- Rivera
- Castilho
- Auxenfants
Rivera
La resolución precursora comprende al Dasein en su ser-culpable esencial. Este comprender quiere decir hacerse cargo, existiendo, del ser-culpable, ser el fundamento arrojado de la nihilidad. Ahora bien, hacerse cargo de la condición de arrojado significa para el Dasein ser en forma propia como él ya siempre era. Pero, hacerse cargo de la condición de arrojado sólo es posible en tanto que el Dasein venidero puede ser su más propio «como él ya siempre era», es decir, su «haber-sido». Sólo en la medida en que el Dasein es, en general, un «yo he sido», puede venir futurientemente hacia sí mismo, volviendo hacia atrás. Siendo venidero en forma propia, el Dasein es propiamente sido. El adelantarse hasta la posibilidad más propia y extrema es el retornar comprensor hacia el más propio haber-sido. El Dasein sólo puede haber sido en forma propia en la medida en que es venidero. El haber-sido (Gewesenheit) emerge en cierta manera del futuro. (STJR:341]
Castilho
Auxenfants
- NT: Le texte allemand porte ich bin-gewesen. La difficulté de traduction provient du fait que l’auxiliaire du passé composé du verbe être, en allemand, est le verbe être, alors qu’en français, c’est le verbe avoir. Comme le dit Paul Ricœur en commentant la phrase précédente (PR, page 128), « L’important ici est que l’imparfait du verbe être – ‘était’ – et l’adverbe qui le souligne – ‘déjà’ – ne se séparent pas de l’être, mais que le ‘tel qu’il était déjà’ porte la marque du ‘je suis’, comme il est possible de le dire en allemand : ‘ich bin gewesen’ ». Traduire par « avoir été » manquerait donc la signification profonde de l’expression en allemand. C’est pourquoi, plutôt que de reprendre les traductions peu orthodoxes retenues par E. Martineau et F. Vezin, à savoir je ‘suis-été’, j’ai préféré développer toute l’expression en gardant à gewesen son sens de participe passé explicite.
« Le passage du futur au passé cesse de constituer une transition extrinsèque, parce que l’avoir été paraît appelé par l’à venir et, en un sens, contenu en lui. Il n’est pas de reconnaissance en général sans reconnaissance d’obligation ; de là le fait que, en assumant l’‘être-ayant-été-lancé’, l’‘être-résolu’ prend sur soi l’obligation. » (PR, page 127 modifiée)[
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- NT: Écoutons Jean Greisch (JG, pages 320-321) encore, dans ce paragraphe absolument fondamental : « Et aussitôt se révèle une autre originalité de cette approche : loin d’être le pôle opposé du passé, le futur, compris existentialement, implique le ‘passé’ lui-même, à condition que celui-ci soit compris existentialement comme ‘assomption’ (Übernahme) de l’‘être-ayant-été-lancé’ et de l’‘être-obligé’ essentiel. Ici aussi, il convient de parler le langage de l’essence que Hegel utilisait déjà dès la première page de sa logique de l’essence dans la grande logique, quand il tirait partie des ressources linguistiques de la langue allemande pour dire : ‘Das Wesen ist, was gewesen ist’ [L’essence est ce qui a été], c’est-à-dire, précisait-il, ‘l’être passé, mais l’être passé intemporel’. La formule est remarquable dans la mesure où elle permet de montrer à la fois l’élément commun et la différence capitale entre l’analyse hegelienne et l’analyse heideggerienne. Pour l’un et l’autre, le problème est de ne pas séparer le passé de l’être, ce qui serait le condamner à l’irréalité. Mais pour Hegel, la dimension de l’essentiel se conquiert seulement au prix de la Zeitlosigkeit, de l’abolition du temps. Pour Heidegger au contraire, l’essentiel, c’est le temps lui-même. »[
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