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sophia

quarta-feira 24 de janeiro de 2024

σοφία  : «sabiduría». [NB  , pp. 37 (virtudes dianoéticas: Φρόνησις [phronesis  ] y σοφία), 41, 44 (σοφία, νοῦς   [noûs], vida, movimiento), 44 (ἐπιστήμη   [episteme], σοφία), 45 (vida fáctica); GA19  , pp. 37, 56, 57-64 (análisis de la σοφία, Φρόνησις y σοφία como modos más elevados del ἀληθε  ύειν [aletheuein  ]), 65-120 (génesis de la σοφία en el marco de la existencia natural de los griegos: αἲσθησις   [aisthesis], ἐμπειρίας [empeiras], τέχνη   [techne], ἐπιστήμη, σοφία), 121-129, 132-135 (divinidad de la σοφία), 135-138, 142-144 (relación de Φρόνησις y σοφία con los ἀρχαί   [archai]), 163-172; GA22  , pp. 27-31, 212.] [LHDF]


— La σοφία est plutôt du côté du τεχνίτης [technites]. Mais c’est une ποίησις   tellement éblouissante de savoir (τέχνη), tellement transcendante qu’elle «crève le plafond» pour irradier. L’exemple de ce point de vue, c’est Phidias. Rodin en est un exemple moderne (Rilke   dit que quand il a vu Rodin dans son atelier, il a vu pour la première fois quelqu’un travailler). Ce sont des σοφοί, des «sages» (il faut lire Rodin). « Sage » est un mot qui ne veut plus dire grand-chose. Le seul moyen pour garder un sens au mot « sage » en français, c’est de penser à la « sage-femme ». L’expression « sage-femme » donne en effet le sens du mot « sage » : il s’agit bien d’un savoir-faire, et même d’une maîtrise dans le savoir-faire. La σοφία implique que quelqu’un qui a touché la réalité en profondeur ne peut pas être un imbécile. Rodin parle de sculpture, et du même coup il dit quelque chose de profond touchant la vie en général. Un jour, j’ai entendu une danseuse parler comme Alain, alors qu’elle n’avait jamais lu le moindre Propos.

— Toute ποίησις [poiesis] peut-elle donner lieu à une σοφία!

— Non, car il y a des savoir-faire très humbles. Les τέχναι [technai] dans lesquelles il y a une possibilité de σοφία sont des savoir-faire qui n’ont pas un horizon   immédiatement limité par l’utilité. Faire des chaussures par exemple, où cela pourrait-il commencer à devenir «sophique»? Quand on fait des tables, la perfection arrive très vite. La sculpture en revanche n’est pas étroitement limitée : dans l’Antiquité, il s’agissait de faire une sculpture telle que le Dieu allait pouvoir habiter dans le temple. Il y a σοφία partout où il y a travail et non où il y a σχολή [schole], or il n’y a πρᾶξις   [praxis] que là où il y a σχολή. [FHQ:50-51]


— Mais comment la τέχνη [techne] mime-t-elle [mimesis  ] la φύσις   [physis] dans la σοφία ?

Kant   parle du « favori de la nature » dans la Critique du jugement (§ 49). L’artiste a la capacité de «réfléchir». Que signifie réfléchir chez Kant? Le jugement déterminant peut partir d’un concept supérieur pour subsumer et voir le cas particulier. Mais dans le jugement réfléchissant, on peut se faire une idée à partir d’une unité que l’on a et que l’on ne subsume avec rien.

La statue n’est pas une chose d’usage au sens le plus large du terme. La question est alors : comment travaille le sculpteur ? Quel est son rapport à l’être de cette « chose » qu’est la statue ?

C’est ici que la remarque d’Aristote   sur la σοφία nous est de grand secours. Si le rapport du simple artisan (le τεχνίτης [technites]) à l’être de la chose d’usage peut s’appeler la « maîtrise », le rapport du sculpteur à la statue s’appelle σοφία – un savoir dont nous pouvons fixer dès maintenant, ne serait-ce que de manière négative, la caractéristique : c’est un savoir qui ne peut pas être compris sur le modèle de la maîtrise.

Attention, il ne s’agit pas de fixer une fois pour toutes un «vocabulaire». Quelqu’un qui «s’y connaît» a une maîtrise. Mais un artiste maîtrise-t-il son travail ? Non : il ne s’agit pas d’un rapport de maîtrise. C’est quelque chose qui est réapparu avec le mouvement bouleversant de l’art moderne. Mais déjà Poussin dit la même chose. Franz Marc ou Kandinsky ont dit : le signe que l’on fait quelque chose qui commence à avoir du sens, c’est que l’on n’y peut plus rien, qu’on est complètement dépassé. On est devenu rien, même pas un pantin. Continuer à pouvoir tenir là-dedans, c’est la σοφία. Σοφία est un des mots grecs pour dire «savoir», comme φρόνησις [phronesis], ἐπιστήμη [episteme] et tous les noms qu’énonce Aristote au livre VI de l’Éthique à Nicomaque. « Savoir » a cinq noms avec à chaque fois un angle d’attaque différent: τέχνη, ἐπιστήμη, φρόνησις, σοφία, νοῦς [noûs] (1139 b 17). [FHQ:59-60]