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Fink (1966b:228-230) – O homem sempre escolhe a si próprio

segunda-feira 11 de dezembro de 2023, por Cardoso de Castro

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[…] O homem realiza-se escolhendo-se a si próprio de muitas maneiras diferentes ao longo da sua vida: sempre que escolhe, acaba por escolher apenas a si próprio. Nas decisões da sua liberdade, ele determina a sua individualidade. Ignoramos aqui o fato de a ação da liberdade humana pressupor uma base que não pode ser escolhida, que é, por assim dizer, irrigada pela herança que nos foi legada pela natureza e que temos de aceitar. De fato, não podemos entrar em disputa com a natureza sobre os "dons", grandes e pequenos, que ela nos deu para nos acompanhar ao longo da vida. Ela deixa-nos à nossa sorte, e cabe-nos a nós "aproveitar o talento que nos foi confiado". A partir daí, escolhemo-nos a nós próprios nas ações que praticamos, mas também nas nossas omissões e falhas. Tornamo-nos cada vez mais a obra dos nossos atos e dos nossos erros. Nas decisões da nossa própria liberdade, definimo-nos, determinamo-nos, escolhemos uma determinada realidade de entre as muitas possibilidades que se nos abrem. Podemos, sem dúvida, reverter decisões que já tomámos, transformar antigas determinações em novas, mas apenas de forma a determinarmo-nos, a definirmo-nos de novo. Em cada ato de livre escolha, fixamo-nos numa forma habitual da vontade. Nas ações de liberdade, criamos o estilo de uma conduta de vida auto-responsável. Não podemos realmente livrar-nos dele a toda a hora, não podemos realmente fugir de nós próprios e livrar-nos do peso da nossa própria responsabilidade, não podemos realmente saltar as nossas ações, mas podemos realmente fazer tudo isto de uma "forma irreal", isto é, no jogo. O jogo liberta-nos temporariamente da história das nossas ações, liberta-nos do trabalho da liberdade e devolve-nos uma irresponsabilidade que experimentamos com prazer. Sentimos a abertura da vida, a ausência de limites, a vibração na abundância das possibilidades, sentimos o que "perdemos" na ação que decide, sentimos o jogo no coração da liberdade, a irresponsabilidade na origem de toda a responsabilidade.

Hildenbrand & Lindeberg

[…] L’homme se réalise en se choisissant de multiples façons au cours de sa vie : toujours quand il choisit, il ne choisit en fin de compte que lui-même. Dans les décisions de sa liberté il détermine son individualité. Nous faisons abstraction ici du fait que l’action de la liberté humaine suppose une base que l’on ne peut pas choisir, qui est comme irriguée par l’héritage que nous lègue la nature et qu’il nous faut accepter. En effet, nous ne pouvons pas entrer en contestation avec la nature au sujet des « dons », grands et petits, qu’elle nous donnés en cadeau pour qu’ils nous accompagnent au cours de notre vie. Elle nous abandonne à nous-mêmes, et il dépend de nous de « faire valoir le talent qu’on nous a confié ». Dès lors, nous nous choisissons dans les actions que nous accomplissons mais également dans nos omissions et dans nos manquements. [229] Nous devenons toujours plus l’œuvre de nos faits et méfaits. Dans les décisions de notre propre liberté, nous nous définissons, nous nous déterminons, nous choisissons une réalité particulière parmi les multiples possibilités ouvertes. Sans doute pouvons-nous annuler des décisions prises antérieurement, transformer de vieilles déterminations en de nouvelles décisions, mais seulement de telle manière que nous nous déterminons, nous nous définissons une fois de plus. Dans chaque acte de libre choix, nous nous fixons en une forme habituelle de la volonté. Dans les actions de la liberté, nous créons le style d’une conduite de la vie responsable d’elle-même. Cette forme obtenue et créée par nous-mêmes, nous ne pouvons pas nous en défaire réellement à tout moment, nous ne pouvons réellement échapper à nous-mêmes et nous débarrasser du poids de notre propre responsabilité, nous ne pouvons réellement sauter nos actions, mais nous pouvons faire tout cela réellement d’une « manière irréelle », c’est-à-dire dans le jeu. Le jeu nous dégage temporairement de l’histoire de nos actions, nous libère de l’œuvre de la liberté, nous rend une irresponsabilité que nous vivons avec plaisir. Nous sentons une ouverture de la vie, un illimité, une vibration dans une foison de possibilités, nous sentons ce que nous « perdons » dans l’action qui décide, nous sentons ce qu’il y a de ludique dans le fond de la liberté, ce qu’il y a d’irresponsable à l’origine de toute responsabilité. Et ainsi nous touchons en nous-mêmes à la profondeur l’être lié au monde en nous, nous touchons au fond qui joue de l’être de toutes les choses, de tous les étants. L’« ambiguïté » d’une telle caractérisation repose sur l’enchevêtrement inévitable du réel et de l’irréel. Le jeu nous libère de la liberté, mais d’une « manière irréelle ». Et cependant cette « irréalité » du jeu est un rapport essentiel de l’homme avec le monde. Dans le médium de 1’« irréalité », le tout qui produit tout apparaît à l’intérieur de lui-même. La représentation symbolique du tout universel au milieu   des choses ne peut pas être une chose massivement réelle ou une action massivement réelle; la lumière du monde ne peut jaillir en elle-même que si le monde pénètre dans l’ambiguïté mystérieuse du jeu, dans son irréalité réelle. Le monde apparaît dans l’apparence du jeu : il se reflète en lui-même par le fait qu’un comportement intramondain prend, serait-ce sous une forme irréelle, les traits du tout agissant. Le reflet du monde en lui-même, dans un intramondain déterminé, dans l’homme qui imite pour ainsi dire le monde : l’homme qui est comme « tout-puissant », comme « irresponsable », qui est pour ainsi [230] dire à la fois dans toutes les possibilités; vu à partir du cosmos, ce reflet est la même chose que ce que nous avons nommé, du point de vue de l’homme, l’extase visant le tout du monde.


Ver online : Eugen Fink


[FINK, Eugen. Le jeu comme symbole du monde. Tr. Hans Hildenbrand & Alex Lindenberg. Paris: Minuit, 1966, p. 228-230]