schuldig, en-dette, coupable, devedor, culpado, guilty, en faute, manquement aux obligations, être-obligé, obligé
En-dette = schuldig, ordinairement « coupable », adjectif formé sur Schuld, qui veut dire aussi bien la faute que la dette. Pourquoi nous retenons, dans ces pages, « dette » de préférence à « faute » pour traduire Schuld, c’est ce qui s’expliquera dans la suite même de ce paragraphe. Rappelons, du point de vue philologique, que Schuld est en allemand le subst. de sollen comme dette le subst. de devoir, ce qui n’empêchera pas H., à la p. (283) d’avertir expressément que cette étymologie n’est pas ici éclairante. (N.d.T.) (Martineau)
E. Martineau insère à cet endroit la note suivante, pour expliciter la traduction par dette qu’il retient du mot Schuld : « En dette – schuldig, ordinairement ‘coupable’, adjectif formé sur Schuld, qui veut dire aussi bien la faute que la dette. Pourquoi nous retenons, dans ces pages, ‘dette’ de préférence à ‘faute’ pour traduire Schuld, c’est ce qui s’expliquera dans la suite même de ce paragraphe. Rappelons, du point de vue philologique, que Schuld est, en allemand, le substantif de sollen, comme dette le substantif de devoir, ce qui n’empêchera pas Heidegger, à la page (283), d’avertir expressément que cette étymologie n’est pas ici éclairante. » J’avoue que ce commentaire, en dépit de l’autorité de son auteur, ne m’a pas du tout convaincu. J’observe d’ailleurs que Heidegger, à ladite page (283), ne fait aucune référence à l’étymologie, mais au fait que l’idée d’obligation ne doit pas être prise au sens d’un devoir ou d’une loi qui viendrait s’imposer « de l’extérieur ». (Auxenfants; ETJA:§58)
LÉXICO: (schuldig->http://hyperlexikon.hyperlogos.info/modules/lexikon/search.php?option=1&term=schuldig)
en-dette (ETEM)
responsible (BTJS)
VIDE Schuld
NT: Responsible (schuldig, Schuldhaben), being or becoming, 282-283. See also Guilt; Indebtedness; Owe (BTJS)
Là où Freud s’intéresse à l’aspect légiférant, censurant et interdicteur de cette instance, Heidegger s’intéresse à l’aspect de l’authenticité, de la dette à l’égard de soi-même. Tout se passe donc comme si la conscience morale, telle que la comprend Heidegger, ne rencontrait jamais de loi morale sur son chemin. Que signifie cette absence totale de référence à une instance légiférante ? Peut-être convient-il alors de se rappeler la distinction freudienne entre « moi idéal » et « idéal du moi » pour éclairer la signification de cet évitement. L’idéal du moi qui pose quelque chose devant le moi comme une exigence est plus directement lié aux problèmes de la loi et de l’éthique que le moi idéal qui correspond à une idéalisation narcissique de la toute-puissance du sujet. En refusant de se laisser imposer des idéaux, en ne suivant que la voie de sa propre authenticité, le sujet heideggérien ne prêterait-il pas secrètement le flanc à une idéalisation dangereuse ?
Même si elle peut paraître aventureuse, cette hypothèse a le mérite de rendre problématique la manière expéditive dont Heidegger prend ses distances d’avec l’interprétation naturelle de la voix de la conscience, c’est-à-dire la voix qui dit « je suis coupable » ou « je ne suis pas coupable », qui dit éventuellement avec le psalmiste : « Contre Toi et Toi seul j’ai péché » (Ps. 50). Et de fait pour Heidegger lui-même, on aurait tort de reprocher à ces interprétations d’être entièrement fausses. La vraie difficulté est qu’elles impliquent un concept plurivoque de culpabilité qui laisse entièrement dans l’ombre le sens existential de l’être-coupable (SZ 281). D’où la nécessité de puiser l’idée de la dette dans une interprétation de l’être du Dasein, ce qui revient à chercher un critère pour définir le sens existential originaire de l’adjectif « coupable ». Cet adjectif, qui semble simplement qualifier certains actes, doit être pensé comme prédicat du « je suis ». « Je suis coupable » devient alors un énoncé ontologique tout aussi décisif que l’énoncé sum moribundus que nous avions rencontré au chapitre précédent. « Je suis coupable » est pour Heidegger un énoncé existential irréductible à l’aveu qu’on a commis un nombre x d’actes moralement répréhensibles. Il contient l’aveu que « le Dasein, pour autant qu’à chaque fois il existe facticement, est aussi déjà en dette » (SZ 281). (OTGreisch)