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Sein und Zeit

Être et temps : § 66. La temporalité du Dasein et la tâche qu’elle impose d’une répétition plus originaire de l’analyse existentiale.

Ser e Tempo

quinta-feira 17 de julho de 2014, por Cardoso de Castro

Vérsions hors-commerce:

MARTIN HEIDEGGER, Être et temps, traduction par Emmanuel Martineau  . ÉDITION NUMÉRIQUE HORS-COMMERCE

HEIDEGGER, Martin. L’Être et le temps. Tr. Jacques Auxenfants  . (ebook-pdf)

Le phénomène libéré de la temporalité n’exige pas seulement d’être confirmé de manière plus large en sa puissance constitutive, mais encore c’est ainsi seulement qu’il peut venir sous le regard quant aux possibilités fondamentales de la temporalisation. Cette mise en évidence de la possibilité de la constitution d’être du Dasein   sur la base de la temporalité, nous l’appellerons brièvement - quoique aussi provisoirement - l’interprétation « temporelle ».

Notre prochaine tâche est, par-delà l’analyse temporelle du pouvoir-être authentique du Dasein et une caractérisation générale de la temporalité du souci, de rendre visible l’inauthenticité du Dasein en sa temporalité spécifique. La temporalité s’est tout d’abord manifestée dans la résolution devançante. Elle est le mode authentique de l’ouverture, qui le plus souvent se tient dans l’inauthenticité de l’auto-explicitation échéante du On. La caractérisation de la temporalité de l’ouverture en général conduit à la compréhension temporelle de l’être-au-monde préoccupé prochain, et, du même coup, de l’indifférence médiocre du Dasein, où l’analytique existentiale avait d’abord pris son point de départ [1]. Le [332] mode d’être moyen du Dasein, où il se tient de prime abord et le plus souvent, nous l’avions nommé la quotidienneté. Or, grâce à la répétition de l’analyse antérieure, il faut que se dévoile le sens temporel de la quotidienneté pour que la problématique incluse dans la temporalité vienne au jour et que l’apparente « évidence » des analyses préparatoires achève de se dissiper. La temporalité, sans doute, doit se confirmer dans toutes les structures essentielles de la constitution fondamentale du Dasein. Toutefois, cette confirmation ne conduit pas pour autant à une re-traversée schématique extérieure des analyses antérieures dans l’ordre où elles ont été accomplies. Le cours de l’analyse temporelle, qui est autrement orienté, doit préciser la cohérence des considérations antérieures et en éliminer le reste de contingence ou d’apparent arbitraire. Par ailleurs, indépendamment de ces nécessités méthodiques, apparaîtront au sein   du phénomène lui-même des motifs supplémentaires d’imposer une articulation nouvelle à notre analyse répétitive.

La structure ontologique de l’étant que je suis à chaque fois moi-même trouve son centre dans l’autonomie   de l’existence. Comme le Soi-même ne peut être conçu ni comme substance, ni comme sujet, mais se fonde dans l’existence, l’analyse du Soi-même inauthentique, du On, est restée entièrement remise à l’interprétation préparatoire du Dasein [2]. Or maintenant que l’ipséité a été expressément reprise dans la structure du souci, donc de la temporalité, l’interprétation temporelle du maintien ou de l’absence de maintien du Soi-même obtient un poids propre. Elle requiert une exposition thématique séparée. Toutefois, elle n’apporte pas seulement la bonne garantie contre les paralogismes et les questions ontologiquement inadéquates concernant l’être du Moi en général, mais en même temps, conformément à sa fonction centrale, elle procure un aperçu plus originaire dans la structure de temporalisation de la temporalité. Celle-ci se dévoile comme l’historialité du Dasein. La proposition : le Dasein est historial, se confirme comme énoncé ontologico-existential fondamental. Elle est sans commune mesure avec la constatation simplement ontique du fait que le Dasein survient dans une « histoire du monde ». Néanmoins, l’historialité du Dasein est le fondement d’un comprendre historique possible, lequel à son tour implique la possibilité d’une configuration proprement assumée de l’histoire comme science.

L’interprétation temporelle de la quotidienneté et de l’historialité fixe suffisamment le [333] regard sur le temps originaire pour mettre celui-ci même à découvert comme la condition de possibilité et de nécessité de l’expérience quotidienne du temps. Le Dasein, en tant qu’étant pour lequel il y va de son être, s’emploie, expressément ou non, primairement pour lui-même. De prime abord et le plus souvent, le souci est préoccupation circon-specte. S’employant en-vue-de lui-même, le Dasein se « consomme ». Se consommant, le Dasein use de lui-même, c’est-à-dire de son temps. Usant du temps, il compte avec lui. La préoccupation circon-spectivement calculante découvre de prime abord le temps et conduit à la formation d’un comput du temps. Le compte avec le temps est constitutif de l’être-au-monde. La découverte préoccupée de la circon-spection laisse, en comptant avec son temps, l’à-portée-de-la-main et le sous-la-main découvert faire encontre dans le temps. L’étant intramondain devient ainsi accessible comme « étant dans le temps ». La déterminité temporelle de l’étant intramondain, nous l’appelons l’intratemporalité. Le « temps » d’abord trouvé ontiquement en elle devient la base de la formation du concept vulgaire et traditionnel du temps. Cependant, le temps comme intratemporalité provient d’un mode essentiel de temporalisation de la temporalité originaire. Cette origine indique que le temps « où » le sous-la-main naît et passe est un phénomène temporel véritable et non pas l’extériorisation d’un « temps qualitatif » en espace, ainsi que veut nous le faire croire l’interprétation totalement indéterminée et insuffisante ontologiquement du temps par Bergson  .

L’élaboration de la temporalité du Dasein comme quotidienneté, historialité et intratemporalité ouvre seule un aperçu sans concessions sur les enchevêtrements d’une ontologie   originaire du Dasein. En tant qu’être-au-monde, le Dasein existe facticement avec et auprès de l’étant rencontré à l’intérieur du monde. Par suite, l’être du Dasein n’obtient sa transparence ontologique totale que dans l’horizon   de l’être - pourvu que celui-ci soit clarifié - de l’étant qui n’est pas à sa mesure, y compris de celui qui, sans être ni à-portée-de-la-main ni sous-la-main, « subsiste » simplement. Seulement, l’interprétation des modifications de l’être de tout ce dont nous disons que c’est a besoin d’une idée préalablement assez éclairée de l’être en général. Tant que celle-ci n’est pas conquise, l’analyse temporelle répétitive du Dasein demeure elle aussi imparfaite et entachée d’obscurités - pour ne point parler en détail de ses difficultés intrinsèques. L’analyse temporalo-existentiale du Dasein, enfin, requiert de son côté une répétition renouvelée dans le cadre de la discussion fondamentale du concept d’être.


Ver online : Sein und Zeit (1927), ed. Friedrich-Wilhelm von Herrmann, 1977, XIV, 586p. Revised 2018 [GA2]


[1Cf. supra, §9, p. [43].

[2Cf. §§25 sq., p. [113] sq.