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Proximité et distance

Fink (1994b:228-230) – instalação (Einrichtung)

Rapport au monde et compréhension de l’être

segunda-feira 12 de junho de 2023, por Cardoso de Castro

Le processus   fondamental de notre Dasein   que nous pouvons nommer «installation» (Einrichtung  ), signifie l’auto-établissement de l’homme qui comprend l’être au sein   de l’étant compris, il détermine notre rapport au monde, notre commerce avec nous-mêmes et toutes les choses rencontrées. L’installation de l’existence humaine dans le monde s’accomplit en beaucoup de dimensions, elle peut apparaître à même des phénomènes de différentes structures.

[…] Ce qu’il s’agit de savoir, c’est si la compréhension humaine de l’être et du monde est co-déterminée par des horizons de sens qui amènent avec eux les phénomènes d’existences évoqués. Le monnayage de tels horizons de sens en des modes de pensées fixes et des modèles praticables reste toujours le thème d’une prise de conscience critique et méfiante. Mais cette entreprise dans laquelle la philosophie   scie toujours à nouveau la branche sur laquelle elle est assise est sa négativité spécifique envers elle-même.

L’homme se voit dans le recul à partir des choses, il se situe dans l’espace, prend son temps, il détermine sa place dans le cosmos, dans le domaine des vivants, il se hisse au-dessus des plantes et des animaux, dispose dans son agir de tout ce dont il peut avoir besoin et qu’il peut utiliser, s’intégre à des institutions, règle sa vie, se meut dans des rôles, surplombe du regard ce qui est présent, scrute l’avenir, le possible, conserve ce qui a été dans la mémoire de l’individu et des peuples, vient de la tradition   dans le libre champ de la décision où il se choisit avec tout ce qu’il choisit, va de l’avant en projets et desseins, donne forme à son Dasein   en travaillant, en combattant, en aimant et en jouant, «s’installe» (richtet sich ein) au milieu   de l’étant. Sur le sol de la nature, il bâtit la maison de son séjour mondain, s’établit parmi les choses comme celui qui se connaît lui-même et toutes les autres choses, qui n’a dans sa conscience de soi [229] aucune possession tranquille, mais bien plutôt l’aiguillon de l’inquiétude, un élément dérangeant, qui à chaque fois chasse le Dasein qui comprend, connaît le monde, chasse le Dasein satisfait, ordonné, fermement établi dans un rôle hors de la compréhension et de la connaissance du monde qu’il a risquées, l’expulse hors de la paix, de l’ordre et des rôles, institutionnels, le poursuit dans toutes ses certitudes présumées et lui fait se cogner la tête sur la question du vrai. La vérité humaine est en soi inapaisée ; notre esprit, notre raison n’est pas une douce lumière qui éclaire notre chemin ; ils ressemblent bien plutôt à une lanterne qui se consume elle-même dans la nuit du monde. Un trait du négatif accompagne tout ce qui est humain. Le processus   fondamental de notre Dasein que nous pouvons nommer «installation» (Einrichtung  ), signifie l’auto-établissement de l’homme qui comprend l’être au sein   de l’étant compris, il détermine notre rapport au monde, notre commerce avec nous-mêmes et toutes les choses rencontrées. L’installation de l’existence humaine dans le monde s’accomplit en beaucoup de dimensions, elle peut apparaître à même des phénomènes de différentes structures. La manière dont l’homme s’en prend à l’état sauvage de la terre, prend place et possession des choses, comment il devient sédentaire, s’enracine dans le sol, nous est familière comme phénomène culturel élémentaire, familière en tant qu’installation du genre humain sur le sol naturel, en tant qu’établissement dans lequel se réunissent les phénomènes de fond de la co-existence : le travail fonde et aménage, bâtit maison, foyer, et demeure, procure ameublement, appareils, outils, machine, nourriture — la guerre fonde les Etats et les conserve — les amants fondent le lien d’amour, le foyer, la famille — le jeu célèbre, embellit la fête et le quotidien. L’«installation» est également devenue un modèle de la compréhension du monde. La philosophie antique opère avec la pensée de la diakosmesis, de l’installation du monde, de l’ordonnancement du tout de tout étant dans un ajointement qui est beau et rationnel, cosmos, au sens de tout du monde, comporte aussi quelque chose de l’éclat du mot d’après lequel cosmos signifie parure. Dans le phénomène d’ensemble de l’installation culturelle de l’homme se trouvent tous les phénomènes qui ont été posé au départ par la tradition comme phénomènes rendant compréhensible l’étant : la fabrication [230] comme technè, l’engendrement, la genèse, la guerre, le combat des différences élevés au rang de pater panton, l’éclaircie, la production prométhéenne du feu par l’homme, laquelle imite le soleil et l’éclair. L’installation est cependant pensée de manière trop limitée et trop superficielle, lorsque nous ne la considérons que comme un assemblage d’activités humaines qui justement présupposent déjà la vision du monde. L’homme n’est pas d’abord un être qui regarde et qui ensuite agit ; il existe dans l’unité de la vision et de l’action, dans l’unité de la compréhension de l’être et de la réalisation effective de l’être (Seinsverwirklichung). Nous ne sommes jamais un sujet qui aurait pour «objet» le monde en totalité, nous ne pouvons en aucune manière le «mettre de côté», le poser d’un côté et nous là-devant, comme si nous étions les spectateurs extra-mondains du monde. Le «théâtre du monde» n’a pas de public qui serait distinct des acteurs — ici tous prennent part au jeu. Nous venons au monde dans le monde et quittons le monde dans le monde. C’est seulement dans la région englobante du monde que nous rencontrons les objets, que nous nous tenons comme sujets face aux objets. Nous sommes les «prisonniers», physiquement et spirituellement — nous existons dans de multiples relations au monde et nous nous comprenons cosmiquement et le cosmos humainement. Peut-être même d’une manière «trop humaine», quand nous tenons avec une unilatéralité opiniâtre à certaines figures mondaines de la compréhension de l’être, croyant devoir donner à l’esprit étranger au travail de l’antique theoria   ou au travail moderne une primauté exclusive, to on legetai pollachos, l’étant se dit de multiples manières : cette proposition d’Aristote   vise une multiplicité ontologique, selon les dix catégories, selon dynamis   et energeia, selon le contingent et selon le vrai. Au-delà, l’étant est cependant aussi vécu, dans l’horizon   du monde, dans des voies de compréhensions qui s’exposent dans la «langue» de la guerre, du jeu, du culte des morts, de l’amour et du travail.


Ver online : Eugen Fink