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1. NIETZSCHES METAPHYSIK [GA50]

GA50:11-13 – vontade de poder

ERSTES KAPITEL Der Wille zur Macht

sábado 11 de novembro de 2023, por Cardoso de Castro

« Volonté de puissance » est sans ambiguïté le fait de tendre vers la possibilité d’exercer un pouvoir, le fait d’aspirer à la possession de la puissance.

Froidecourt

Ce que «volonté» signifie, chacun peut à n’importe quel moment en faire l’expérience par lui-même : vouloir est une manière de tendre vers quelque chose. Ce que «puissance» signifie, chacun le connaît à partir de l’expérience de tous les jours : c’est l’exercice du pouvoir [1]. Par conséquent, ce que dit en tout et pour tout la locution « volonté de puissance » est tellement clair qu’on ne voit pas pourquoi on devrait en donner une explication plus précise. « Volonté de puissance » est sans ambiguïté le fait de tendre vers la possibilité d’exercer un pouvoir, le fait d’aspirer à la possession de la puissance. De surcroît, la « volonté de puissance » exprime « un sentiment de manque ». La « volonté orientée vers » la puissance n’est pas encore à proprement parler le fait d’avoir le pouvoir, c’est-à-dire n’est pas encore « la puissance elle-même ». Ce désir, en attente de ce qui n’est pas encore, passe pour un trait « romantique ». Cependant cette volonté de puissance, comme pulsion aspirant à la prise de possession du pouvoir, est du même coup aussi la pure et simple insatiabilité de la violence. De telles interprétations de la « volonté de puissance », dans lesquelles le « romantisme » et la méchanceté sont amenés à se croiser, rabaissent la locution fondamentale de la métaphysique de Nietzsche   à la capacité d’écoute commune. Nietzsche   pense quelque chose de tout autre quand il dit « volonté de puissance ».

[18] Mais nous, comment devons-nous donc entendre la « volonté de puissance » de sorte que ce soit au sens de Nietzsche   ? La « volonté » est pourtant bien une capacité « de l’âme » que les études « psychologiques » distinguent depuis longtemps de l’« entendement » et du « sentiment ». Or Nietzsche   comprend aussi la volonté de puissance de manière « psychologique ». Mais, ce qui est essentiel à la volonté, il ne le circonscrit pas en suivant la [12] « psychologie » courante, mais, à l’inverse, il détermine ce qui est essentiel à la « psychologie » et lui assigne sa tâche en suivant ce qui est essentiel à la volonté de puissance. Nietzsche   en appelle à la psychologie comme « morphologie et doctrine du développement de la volonté de puissance » (Par-delà bien et mal, t. VII, n° 23, p. 35).

Qu’est-ce que la volonté de puissance ? Elle est « l’essence la plus profonde de l’être » (La volonté de puissance, t. XVI, n° 693, p. 156). Ce qui veut dire : la volonté de puissance est le caractère fondamental de l’étant comme tel. Ce qui est essentiel à la volonté de puissance ne peut donc être questionné et pensé que dans la perspective de l’étant comme tel, c’est-à-dire métaphysiquement. La vérité d’une telle détermination de l’étant dont le projet ouvre sur l’être au sens de la volonté de puissance a un caractère métaphysique. Elle ne tolère aucune fondation qui se rapporterait à la manière d’être et à la situation de l’étant chaque fois singulier, et cela pour la simple raison que l’étant chaque fois interpellé comme tel, c’est-à-dire comme caractérisé par la volonté de puissance, ne peut être montré que si l’étant est déjà envisagé dans un projet qui ouvre sur le caractère fondamental de la volonté de puissance comme être.

Cette projection ne serait-elle que le caprice d’un penseur isolé ? C’est ce qui paraît. Cette apparence d’arbitraire touche d’abord la présentation de ce que Nietzsche   pense quand il dit la locution « volonté de puissance ». Mais, dans les écrits qu’il a lui-même publiés, Nietzsche   a peu parlé de « volonté de puissance », ce qui indique qu’il voulait mettre à l’abri le plus longtemps possible ce qui est profondément inhérent à la vérité qu’il reconnaît concernant l’étant comme tel, et qu’il voulait placer cela sous la garde d’un dire simple [19] et unique. Dans la deuxième partie d’Ainsi parlait Zarathoustra (1883), la volonté de puissance est nommée mais sans encore ressortir comme locution fondamentale. Le titre du texte, où le regard se tourne pour la première fois complètement vers ce qui est ainsi nommé, donne une indication pour bien entendre. Dans le texte Du dépassement de soi, Nietzsche   dit : « Là où je trouvai un être vivant, je trouvai de la volonté de puissance, et même dans la volonté de celui qui sert, je trouvai la volonté d’être dominant. » D’après cela, la volonté de puissance est donc le caractère fondamental [13] du fait de « vivre ». « Vivre » : Nietzsche   l’entend uniquement comme un autre mot pour dire être. « l’“être” — nous n’en avons d’autre représentation que “vivre”. Comment quelque chose de mort pourrait-il donc “être” ? » (Volonté de puissance, t. XVI, n° 582, p. 77). Mais vouloir, c’est vouloir être dominant. Cette volonté se retrouve dans le vouloir de celui qui sert, non dans la mesure où il aspirerait en quelque sorte à se libérer du rôle de serf, mais dans la mesure où il est serf et serviteur, et où, comme tel, il a toujours quelque chose au-dessous de lui auquel il commande. Mais également dans la mesure où le serviteur comme tel se rend indispensable au souverain et où il exerce ainsi sur le maître une contrainte par le rapport qu’il a à lui, où il l’oblige à se référer à lui (le serviteur), le serviteur règne sur le souverain et être-serviteur est encore l’une des manières d’être de la volonté de puissance. « Vouloir » ne serait jamais vouloir être souverain si la volonté se bornait à souhaiter et à avoir des aspirations au heu d’être uniquement depuis son fond : commandement.

Original

Was »Wille« heißt, kann jedermann jederzeit bei sich erfahren: Wollen ist ein Streben nach etwas. Was »Macht« bedeutet, kennt jeder aus der alltäglichen Erfahrung: die Ausübung der Gewalt. Was dann vollends »Wille zur Macht« besagt, ist so klar, daß einer nur ungern diesem Wortgefüge noch eine besondere Erläuterung mitgibt. »Wille zur Macht« ist eindeutig ein Streben nach der Möglichkeit der Gewaltausübung, ein Streben nach Machtbesitz. Der »Wille zur Macht« drückt noch »ein Gefühl des Mangels« aus. Der »Wille zur« Macht ist noch nicht eigens Machthabe, d. h. noch nicht »Macht selbst«. Dieses Verlangen nach Solchem, was noch nicht ist, gilt als Zeichen des »Romantischen«. Doch dieser Wille zur Macht ist als Trieb zur Machtergreifung zugleich auch die reine Gier der Gewalttätigkeit. Solche Auslegungen des »Willens zur Macht«, in denen sich »Romantik« und Bösartigkeit treffen möchten, bringen das Grundwort der Metaphysik Nietzsches an das gewöhnliche Ohr. Nietzsche   denkt ein Anderes, wenn er »Wille zur Macht« sagt.

Wie aber sollen wir den »Willen zur Macht« im Sinne Nietzsches verstehen? Der »Wille« ist doch ein »seelisches« Vermögen, das die »psychologische« Betrachtung seit langem schon gegen den »Verstand« und das »Gefühl« abgrenzt. In der Tat begreift auch Nietzsche   den Willen zur Macht »psychologisch«. Aber er umgrenzt das Wesen des Willens nicht nach einer üblichen [12] »Psychologie«, sondern er setzt umgekehrt das Wesen und die Aufgabe der »Psychologie« gemäß dem Wesen des Willens zur Macht an. Nietzsche   fordert die Psychologie als »Morphologie und Entwicklungslehre des Willens zur Macht« (Jenseits von Gut und Böse, Bd. VII, n. 23, S. 35).

Was ist der Wille zur Macht? Er ist »das innerste Wesen des Seins« (Der Wille zur Macht, Bd. XVI, n. 693, S. 156). Das will sagen: Der Wille zur Macht ist der Grundcharakter des Seienden als eines solchen. Das Wesen des Willens zur Macht läßt sich daher nur im Blick auf das Seiende als solches, d. h. metaphysisch erfragen und denken. Die Wahrheit dieses Entwurfs des Seienden auf das Sein im Sinne des Willens zur Macht hat metaphysischen Charakter. Sie duldet keine Begründung, die sich auf die Art und Verfassung des je besonderen Seienden beruft, weil ja dieses angerufene Seiende als ein solches, nämlich vom Charakter des Willens zur Macht, nur ausweisbar wird, wenn zuvor schon das Seiende auf den Grundcharakter des Willens zur Macht als Sein entworfen ist.

Steht dann dieser Entwurf allein im Belieben dieses einzelnen Denkers? So scheint es. Dieser Anschein der Willkür belastet zunächst auch die Darlegung dessen, was Nietzsche   denkt, wenn er das Wortgefüge »Wille zur Macht« sagt. Aber Nietzsche   hat in den von ihm selbst veröffentlichten Schriften kaum vom »Willen zur Macht« gesprochen, ein Zeichen dafür, daß er dies Innerste der von ihm erkannten Wahrheit über das Seiende als solches möglichst lange behüten und in den Schutz   eines einmalig einfachen Sagens stellen wollte. Genannt ist der Wille zur Macht, aber noch ohne die Auszeichnung zum Grundwort, im zweiten Teil von »Also sprach Zarathustra« (1883). Die Überschrift des Stückes, darin der erste volle Wesensblick in das so Genannte vollzogen ist, gibt einen Wink für das rechte Verstehen. In dem Stück »Von der Selbst-Überwindung« sagt Nietzsche  : »Wo ich Lebendiges fand, da fand ich Willen zur Macht; und noch im Willen des Dienenden fand ich den Willen, Herr zu sein.« Darnach ist der Wille zur Macht der [13] Grundcharakter des »Lebens«. »Leben« gilt Nietzsche   nur als anderes Wort für Sein. »Das „Sein‟ — wir haben keine andere Vorstellung davon als „leben‟. — Wie kann also etwas Totes „sein‟?« (W. z. M., Bd.XVI, n. 582, S. 77) Wollen aber ist Herrsein-wollen. Dieser Wille ist noch im Willen des Dienenden, nicht etwa sofern er darnach strebt, aus der Rolle des Knechtes sich zu befreien, sondern sofern er Knecht und Diener ist und als ein solcher immer noch etwas unter sich hat, dem er befiehlt. Aber auch sofern der Diener als ein solcher dem Herrn sich unentbehrlich macht und den Herrn so an sich zwingt und auf sich (den Knecht) anweist, herrscht der Knecht über den Herrn, und das Dienersein ist noch eine Art des Willens zur Macht. Wollen wäre niemals ein Herrsein-wollen, wenn der Wille nur ein Wünschen und Streben bliebe, statt von Grund aus und nur Befehl zu sein.


Ver online : NIETZSCHES METAPHYSIK [GA50]


[1Nous traduisons ainsi Gewalt. Ce mot a étrangement les deux significations de pouvoir et de violence. Le dictionnaire Grimm (p. 4910 à 5094 !) donne comme traductions latines : potestas, arbitrium, efficacitas. (N.d.T.)