Essentia / existentia: «esencia» / «existencia». Véase también la entrada Ontologische Differenz (die). (GA24, pp. 108ss (tesis medieval que se remonta a Aristóteles), 116-124 (esse, essentia, existentia), 119 (Suárez), 122-139 (diferencias en la Escolástica: Tomás Aquino, Duns Scoto, Suárez), 140-158 (aclaración fenomenológica), 169.) (LHDF)
« Exister » veut alors dire autre chose que « avoir lieu ». Le simple « avoir lieu » caractérise les étants auxquels la question « qui ? » ne peut pas s’appliquer. Or, c’est bien le sens d’un « avoir lieu » que le verbe « exister » et le substantif existentia avaient dans l’ontologie traditionnelle. Pour rendre compte de ce sens spécifique, Heidegger parle de Vorhandenheit (« être-sous-la-main » = avoir lieu).
Pour la même raison, le terme « existence », dans sa définition heideggérienne, ne peut plus être opposé au terme « essence », comme c’est le cas dans l’ontologie traditionnelle. Celle-ci répartissait clairement le discours relatif à l’être sur deux registres :
— existentia (réponse à la question : an sit ?, la chose existe-t-elle ?) ;
— essentia = quidditas (réponse à la question : quid sit ? qu’est-ce la chose ?).
Et elle n’admettait qu’un seul cas où la question de l’existence (anitas, disait Maître Eckhart) et de l’essence (quidditas) se confondaient : celui de l’être divin. Or, pour Heidegger, mais évidemment dans un tout autre sens, « l’essence du Dasein réside dans son existence » (SZ 42). Cela veut dire que l’existence n’est pas quelque chose dont on constate l’avoir lieu (dire « Le Dasein existe, je l’ai rencontré », est une pure tautologie) et d’autre part, on ne lui attribue pas un certain nombre de propriétés essentielles, une fois qu’on a constaté son existence.
Pour la même raison, le Dasein est réfractaire à la technique habituelle de la définition. Il n’est pas un « cas particulier » d’une espèce, comme Socrate est un cas particulier de l’espèce humaine. Sa « description », si description il peut y avoir, est en même temps une « advocation » (Ansprechen), faisant intervenir le pronom personnel qui devient ainsi une sorte d’indicateur linguistique de la mienneté. (OTGreisch:113-114)