- tradução parcial
- Original
tradução parcial
Entendido no seu sentido ontológico como a condição para que algo como um “fenómeno” se nos ofereça, ou, mais precisamente, como a própria estrutura da fenomenalidade, o conceito de distância fenomenológica deve obviamente ser distinguido do de distância espacial ou “real”. A distância que separa as coisas, ou que nos separa delas, é uma distância que podemos medir objetivamente, mas que já existe antes de qualquer medição, como uma distância imediatamente experimentada, pertencente ao mundo ambiente. No entanto, esta distância experimentada na experiência perceptiva original assenta por sua vez, tal como o espaço que ela estrutura e ao qual pertence, numa espacialidade mais original que não é outra coisa senão o meio fenomenológico primitivamente aberto para que algo como um espaço se possa manifestar pela primeira vez. Esta espacialidade original é o fenómeno do mundo, o fenómeno de todos os fenómenos, a sua visibilidade enquanto tal. O mundo, entendido na sua pura mundanidade, é precisamente essa mesma visibilidade à qual tudo vai buscar a possibilidade de se manifestar e, portanto, de ser um “fenómeno”. O mundo é a condição transcendental do espaço, porque, como Heidegger mostrou, longe de o mundo repousar no espaço, é o espaço que repousa nele. Ora, o conceito fenomenológico de distância não está ligado ao espaço, e é nisto que ele difere fundamentalmente do nosso conceito vulgar de distância. “Fundamentalmente”, isto é, na medida em que pertence ao fundamento, à mundanidade do mundo.
Original
Compris dans sa signification ontologique comme la condition pour que quelque chose comme un « phénomène » s’offre à nous, ou, plus exactement, comme la structure même de la phénoménalité, le concept de distance phénoménologique doit évidemment être distingué de celui de distance spatiale ou « réelle ». La distance qui sépare les choses ou qui nous sépare d’elles est une distance que nous pouvons mesurer objectivement mais qui existe déjà antérieurement à toute mesure de cette sorte, en tant que distance immédiatement éprouvée, appartenant au monde ambiant. Toutefois, cette distance vécue dans l’expérience perceptive originaire repose à son tour, tout comme l’espace qu’elle vient structurer et auquel elle appartient, sur une spatialité plus originaire qui n’est autre que le milieu phénoménologique primitivement ouvert pour que quelque chose comme un espace puisse d’abord se manifester. Cette spatialité originaire est le phénomène du monde, le phénomène de tous les phénomènes, leur visibilité comme telle. Le monde, entendu dans sa mondanité pure, est justement cette visibilité elle-même à laquelle toute chose emprunte la possibilité de se manifester et d’être ainsi un « phénomène ». Le monde est la condition transcendantale de l’espace, car, comme l’a montré Heidegger, loin que le monde repose dans l’espace, c’est au contraire l’espace qui repose en lui. Or, le concept de distance phénoménologique n’est point lié à l’espace, et c’est en cela qu’il diffère fondamentalement de notre concept ordinaire de distance. « Fondamentalement », c’est-à-dire en tant qu’il appartient au fondement, à la mondanité du monde.
Le concept de distance phénoménologique n’est pas seulement « lié » à celui du « monde », le déploiement de cette distance est un, en réalité, avec le surgissement du monde dans sa pureté. Compris dans sa signification ontologique radicale, le concept de distance phénoménologique vaut comme un titre pour l’essence. Mais cette signification ontologique n’est sauvegardée, et d’abord pensée, que si le concept de distance reçoit, par opposition à toute idée d’une distance spatiale, la signification originaire d’un pouvoir. Les distances sur lesquelles nous appuyons le concept qui leur correspond habituellement dans notre esprit, sont des distances trouvées. Trouvées, elles le sont, il est vrai, à l’intérieur d’un champ qui, avant d’être spatial, est un champ phénoménologique. Mais la distance, en tant qu’elle caractérise maintenant l’extension phénoménologique originaire et non spatiale de ce champ pur, n’est point à son tour trouvée. Elle est bien plutôt le pouvoir qui nous permet de trouver, l’œuvre originaire de la transcendance qui déploie l’horizon. Elle est l’ « éloignement », mais compris, comme le veut Heidegger, « en un sens actif et transitif » (13) . Avant de concerner l’être-éloigné, la distance est ce qui éloigne. Elle est ce qui éloigne, non point comme un comportement particulier et déterminé, celui par lequel nous repoussons un objet sur la table ou lançons une pierre dans le champ. Un tel comportement, matériel ou non, n’est encore, en effet, qu’un processus d’ordre ontique. Il présuppose, comme condition de l’acte d’éloigner qu’il accomplit chaque fois, un éloignement plus originel, à savoir l’événement ontologique qui fait surgir l’horizon vers lequel et à l’intérieur duquel des actes concrets d’approche ou d’éloignement peuvent avoir lieu en fait. La distance phénoménologique façonne les lointains originels, elle déploie l’ultime horizon de visibilité à l’intérieur duquel toute chose peut devenir visible pour nous. Toute présence est une présence à partir de l’horizon et sur le fond de celui-ci. L’horizon déploie justement le milieu de la présence, il ouvre la dimension ontologique de l’existence. La distance phénoménologique est le pouvoir ontologique qui nous donne accès aux choses, elle est cet accès lui-même, un accès dans et par le lointain.
Nous disons des choses qu’elles nous sont lointaines ou proches et cette détermination varie corrélativement avec les modalités du comportement ontique réel ou virtuel qui nous relie à elles. Mais cette relation, avec ses caractères chaque fois déterminés, s’appuie sur une relation plus originelle, qui est l’œuvre du lointain. Proximité et éloignement sont deux modalités à l’intérieur d’un éloignement plus fondamental qui appartient, à titre de condition, à la structure même de la phénoménalité. L’essence du phénomène est l’éloignement lui-même en tant qu’éloignement transcendantal. C’est cet éloignement qui est la condition de toute présence, c’est lui qui constitue la proximité, d’ailleurs variable, des choses, proximité dont l’éloignement dont nous parlons habituellement n’est qu’une modalité. La proximité, comprise non plus comme une caractérisation d’ordre ontique mais dans sa possibilité ontologique, c’est-à-dire dans son essence même, est une avec l’éloignement primitif qui est l’œuvre de l’essence. Proximité et éloignement sont des titres équivalents pour l’essence du phénomène considérée dans sa pureté ; pris ensemble ils signifient que l’essence de la présence recèle en quelque sorte une antinomie interne, mais celle-ci est justement ce qui confère à l’essence son pouvoir ontologique propre. L’éloignement est la condition de toute présence, la présence comme telle. Le lointain est l’essence de la proximité. « Ainsi donc, peut dire Heidegger, l’être humain… est un être du lointain. C’est uniquement par ces lointains originels qu’il se façonne dans sa transcendance envers tout l’existant que grandit dans l’homme la vraie proximité des choses (14) . » La compréhension du statut transcendantal de l’éloignement nous invite à réfléchir sur le caractère non originaire de la signification des concepts de « proche » et de « lointain » déjà en usage dans la philosophie classique et repris par Husserl dans la phénoménologie de la raison. Lorsqu’il étudie, dans les Ideen par exemple, la « proximité » et l’ « éloignement » du donné, ou, dans Erfahrung und Urteil, les différences d’apparence des objets selon le « près » ou le « loin », ainsi que, pour chaque objet, sa façon de passer du « loin » dans le « près », les caractères phénoménologiques qui sont alors visés ne se réfèrent encore, de toute évidence, qu’aux divers contenus de la pensée. C’est chaque fois un contenu, qu’il s’agisse d’un objet empirique ou idéal, qui est dit proche ou lointain conformément à la façon dont il se donne selon une série de degrés de clarté ou d’indistinction, tandis que la conscience qui obéit au τέλος de l’évidence cherche à parcourir cette série de degrés dans le sens qui aboutit à la clarté la plus grande possible pour un contenu déterminé. Lorsque ce degré de clarté maximum est atteint, on dit que l’objet se trouve dans une « proximité absolue » (15) . Sur le plan ontologique, toutefois, ce concept de proximité absolue n’a, à la rigueur, aucun sens. La proximité en tant que telle est toujours absolue, comme est toujours absolu l’éloignement qui ne fait qu’un avec elle. Il n’y a de degrés dans la proximité qu’au moment où celle-ci cesse d’être considérée dans sa signification ontologique en tant qu’elle appartient, comme structure constitutive, à l’essence de la phénoménalité, pour devenir une caractéristique phénoménologique de l’étant lui- même. Considérée comme le pouvoir ontologique qui nous donne accès aux « phénomènes » et fonde ainsi la « connaissance » dans sa possibilité, la distance phénoménologique ne saurait être dite plus ou moins grande et il n’y a aucun sens à parler de « distance minima ». Lorsque la distance entre mon œil et l’objet diminue progressivement, il ne s’agit évidemment que d’une distance spatiale. Lorsque cette distance devient nulle, je ne vois plus rien, nous dit Malverne. Mais lorsque je dis que je ne vois plus rien, cette proposition, si elle a un sens, commente une expérience. Que je ne vois plus rien, c’est là un fait positif, un « phénomène ». Pour lui, l’essence a déjà accompli son œuvre, une distance s’est déployée qui n’est certes ni spatiale ni « réelle » mais constitue bien plutôt la réalité même du réel, la possibilité de toute présence comme telle. Cette distance phénoménologique transcendantale se distingue ainsi, de la façon la plus nette, de toute distance spatiale, puisqu’elle subsiste dans son absoluité là même où la distance spatiale devient nulle, là aussi où la structure de l’être est telle qu’il n’y a plus aucun sens à parler de distance spatiale. Dans le cas des distances qui structurent le monde objectif et d’abord celui de la vie, il est clair qu’elles appartiennent à l’étant intramondain à titre de déterminations ontiques. C’est justement dans la mesure où elle apparaît comme une détermination « catégoriale », pour parler comme Heidegger, c’est-à-dire relative à l’étant non-Dasein, que la distance est susceptible d’une différenciation ; en tant qu’elle est un « existential » au contraire, c’est-à-dire co-appartient à la structure ontologique de l’essence, elle porte en elle cette caractéristique éidétique qu’elle est toujours une distance absolue.
En tant que distance absolue et transcendantale, la distance phénoménologique doit aussi être distinguée dans son concept de celui de « distance existentielle », qui caractérise la proximité plus ou moins grande dans laquelle se tiennent pour nous les choses selon l’intérêt que nous leur portons. Cette proximité n’a aucun rapport avec la proximité spatiale. Des choses fort éloignées de nous dans l’espace peuvent nous être très « proches », et nous pouvons nous faire les « contemporains » d’un événement qui s’est produit il y a vingt siècles. La distance existentielle est liée au Souci. Le Souci vit dans le monde ambiant, de telle manière cependant que ce n’est jamais du monde comme tel, mais seulement de ce qui arrive à l’intérieur du monde qu’il se soucie. Il y a dans le Dasein, dit Heidegger, une tendance fondamentale vers le proche. Mais ce qui est proche de nous, c’est toujours tel ou tel contenu déterminé, ce n’est jamais la proximité comme telle. La proximité est au contraire ce qui est le plus loin de nous, et cela non pas parce qu’elle est en soi identique à l’essence originelle du lointain, mais parce qu’elle n’est jamais pour nous l’objet de notre Souci. L’objet chaque fois déterminé de notre Souci dissimule à nos yeux le milieu ontologique où il paraît. L’orientation soucieuse à l’être-éloigné nous cache l’éloignement comme tel.
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