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Birault (1978:475-477) – Licht - Lichtung

sexta-feira 22 de dezembro de 2023, por Cardoso de Castro

destaque

Na sua plenitude ou positividade, a palavra veritas não apresenta qualquer vestígio da estrutura inicialmente "privativa" e "segunda" da palavra grega ά-λήθεια. Tradução, traição, disfarce. Mais do que a ignorância humana de uma parte sombria da qual a verdade procede e que arrasta sempre consigo, a dissimulação e a auto-dissimulação da dissimulação, o esquecimento que se faz esquecer. É assim que a metafísica experimenta o ser como luz e como fonte de luz. É assim que determina correlativamente a essência do homem e do pensamento no homem como lumen naturale   ou lumen rationale. A metáfora da luz é ilusória, mas esta ilusão "transcendental  " (porque é o próprio fato da transcendência) é originariamente constitutiva da metafísica como um dom do ser fatalmente aberrante. Toda a metáfora é metafísica. Toda a metafísica é metafórica. Aquilo a que chamamos a luz do ser é, na verdade, uma clareira sombria: a clareira da dimensão necessária à presença de todas as coisas existentes. Concebida como iluminação e clareamento, a verdade poda ou apara o que é precisamente o mundo. Aqui é notável a substituição do substantivo die Lichtung   pelo que Heidegger tinha originalmente chamado das Licht. Das Licht é a luz, die Lichtung é a iluminação que abre ou liberta este aberto dentro do qual [476] todo o ser se mostra "descoberto". A sombra e a luz, o claro e o escuro, mas também o silêncio e a fala e, finalmente, toda a ausência e toda a presença jogam-se na clareira do ser: pressupõem-na, não a podem substituir, e muito menos estabelecê-la.

Mais uma vez, Heidegger recorda a linguagem dos silvicultores. "Waldlichtung — a limpeza da floresta — é vivida em contraste com uma floresta densa ou espessa, aquilo a que o alemão antigo chama Dickung. O substantivo Lichtung refere-se ao verbo lichten. O adjetivo licht é a mesma palavra que leicht   (leve). Etwas lichten significa iluminar algo, torná-lo livre e aberto, por exemplo, limpar uma floresta de árvores. O espaço livre que surge desta forma é Lichtung. O que é licht no sentido de livre e aberto não tem nada em comum, quer do ponto de vista da palavra quer do ponto de vista da coisa, com o adjetivo licht que significa claro ou luminoso. É preciso ter cuidado para perceber a diferença entre Lichtung e Licht. No entanto, continua a existir a possibilidade de uma ligação efectiva entre as duas coisas. A luz pode, de fato, visitar a Lichtung, a clareira, no que ela tem de aberto, e deixar jogar nela o claro com o escuro. Mas nunca é a luz que cria primeiro a Lichtung; pelo contrário, é a luz que pressupõe a Lichtung. No entanto, a abertura da Lichtung não é apenas livre para a luz e para a sombra, mas também para o som que ressoa e se perde, para a voz que ressoa e se expira. A Lichtung é a abertura para toda a presença e ausência" [Heidegger, Zur Sache   des Denkens. Das Ende   der Philosophie   und die Aufgabe des Denkens, p. 72. A Lichtung é, de facto, o dia. Mas o dia não tem primeiro e apenas um significado diurno. A noite não é menos dia do que o próprio dia. Dar o dia é dar a noite e o dia, é dar à luz. Inversão da relação habitual: já não se trata de pensar a luz como fonte de claridade, mas, pelo contrário, a des-claração da claridade como espaço ou palco de todos os jogos de luz e sombra]].

original

Dans sa plénitude ou dans sa positivité, le mot veritas ne porte nulle trace de la structure initialement « privative » et « seconde » du mot grec ά-λήθεια. Traduction, trahison, travestissement. Méconnaissance plus qu’humaine d’une part d’ombre dont la vérité procède et qu’elle traîne toujours avec elle, dissimulation et autodissimulation de la dissimulation, oubli qui se fait lui-même oublier. C’est ainsi que la métaphysique expérimente l’être comme lumière et comme source de lumière. C’est ainsi qu’elle détermine corrélativement l’essence de l’homme et de la pensée en l’homme comme lumen naturale ou lumen rationale. La métaphore de la lumière est illusoire, mais cette illusion   « transcendantale » (parce qu’elle est le fait de la transcendance elle-même) est originairement constitutive de la métaphysique comme donation fatalement aberrante de l’être. Toute métaphore est métaphysique. Toute métaphysique est métaphorique. Ce que nous appelons la lumière de l’être est, en vérité, une clairière ombragée : le dégagement de la dimension nécessaire à la présence de toutes les choses existantes. Conçue comme éclairement et comme allégement, la vérité élague ou émonde ce qui est précisément le monde. Remarquable est ici la substitution du substantif die Lichtung à ce que Heidegger avait d’abord appelé das Licht. Das Licht est la lumière, die Lichtung est l’éclairement qui ouvre ou libère cet ouvert à [476] l’intérieur duquel tout étant se montre « à découvert ». L’ombre et la lumière, le clair et l’obscur, mais aussi le silence et la parole, et finalement, toute absence et toute présence se jouent dans la clairière de l’être : ils la présupposent, ils ne sauraient la remplacer ni encore moins l’instaurer.

Une fois de plus, Heidegger se souvient aujourd’hui du langage des forestiers. « La Waldlichtung — la clairière en forêt —· est expérimentée par contraste avec une forêt épaisse ou dense, ce que l’allemand plus ancien appelle Dickung. Le substantif Lichtung fait référence au verbe lichten. L’adjectif licht est le même mot que leicht (léger). Etwas lichten signifie : alléger quelque chose, le rendre libre et ouvert, par exemple, dégager en un lieu la forêt, la désencombrer de ses arbres. L’espace libre qui apparaît ainsi est la Lichtung. Ce qui est licht au sens de libre et d’ouvert, n’a rien de commun, ni du point de vue du mot ni du point de vue de la chose, avec l’adjectif licht qui signifie clair ou lumineux. Il faut y prendre garde pour bien comprendre la différence, entre Lichtung et Licht. Néanmoins, la possibilité demeure d’une connexion effective entre les deux choses. La lumière peut, en effet, visiter la Lichtung, la clairière, en ce qu’elle a d’ouvert, et laisser jouer en elle le clair avec l’obscur. Mais ce n’est jamais la lumière qui crée d’abord la Lichtung; c’est au contraire celle-là, la lumière, qui présuppose celle-ci, la Lichtung. Cependant, l’ouvert de la Lichtung n’est pas libre seulement pour la lumière et pour l’ombre, mais aussi bien pour le son qui résonne et qui se perd, pour la voix qui retentit et qui expire. La Lichtung est l’ouvert pour toute présence et absence. » [1]

Parce que la vérité livre et délivre l’espace où peut apparaître tout ce qui vient à être, elle est déjà la liberté elle-même entendue comme le laisser-être de l’étant. Fondamentale ou fondatrice par rapport à ce que présuppose la justesse ou la vérité « dérivée » de la proposition, la liberté trouve son essence propre dans l’essence plus originelle de la seule vérité essentielle. La formule déjà citée du § 3 de Vom Wesen   der Wahrheit  : « L’essence de la vérité est la liberté » demande donc à être immédiatement rapprochée de celle du § 4 concernant l’essence de la liberté : « La liberté ne peut être le fondement de la possibilité interne de la justesse que parce qu’elle [477] reçoit son essence propre de l’essence plus originelle de la seule vérité essentielle. » [2] A un certain degré de profondeur, il ne s’agit plus de savoir si la liberté est le fondement de la vérité ou la vérité, au contraire, le fondement de la liberté. Il s’agit bien plutôt d’expérimenter l’affinité essentielle de l’une avec l’autre. Cependant, la possibilité même d’une telle expérience exige que soient d’abord écartées toutes les représentations logiques de la vérité et anthropologiques de la liberté. Libre, avant tout, est ce qui est ouvert, ce qui ne rencontre ou ne connaît aucun obstacle, ce qui est sans entraves. Ainsi, quand nous disons que la voie est libre ou lorsque nous parlons de la chute libre des corps. Dans tout cela, la liberté n’est pensée ni en termes de contingence, ni en termes de nécessité, ni en termes de spontanéité. Elle n’est pas une qualité de la volonté, elle n’est pas non plus l’essence de l’homme. Donnons une nouvelle fois la parole à Heidegger : « L’essence de la liberté, est-il dit dans Vorträge und Aufsätze, n’est pas originairement ordonnée à la volonté ni encore moins à la seule causalité du vouloir humain. La liberté régit tout ce qui est libre au sens de ce qui est éclairé, c’est-à-dire dévoilé. L’avènement du dévoilement, c’est-à-dire de la vérité, est donc ce avec quoi la liberté se tient dans la plus étroite et la plus intime parenté. » [3]

Étrangère à la volonté et à la causalité du vouloir, la liberté n’est pas en notre pouvoir. Elle dispose de nous bien avant que nous ne disposions d’elle. Elle s’impose à nous comme une donnée irréductible à toutes les données de l’expérience externe ou interne. Elle nous expose à ce qui est au-delà de tout étant, au néant, au rien. Rien — nous voulons dire aucune chose — n’est fatal, mais il y a une fatalité du rien, c’est-à-dire de l’être se différenciant de tout ce qui est. La liberté ne s’oppose pas au destin comme on le croit communément. Elle est le destin lui-même, le destin de la liberté tenant ou recevant son être propre « de la seule vérité essentielle ». Qu’est-ce donc que cette vérité? Elle est le surgissement ou la production de l’être libérant l’étant dans son être-libre ou dévoilé afin qu’il puisse jouer le rôle de modèle ou de mesure pour la justesse de l’énoncé.


Ver online : Henri Birault


BIRAULT, Henri. Heidegger et l’expérience de la pensée. Paris: Gallimard, 1978


[1Heidegger, Zur Sache des Denkens. Das Ende der Philosophie und die Aufgabe des Denkens, p. 72. La Lichtung est bien le jour. Mais le jour n’a pas d’abord et seulement une signification diurne. La nuit n’est pas moins jour que le jour lui-même. Donner le jour est donner la nuit aussi bien que le jour, mettre au monde. Renversement de la relation habituelle : ne plus penser la; lumière comme source de la clarté, mais au contraire la dé-claration de la clarté comme l’espace ou la scène de tous les jeux d’ombre et de lumière.

[2Heidegger, Wegmarken. Vom Wesen der Wahrheit, § 4, p. 83 : « die Freiheit ist nur deshalb der Grund der inneren Möglichkeit der Richtigkeit, weil sie ihr eigenes Wesen aus dem ursprünglicheren Wesen der einzig wesentlichen Wahrheit empfängt. »

[3Heidegger, Vorträge und Aufsätze, p. 32-33 : « Das Wesen der Freiheit ist ursprünglich nicht dem Willen oder gar nur der Kausalität des inenschlichen Wollens zugeordnet. Die Freiheit verwaltet das Freie im Sinne des Gelichteten, d. h. des Eniborgenen. Das Geschehnis des Entbergens, d. h. der Wahrheit, ist es, zu dem die Freiheit in der nächsten und innigsten Verwandtschaft steht. »