On ne parle pas des «faits et gestes» d’un cheval. L’être humain [Mensch  ] est « dans ses œuvres [Werk  ] » : son comportement [Verhalten  ] est presque sa façon d’être. N’y a-t-il pas une formule analogue pour dire en général la manière dont l’être humain se comporte ? « Conduite », « comportement » sont des termes trop restreints. «Se déploie», «déploie son activité»: là c’est trop large. De cette modalité d’existence, la morale [Sittlichkeit] est un cas particulier. L’allemand a une expression pour dire cela : tun   und lassen  , qui se réfère à ce que l’on fait et ce que l’on ne fait pas. Cette modalité est ce que nous nommons « agir » [Handeln  ]. Le mot « action » [agere] est un mot très abstrait. C’est pourquoi il faut avoir expliqué ce point dans la phrase avant que le mot « action » n’intervienne. La « pratique », c’est le mot qui dit cela en grec, mais est-ce plus clair ? Il y a une autre modalité d’existence qui implique des faits et gestes, mais ils ne sont pas au centre de cette modalité d’existence : c’est la connaissance. Souvenons-nous de la distinction aristotélicienne entre Oeopia et πρᾶξις  . Elle se transforme au Moyen Age en contemplatio – actio. Contemplatio, c’est bien la théorie, mais au sens religieux, non au sens de la connaissance. C’est ce que l’on retrouve dans le nom donné aux ordres contemplatifs. Un ordre contemplatif est un ordre monastique. La clergie (l’état ecclésiastique chrétien) se compose du clergé séculier qui vit dans le siècle, «en charge d’ouailles», et du clergé régulier, qui vit dans la règle. Ce dernier se divise en contemplatifs, comme les Carmélites, et en caritatifs, ce qui est une forme d’action par opposition à la contemplation (le véritable mendiant est quelqu’un de très commotionnant, car il ne fait que «demander la charité»). [FHQ:46-47]