possibilité de l’être-au-monde

possibilité de l’être-au-monde (In-der-Welt-sein)(98) L’idée de l’être comme être-sous-la-main constant ne motive pas seulement une détermination extrême de l’être de l’étant intramondain et son identification avec le monde en général, elle empêche en même temps de porter les comportements du Dasein sous un regard ontologiquement adéquat. Du même coup, tout chemin est complètement barré qui permettrait seulement d’apercevoir le caractère fondé de tout comportement sensible et intellectuel, et de le comprendre comme une possibilité de l’être-au-monde (In-der-Welt-sein). Mais l’être du « Dasein », à la constitution fondamentale duquel l’être-au-monde (In-der-Welt-sein) appartient, Descartes ne veut le saisir que sur le même mode que l’être de la res extensa, comme substance. EtreTemps21

L’analyse de la temporalité de la préoccupation (Besorgen) s’en tient de prime abord au mode de l’avoir-à-faire circon-spect avec l’à-portée-de-la-main. Par suite, elle s’attache à la possibilité temporalo-existentiale de la modification de la préoccupation (Besorgen) circon-specte en découverte « sans plus » a-visante de l’étant intramondain au sens de certaines possibilités de la recherche scientifique. L’interprétation de la temporalité de l’être circon-spect, aussi bien que de l’être théoriquement préoccupé auprès de l’à-portée-de-la-main et du sous-la-main intramondain montre en même temps comment cette même temporalité est d’emblée déjà la condition de possibilité de l’être-au-monde (In-der-Welt-sein) où se fonde en général l’être-auprès de l’étant intramondain. L’analyse thématique de la constitution temporelle de l’être-au-monde (In-der-Welt-sein) conduit aux questions suivantes : de quelle manière quelque chose comme le monde est-il en général possible, en quel sens le monde est-il, qu’est-ce que le monde transcende, et comment, comment l’étant intramondain « indépendant » est-il « lié » au monde transcendant ? L’exposition ontologique de ces questions n’équivaut pas encore à leur solution. En revanche, elle apporte la clarification d’emblée nécessaire des structures par rapport auxquelles le problème de la (352) transcendance demande d’être posé. L’interprétation temporalo-existentiale de l’être-au-monde (In-der-Welt-sein) considère les trois points suivants : a) la temporalité de la préoccupation (Besorgen) circon-specte ; b) le sens temporel de la modification de la préoccupation (Besorgen) circon-specte en connaissance théorique du sous-la-main intramondain ; c) le problème temporel de la transcendance du monde. EtreTemps69

De prime abord et le plus souvent, le Dasein se comprend à partir de ce qui lui fait encontre dans le monde ambiant et dont il se préoccupe circon-spectivement. Ce comprendre n’est pas une simple prise de connaissance de lui-même, qui se bornerait à accompagner tous les comportements du Dasein. Comprendre signifie se-projeter vers ce qui est à chaque fois la possibilité de l’être-au-monde (In-der-Welt-sein), autrement dit exister en tant que cette possibilité. Ainsi, le comprendre comme entente constitue-t-il également l’existence inauthentique du On. Ce qui fait encontre à la préoccupation (Besorgen) quotidienne (alltäglich) dans l’être-l’un-avec-l’autre (Miteinandersein) public, ce ne sont (388) pas seulement l’outil (Zeug) et l’ouvrage, mais aussi ce qui en « résulte » : les « affaires », les entreprises, les incidents et les accidents. Le « monde » en est à la fois le sol et le théâtre, et, comme tel, il appartient conjointement aux faits et gestes quotidien (alltäglich)s. Dans l’être-l’un-avec-l’autre (Miteinandersein) public, les autres ne nous font encontre que dans une affaire où « l’on est soi-même plongé ». Et cette affaire, on la connaît, on la commente, on la promeut, on la combat, on la préserve et on l’oublie – mais toujours en n’ayant primairement d’yeux que pour ce qui se poursuit ainsi et ce qui en « sort ». Le progrès, la stagnation, le changement, le « bilan » du Dasein singulier, nous ne les évaluons de prime abord qu’à partir du cours, de l’état, du changement et de la disponibilité de l’étant offert à la préoccupation (Besorgen). Si trivial que puisse être ce renvoi à la compréhension du Dasein qui caractérise l’entendement quotidien (alltäglich), il se trouve que, du point de vue ontologique, elle est rien moins que transparente. Car pourquoi, dans ces conditions, l’« enchaînement » du Dasein ne serait-il pas lui aussi déterminé à partir de ce dont on se préoccupe, de ce que l’on « vit » ? L’outil (Zeug), l’ouvrage, et tout ce auprès de quoi le Dasein se tient, tout cela ne co-appartient-il pas à son « histoire » ? Le provenir de l’histoire, dès lors, ne serait-il que le déroulement – considéré isolément – de « flux de vécus » dans les sujets singuliers ? EtreTemps75