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eudaimonia

segunda-feira 3 de julho de 2023

O que está em questão para o homem é o próprio ser-aí, ο ἀκρότατον ἀγαθόν ἀνθρώπινον (bem humano supremo), a εὐδαιμονία   (felicidade). [GA19MAC  :§19]


Precisamos atentar para aquilo que Aristóteles   coloca em jogo: ο ἀγαθόν (bem) é enquanto ἀγαθόν (bem) do ser-aí do homem, enquanto εὐδαιμονία (felicidade), em verdade um ἀκρότατον ἀγαθόν (bem supremo); ele é aquele âmbito no qual o ser-aí do homem atinge a sua consumação. [GA19MAC:§19]
VIDE: eudaimonia

Glück  , Freude, Fröhlichkeit

Et vivre? De quoi s’agit-il avec vivre? Quel est le πρᾶγμα   [pragma], l’enjeu véritable de la vie ?

— C’est l’ἀκμή [arche  ].

— Non, c’est quand on est heureux. Aristote dit bien que la vie s’achève dans le bonheur : le bonheur est la fin [telos  ] de la vie [bios  ]. La perfection de vivre, c’est le bonheur : on est alors véritablement un être humain [Mensch  ]. Le bonheur pour Aristote, c’est en effet être un véritable être humain [Aristote, Éthique à Nicomaque, I, 6, 1097 b 25]. Mais attention, il ne s’agit pas du bonheur au sens des midinettes. Le bonheur, ce n’est pas vivre sous les cocotiers. Le bonheur n’est pas forcément quelque chose de béat, de nunuche, ou alors il faut vivre par procuration dans un roman-photo – ce qui est différent d’un conte de fées. Les contes de fées sont une manière d’apprendre aux enfants ce que la vie a d’effrayant (Cézanne disait : « c’est effrayant la vie ») sans les briser : dans le conte de fées, la vie est de plus en plus effroyable, et on ne s’en tire que par magie. Hölderlin   écrit dans Le Rhin : « Car lourd est à porter / Le malheur, mais le bonheur est plus lourd. » En effet, le bonheur n’est pas comme une récompense que l’on reçoit parce qu’on l’a bien méritée, mais on reçoit d’abord, et il faut alors se mettre vraiment à travailler pour porter ce que l’on a reçu, être heureux en étant face à la réalité. «Aide-toi et le ciel t’aidera » – mais aide-toi d’abord. Heidegger traduit le mot εὐδαιμονία dans le chœur d’Antigone (vers 1189) : « une existence bien apprivoisée et apaisée (gebändigtes gefügtes Dasein  )» [Heidegger, GA40  , 82; Introduction à la métaphysique, Paris, Gallimard, p. 116 : « τίς γὰρ τίς ἀνὴρ πλέον / τᾶς εὐδαιμονίας φέρει… »]. Cela implique de comprendre ceci : εὐδαιμονία, c’est ce qui se donne bien. εὐ en effet signifie « bien » comme dans « Eugénie » (la bien-née) ou «euphorie». Dans l’euphorie, on se porte bien : je suis léger, j’ai le cœur léger, comme on dit, son poids ne m’est pas lourd, il ne m’écrase pas. Quant à δαίμων   [daimon], c’est le «démon», en grec: ce qui donne. Quelque chose de bien donné, c’est cela, le bonheur.

Or Heidegger remarque que lorsque quelque chose est bien donné, il faut bien le recevoir : il faut faire très attention à la manière dont on reçoit ce qui est donné. C’est comme la Fortune qui est représentée sur une roue avec une touffe de cheveux qu’il faut attraper quand elle passe. Si on ne l’attrape pas, on ne la reverra jamais. «J’ai fait la magique étude / Du bonheur, que nul n’élude» dit Rimbaud («Ô saisons, ô châteaux »). Un être vraiment humain fait tout ce qu’il fait «avec bonheur». Voilà l’être humain heureux. Quand l’être humain est avec bonheur, c’est toute sa manière d’être qui ne cesse d’être avec bonheur. Tout ce qu’il fait, il le fait avec bonheur – et c’est beau à voir (l’important ici n’est pas tellement que cela lui réussisse). C’est très en rapport avec le temps – le temps véritable : « on ne peut pas dire si un homme a été heureux avant sa mort », disaient les anciens Grecs. Épicure a été atteint à la fin de sa vie de la maladie de la pierre, c’est-à-dire de calculs rénaux. Il disait que la vie humaine devait être consacrée à des plaisirs raisonnables ; alors, torturé par la maladie, il luttait contre la douleur en se souvenant des plaisirs raisonnables dont il avait joui autrefois. Le bonheur épicurien est tellement minimal que c’en est terrifiant ! On retrouve chez Descartes   la même idée selon laquelle il faut trouver un minimum. Dans la deuxième Méditation, il est question deux fois d’un minimum : minimum dubitationis et minimum quid   [AT VII, p. 24]. Il s’agit pour Épicure d’un minimum de souvenirs, pour témoigner que la vie n’est pas que douleur et qu’il n’est pas absurde de continuer à vivre. La vie est effrayante, et il faut se débrouiller pour trouver le minimum d’εὐδαιμονία qu’elle recèle. [FHQ:53-54]