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Henry (PV2:25-26) – subjetividade

quinta-feira 23 de novembro de 2023

tradução parcial

Por "subjetividade" entendemos aquilo que se experiencia a si mesmo. Não algo que também tem a propriedade de se experienciar a si mesmo, mas o próprio facto de se experienciar a si mesmo considerado em si mesmo e como tal. Experienciar-se a si mesmo significa aparecer a si mesmo, mas de tal modo que esse aparecer tem o sentido de uma experiência e de ser uma; de tal modo também que o que aparece não é outra coisa, enquanto subjetividade, senão o próprio aparecer, é sempre e unicamente como um aparecer a si mesmo do aparecer que a subjetividade se constrói interiormente e desdobra a sua essência.

Original

Par « subjectivité » nous entendons ce qui s’éprouve soi-même. Non pas quelque chose qui aurait, de plus, cette propriété de s’éprouver soi-même mais le fait même de s’éprouver soi-même considéré en lui-même et comme tel. S’éprouver soi-même, cela veut dire s’apparaître à soi-même, de telle manière toutefois que cet apparaître ait le sens d’une épreuve et qu’il en soit une ; de façon aussi que, ce qui apparaît n’étant rien d’autre, en tant que subjectivité, que l’apparaître lui-même, c’est toujours et uniquement comme un s’apparaître à soi de l’apparaître que la subjectivité se construit intérieurement et déploie son essence.

Constamment je fais l’épreuve du monde, je fais l’épreuve de ce sol sur lequel mon pied se pose. Mais le sol, lui, ne s’éprouve pas lui-même, il n’est rien pour lui et ainsi il n’est rien. C’est seulement en moi et pour moi que le monde apparaît et qu’il m’est donné. La subjectivité est ce qui me donne le monde à chaque instant et, si nous entendons par monde le tout de ce qui est, elle est le fondement de toutes choses, l’absolu auquel elles renvoient toutes et sans lequel elles ne seraient pas.

Dans la mesure où la subjectivité fait l’épreuve du monde, où, plutôt, elle est cette épreuve, elle n’est pas seulement la pure et simple épreuve de soi, l’auto-affection muette en laquelle il n’y a pour elle rien d’autre qu’elle : il y a aussi pour elle le monde. Sans doute n’éprouvons-nous le monde que sur le fond en nous de cette première épreuve de soi qu’est la subjectivité absolue. La question se pose néanmoins de savoir comment et pourquoi il y a une double épreuve, celle que la subjectivité fait du monde et, d’autre part, celle qu’elle fait d’elle-même, deux affections en quelque sorte, et de comprendre le rapport qui les unit. Une élucidation radicale du concept d’affection peut seule nous éclairer ici. Il s’agit de savoir ce que signifie dans chaque cas « éprouver », « être affecté par » et, pour autant que cette épreuve ou cette affection consiste dans l’apparaître lui-même, c’est la nature de celui-ci qu’il convient d’interroger.

Ainsi se propose la tâche de la phénoménologie. Son objet n’est pas l’ensemble des phénomènes, dont s’occupent les sciences, mais ce qui leur permet chaque fois d’être tels, le mode de leur donation, la subjectivité. Avec la phénoménologie la philosophie   conquiert son objet propre, elle est la philosophie de la subjectivité et se distingue de cette façon de toutes les autres sciences, notamment de la psychologie  , laquelle croit parler elle aussi de la subjectivité mais, la traitant comme quelque chose qui est (et qui a, par suite, des rapports avec le reste de l’être, avec l’organisme, le monde extérieur, le milieu   social, etc.) et non pas comme la condition de tout être possible, elle la manque dans le principe.


Ver online : Michel Henry


HENRY, M. Phénoménologie de la vie II. De la subjectivité. 1re éd ed. Paris: PUF, 2003, p. 25-26