tradition ontologique

Cette mise en évidence de l’origine des concepts ontologiques fondamentaux, dont les recherches visent à établir leur « acte de naissance », n’a rien à voir avec une mauvaise relativisation de points de vue ontologiques. La destruction n’a pas davantage le sens négatif d’une évacuation de la tradition ontologique. Au contraire, elle doit situer celle-ci dans ses possibilités positives, autant dire toujours dans ses limites, telles qu’elles sont factuellement données avec chaque problématique et avec la délimitation du champ possible de recherche tracée à partir d’elle. La destruction ne se rapporte pas de façon négatrice au passé, sa critique touche l’« aujourd’hui » et le mode dominant de traitement de l’histoire de l’ontologie, qu’il [23] relève de la doxographie, de l’histoire de l’esprit ou de l’histoire des problèmes. Mais la destruction ne veut point enfouir le passé dans le néant, elle a une intention positive ; sa fonction négative demeure implicite et indirecte. EtreTemps6

C’est seulement avec l’accomplissement de la destruction de la tradition ontologique que la question de l’être trouve sa concrétion véritable. C’est en elle qu’elle obtient la preuve complète du caractère indispensable de la question du sens de l’être, et qu’elle met ainsi en évidence le sens de l’expression : « répétition » d’une question. EtreTemps6

Ce qui exigera de montrer (cf. Ière partie, section 3) : 1. pourquoi, au début de la tradition ontologique qui est pour nous décisive – et explicitement chez Parménide – le phénomène du monde a été manqué ; d’où provient le retour constant de cette omission ; 2. pourquoi, en lieu et place de ce phénomène ainsi méconnu, c’est l’étant intramondain qui s’impose comme thème ontologique ; 3. pourquoi cet étant est de prime abord trouvé dans la « nature » ; 4. pourquoi le complément – ressenti comme nécessaire – d’une telle ontologie du monde s’accomplit en appelant à la rescousse le phénomène de la valeur. EtreTemps21