans article ajouté, « étant » doit se prendre pour un verbe; et un verbe qui travaille pour un autre (verbe auxiliaire), puisqu’il met en œuvre ce qui, dès lors, s’avère à la fin « donné ». « Étant donné » indique que le donné s’est bel et bien déjà et irrévocablement donné —, comme « étant fait » affirme que le fait s’est fait [6], « étant acquis », que l’acquis est définitivement acquis, ou « étant dit », que le dit a rang de promesse, etc. Ici « étant » prépare « donné », qui l’accomplit et lui confère la force d’un fait accompli — to enforce dit l’anglais. Plus encore: ne s’en considérant que comme l’auxiliaire, « étant », à titre de verbe, bascule et disparaît dans le « donné », parce qu’il ne vise qu’à le renforcer; « étant » pose le fait du « donné » et s’y dépose tout entier. « Étant donné » — le donné se donne de fait et atteste ainsi sa donation. « Étant donné » ne reconduit pas le donné au rang d’un étant encore mal nommé, ni ne l’inscrit dans l’étantité supposée normative, mais le découvre comme un donné, qui ne doit rien à personne, donné en tant que donné, qui s’ordonne à la donation et y emploie même « étant ». Du même geste, le donné conquiert sa donation et l’être (étant verbal) y disparaît en s’y accomplissant. En effet, ici, le donné déplie verbalement en lui sa donation — ce que nous nommerons ce pli du donné —, et [7] l’être auxiliaire se range à la donation, qu’il sert. « Étant donné » dit le donné en tant que donné.

« Étant donné » reprend donc la question que nous posions avec Réduction et donation. Recherches sur Husserl, Heidegger et la phénoménologie en 1989. Nous ne pensions alors que procéder à un simple examen historique du développement de la méthode phénoménologique : surgissement de la réduction dans l’objectité chez Husserl, virage de la réduction à l’étantité en vue d’accéder à l’être de l’étant pour le Dasein avec Heidegger, possibilité enfin de radicaliser la réduction pure au donné comme tel. Ceci nous avait semblé s’imposer presque banalement à la lecture des textes canoniques. Sans doute, le privilège finalement accordé à la donation pouvait surprendre — mais ne s’agissait-il pas, après tout, que de la simple traduction d’un concept redondant chez Husserl (Gegenbenheit) ? Quant à savoir si l’on pouvait ou non le recevoir, cette question n’aurait jamais dû — en principe — dépendre de l’étiquette de la pensée reçue, ni des bonnes manières idéologiques, mais des exigences de la chose même. Sans doute aussi, la possibilité d’une « troisième réduction » pouvait étonner — mais enfin, si la réduction transcendantale de Husserl se jouait bien dans l’horizon   de l’objectité, si la réduction existentiale de Heidegger se déployait dans l’horizon de l’être, ne devait-on pas, dès lors qu’on ne bloquait plus la réduction sur l’objet ou sur l’étant, la désigner spécifiquement comme la troisième, ordonnée au pur donné ? Nous pensions ainsi avoir travaillé presque en historien de la philosophie, appliqué à l’histoire de la phénoménologie.


Ver online : Jean-Luc Marion


MARION, J.-L. Étant donné: essai d’une phénoménologie de la donation. 2e. ed. Paris: PUF, 1998.


[1Poema, Fragmento 6, Die Fragmente der Vorsokratiker (ed. Diels-Kranz), Zürich, 1966 12, t. 2, p. 232. Se traduce: “Nécessaire est ceci: dire et penser de l’étant l’être” (tr. de J. Beaufret, París, 1955, p. 81) o, más claramente, “il faut dire et penser l’étant être” (tr. de M. Conche, París, 1996, p. 102) [tr. esp.: Los filósofos presocráticos, G. S. Kirk, J. E. Raven y M. Schofield, Credos, 1994, p. 356. Una posible traducción en castellano: “Es menester decir y pensar del ente ser"].

[2Shakespeare, W: “I have done the deed”, Macbeth, 11, 2, The Yale Shakespeare (ed. W L. Cross, T. Brooke), Nueva York, 1993, p. 1133.

[3Novalis, Brouillon général, § 902, in Schriften (éd. P. Kluckhon, R. Samuel), Stuttgart, 1960, t. 3, p. 441.

[4Faut-il rappeler encore que le terme d’étant (ignoré des dictionnaires Littré, Lalande et Robert) apparaît au moins chez Scipion Dupleix, La Logique ou art de discourir et raisonner, Paris, 1603, 1, 7 (éd. R. Ariew, Paris, 1984, p. 45 et passim).

[5Poème, fragment 6, Die Fragmente der Vorsokratiker (éd. Diels-Kranz), Zürich, 1966’2, t. 2, p. 232. On traduit: « Nécessaire est ceci: dire et penser de l’étant l’être » (tr. J. Beaufret, Paris, 1955, p. 81) ou, plus net, « Il faut dire et penser l’étant être » (tr. M. Conche, Paris, 1996, p. 102).

[6Shakespeare : « I have done the deed », Macbeth, II, 2, The Yale Shakespeare (éd. W. L. Cross, T. Brooke), New York, 1993, p. 1133.