gewesen

wesen: essenciar-se, estar-a-ser
Abwesen (s) / Abwesende (s): o-estar-ausente, ausência / o-que-está-ausente
anwesen / Anwesen (s): vir-à-presença, estar-presente / o-estar-presente, o vir-à-presença
anwesend / Anwesende (s): presente, que está presente / o que-está-presente, o que-vem-à-presença
Anwesenheit (e): presença, estar-em-presença (cf. Präsenz)
Gewesene (s) / Ge-wesene (s): o sido, aquilo que foi / o sido, o já essenciado
Wesen (s) / Unwesen (s): essência, estar-a-ser, ser / anti-essência, abuso da essência, in-essência
Wesende (s): o-que-se-essencia, o que-está-a-ser
Wesenheit (e): essencialidade
Wesensblick (r): o olhar-que-vê-a-essência (GA5BD)
um ter-sido (EssaisConf)
l’être en modo rassemblé (EssaisConf)


das Wesen : c’est bien sûr traditionnellement la manière de dire en allemand le mot latin essentia. Mais Heidegger, depuis qu’il a compris Husserl, entend à travers l’essentia classique le verbe wesen qui est l’une des racines grâce auxquelles la langue allemande articule le verbe «être». Wesen sert à former les temps du passé y compris le participe passé (en français «été»). Gewesen s’entend spontanément comme le fait d’être recueilli sur son être, ou plus distinctement : recueilli sur la manière propre d’être ce que l’on est.

Le participe gewesen est bien plus parlant que le français « été ». Ge- est la particule du λόγος (logos). Voyez-y le mouvement du chat qui s’apprête à sauter, qui se ramasse sur lui-même – ou bien l’attitude du coureur de 100 mètres, juste avant le coup de pistolet.

En français la valeur des temps n’est pas du tout pluriforme, alors qu’en allemand ich war signifie à la fois : «j’étais » et «je fus », de manière indistinguable. En français on distingue «j’aimais » et «j’aimai » (le parfait est un passé déterminé et l’im-parfait un passé sans limite, indéterminé). Dans «j’aimai», on peut reconnaître le verbe «avoir» (comme dans «j’aimerai», où le verbe «avoir» apparaît après l’infinitif, et non seulement après le radical). C’est une merveille du français. Pour dire le moment où l’intensité de la chose était pleine et entière, on emploie le verbe «avoir»: je l’ai maintenant pour toujours (dans le passé composé «j’ai aimé», je l’ai aussi, mais pour ainsi dire à distance). Dans la grammaire elle-même, on a ainsi des choses qui vont contre nos habitudes de pensée. Le passé n’est pas infiniment loin, « le passé n’est jamais mort, il n’est même pas passé », dit Arendt (citant Le Bruit et la fureur de Faulkner), dans la préface de La Crise de la culture. Il continue d’être, il est «ce qui n’a cessé d’être», comme traduit Jean Beaufret. Gewesen est beaucoup plus parlant que Wesen. Il désigne le caractère perpétuel de l’être (à la différence de l’essence qui est une structure immuable), au sens d’avoir cette capacité spontanée de continuer à être, et éventuellement de ne pas cesser d’être, et non son caractère permanent-statique – « le perpétuel et son bruit de source », comme dit Braque : c’est le côté indéfiniment renaissant de l’être. (Sur la Gewesenheit, voir Etre et Temps, p. 326 s. : « Le propre être-été (das eigentliche Gewesen-sein), nous l’appelons la répétition (Wiederholung)» (trad. Fr. Vezin, Gallimard, p. 339)) (FHQ:64-65)