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Sein und Zeit

Être et temps : § 69. La temporalité de l’être-au-monde et le problème de la transcendance du monde.

Ser e Tempo

quinta-feira 17 de julho de 2014, por Cardoso de Castro

Vérsions hors-commerce:

MARTIN HEIDEGGER, Être et temps, traduction par Emmanuel Martineau  . ÉDITION NUMÉRIQUE HORS-COMMERCE

HEIDEGGER, Martin. L’Être et le temps. Tr. Jacques Auxenfants  . (ebook-pdf)

 c) Le problème temporel de la transcendance du monde.

Le comprendre, inclus dans la préoccupation circon-specte, d’une totalité de tournure se fonde en un comprendre préalable des rapports du pour…, du pour-quoi, du pour-cela, du en-vue-de… Le complexe de ces rapports a été dégagé plus haut comme significativité [10]. L’unité de celle-ci constitue ce que nous appelons le monde. La question s’élève donc de savoir comment quelque chose comme le monde est ontologiquement possible en son unité avec le Dasein, et en quelle guise le monde doit être pour que le Dasein puisse exister comme être-au-monde.

Le Dasein existe en-vue-d’un pouvoir-être de lui-même. Existant, il est jeté, et, en tant que jeté, il est remis à de l’étant dont il a besoin pour pouvoir être comme il est, à savoir en-vue-de lui-même. Pour autant que le Dasein existe facticement, il se comprend dans la connexion du en-vue-de lui-même avec ce qui lui est à chaque fois un pour… Ce dans quoi le Dasein existant se comprend est « là » avec son existence factice. Le « où » de la compréhension primaire d’être a le mode d’être du Dasein. Celui-ci, existant, est son monde.

Nous avons déterminé l’être du Dasein comme souci. Le sens ontologique du souci est la temporalité. Que et comment celle-ci constitue l’ouverture du Là, cela a été montré. Dans [365] l’ouverture du Là, le monde est co-ouvert. L’unité de la significativité, c’est-à-dire la constitution ontologique du monde, doit donc également se fonder dans la temporalité. La condition temporalo-existentiale de possibilité du monde consiste en ce que la temporalité comme unité ekstatique a quelque chose comme un horizon. Les ekstases ne sont pas simplement des échappées vers… Bien plutôt un « vers-où » de l’échappée appartient-il à l’ekstase. Ce vers-où de l’ekstase, nous l’appelons le schème horizontal. L’horizon ekstatique est différent dans chacune des trois ekstases. Le schème où le Dasein, authentiquement ou inauthentiquement, advient à soi de manière avenante est le en-vue-de lui-même. Le schème où le Dasein est ouvert à lui-même en tant que jeté au sein de l’affection, nous le saisissons comme le devant-quoi de l’être-jeté ou le à-quoi de l’abandon. Il caractérise la structure horizontale de l’être-été. Existant en-vue-de lui-même dans l’abandon à lui-même en tant que jeté, le Dasein, en tant qu’être auprès,.., est en même temps présentifiant. Le schème horizontal du présent est déterminé par le pour…

L’unité des schèmes horizontaux de l’avenir, de l’être-été et du présent se fonde dans l’unité ekstatique de la temporalité. L’horizon de la temporalité totale détermine ce vers-quoi l’étant facticement existant est essentiellement ouvert. Avec le Da-sein factice est à chaque fois projeté dans l’horizon de l’avenir un pouvoir-être, ouvert dans l’horizon de l’être-été l’« être-déjà » et découvert dans l’horizon du présent de l’étant offert à la préoccupation. L’unité horizontale des schèmes des ekstases possibilise la connexion originaire des rapports de pour… avec le en-vue-de… Ce qui implique ceci : sur la base de la constitution horizontale de l’unité ekstatique de la temporalité, appartient à l’étant qui est à chaque fois son Là quelque chose comme un monde ouvert.

De même que le présent jaillit, dans l’unité de la temporalisation de la temporalité, de l’avenir et de l’être-été, de même se temporalise, cooriginairement avec les horizons de l’avenir et de l’être-été, celui d’un présent. Tandis que le Dasein se temporalise est aussi un monde. Se temporalisant, quant à son être, comme temporalité, le Dasein est essentiellement, sur la base de la constitution ekstatico-horizontale de celle-ci, « dans un monde ». Le monde n’est ni sous-la-main, ni à-portée-de-la-main, mais il se temporalise dans la temporalité. Il « est là » avec le hors-de-soi des ekstases. Si nul DASEIN n’existe, nul monde n’est pas non plus « Là ».

L’être préoccupé factice auprès de l’à-portée-de-la-main, la thématisation du sous-la-main et la découverte objectivante de cet étant présupposent déjà le monde, autrement dit, elles sont possibles seulement en tant que guises de l’être-au-monde. Se fondant dans l’unité [366] horizontale de la temporalité ekstatique, le monde est transcendant. Il doit déjà être ekstatiquement ouvert pour qu’à partir de lui de l’étant intramondain puisse faire encontre. Ekstatiquement, la temporalité se tient déjà dans les horizons de ses ekstases, et, en temporalisant, elle revient vers l’étant qui fait encontre dans le Là. Avec l’existence factice du Dasein, fait déjà aussi encontre de l’étant intramondain. Qu’un étant de cette sorte soit découvert avec le Là propre de l’existence, cela ne dépend pas du gré du Dasein. Tout ce qui - bien que toujours dans les limites de son être-jeté - est l’affaire de sa liberté, c’est ce qu’il découvre et ouvre à chaque fois, et dans quelle direction, et dans quelle mesure, et comment.

Par suite, les rapports de significativité qui déterminent la structure du monde ne sont point un réseau de formes qui serait surajouté à un matériau par un sujet sans monde. Bien plutôt le Dasein factice, se comprenant ekstatiquement, lui et son monde, dans l’unité du Là, revient-il de ces horizons vers l’étant qui fait encontre en eux. Le revenir compréhensif vers… est le sens existential du laisser-faire-encontre présentifiant de l’étant qui - et pour cette raison - est nommé intramondain. Le monde est pour ainsi dire « plus loin dehors » qu’un objet ne peut jamais l’être. Le « problème de la transcendance » ne peut être réduit à la question : comment un sujet sort-il vers un objet ? - la totalité des objets étant alors identifiée à l’idée de monde. Ce qu’il faut demander, c’est : qu’est-ce qui rend ontologiquement possible que de l’étant puisse faire encontre à l’intérieur du monde et être objectivé en tant que tel ? Le retour vers la transcendance du monde fondée ekstatico-horizontalement, voilà ce qui apporte la réponse.

Si le « sujet » est conçu ontologiquement en tant que Dasein existant dont l’être se fonde dans la temporalité, alors il faut dire : le monde est « subjectif ». Seulement, ce monde « subjectif » est alors plus « objectif », en tant que temporalo-transcendant, que tout « objet » possible. »

Grâce à la reconduction de l’être-au-monde à l’unité ekstatico-horizontale de la temporalité a été rendue intelligible la possibilité ontologico-existentiale de cette constitution fondamentale du Dasein. En même temps, il apparaît que l’élaboration concrète de la structure du monde en général et de ses possibles modifications ne peut être entreprise que si l’ontologie de l’étant intramondain possible est orientée de façon suffisamment sûre sur une idée clarifiée de l’être en général. Mais l’interprétation possible de cette idée requiert préalablement le dégagement de la temporalité du Dasein, au service duquel se trouve notre caractérisation actuelle de l’être-au-monde.


Ver online : Sein und Zeit (1927), ed. Friedrich-Wilhelm von Herrmann, 1977, XIV, 586p. Revised 2018 [GA2]


[10Cf. supra, §18, p. [87] sq.