destaque
A presença não existe senão a se significar e não se significa senão a existir. Todo sentido é articulação da evidência, e a evidência só pode ser encontrada no aberto. Mas o aberto, fundamento do sentido, é também o abismo onde todo limite é absorvido. A presença abole-se tanto na transparência absoluta como na opacidade absoluta. Ela é ex-istência e não se significa senão na abertura do aberto, na elucidação da luz, no espaçamento do espaço, na instância do instante. Só podemos decidir atravessar o espaço ou viajar no tempo porque desde já estamos abertos à sua abertura e expostos à sua exposição. A sua abertura é a de um número infinito de horizontes, cada um deles transformando-se no seguinte, sustentado pela possibilidade de uma aproximação através do afastamento ou da antecipação de nós mesmos. Esta possibilidade faz parte do nosso poder-ser. E o espaço e o tempo aí estão implicados sob a forma não temática e tensional de um esquema sub-espacial e de um esquema sub-temporal. Tal como a linguagem só pode ser vista em relação a ela mesma a partir de um esquema sub-linguístico. O mesmo se passa com a significância do ente para o existente — que aí emerge. Dos três sentidos do sentido: significação (conceitual), manifestação (sensível), direção (tensional), o último é a raiz dos outros dois.
original
La présence n’existe qu’à se signifier et ne se signifie qu’à exister. Tout sens est articulation de l’évidence et il n’y a évidence que de l’ouvert. Mais l’ouvert, fondement du sens en est aussi l’abîme où toute limite s’engloutit. La présence s’abolit dans la transparence absolue aussi bien que dans l’opacité absolue. Elle n’est ex-istence et ne se signifie que dans l’ouverture de l’ouvert, dans l’élucidation de la lumière, dans l’espacement de l’espace, dans l’instance de l’instant. Nous ne pouvons nous déterminer à traverser l’espace ou à parcourir le temps que parce que nous sommes d’ores et déjà ouverts à leur ouverture et exposés à leur exposition. Leur ouverture est celle d’une infinité d’horizons se transformant les uns dans les autres, que sous-tend la possibilité d’une approche par éloignement ou par anticipation de nous-mêmes. Cette possibilité fait partie de notre pouvoir-être. Et l’espace et le temps y sont impliqués sous la forme non-thématique, tensionnelle, d’un schème sub-spatial et d’un schème sub-temporel. De même que le langage n’est en vue de lui-même qu’à partir d’un schème sub-linguistique. Il en va de même de la signifiance de l’étant pour l’existant — qui s’y fait jour. Des trois sens du sens : signification (conceptuelle), manifestation (sensible), direction (tensionnelle) le dernier est la racine des deux autres. C’est un tel sens qui est à la racine du mythe. « Pour le vieux mythe, dit W. Otto, le dieu, bien qu’il s’avance sous la figure d’une personnalité pleine de puissance, ne fait qu’un, en dernière analyse, avec l’esprit et la forme, en un mot avec l’être du domaine sur lequel il règne » 1. Mais si justement l’esprit et la forme du domaine s’expriment par une puissance, c’est parce que la signification de ce domaine est toute de puissance : le pouvoir être de la présence y est en jeu. Ici se découvre le principe de la création mythique. Elle est analogue, dit W. Otto, à toute espèce de création monumentale 2; mais à condition de comprendre les monuments comme des demeures de l’être où la présence elle-même est mise en demeure d’être présente à son être. Le mythe crée ce qui est. Mais il faut pour que l’homme crée ce qui est, qu’un moment inconnu — et originairement proche — de l’être au monde s’impose à lui dans une rencontre sans prises, dont il est plutôt la proie, et l’oblige à faire « l’offrande de sa propre personne pour devenir lui-même la forme dans laquelle s’exprime cette (229) proximité ». 1. Mais l’homme n’est pas originellement proche de soi et les demeures mythiques ont ceci de particulier qu’il les bâtit pour s’y trouver « lui-même » parce que justement il s’éprouve étranger à soi.