Le comprendre – phénomène que nous aurons à analyser de plus près dans la suite (cf. §31 (EtreTemps31)) – tient les rapports indiqués dans une ouverture préalable. Dans le séjour familier au sein du monde ambiant, il se pro-pose ces rapports comme ce dans quoi son renvoyer se meut. Le comprendre se laisse lui-même renvoyer dans et par ces rapports. Le caractère de rapport de ces rapports du renvoyer, nous le saisissons comme signifier. Dans la familiarité avec ses rapports, le Dasein se « signifie » à lui-même, il se donne originairement son être et son pouvoir-être à comprendre du point de vue de son être-au-monde (In-der-Welt-sein). Le en-vue-de signifie (NT: Le verbe signifier étant ici à prendre au sens actif) un pour…, celui-ci un pour-quoi, celui-ci encore un « de » du laisser-retourner, celui-ci enfin un « avec » de la tournure (Bewandtnis). Ces rapports sont soudés entre eux en une totalité originaire – ils ne sont ce qu’ils sont que comme ce signifier où le Dasein se donne préalablement à lui-même son être-au-monde (In-der-Welt-sein) à comprendre. La totalité de rapports de ce signifier, nous la nommons la significativité (Bedeutsamkeit). Elle est ce qui constitue la structure du monde – de ce où le Dasein comme tel est à chaque fois déjà. Le Dasein est, en sa familiarité avec la significativité (Bedeutsamkeit), la condition ontique de possibilité de la découvrabilité de l’étant qui fait encontre dans un monde sur le mode d’être de la tournure (Bewandtnis) (être-à-portée-de-la-main) et peur ainsi s’annoncer en son être-en-soi. Le Dasein est, en tant que tel, toujours celui-ci ou celui-là ; avec son être est toujours déjà essentiellement découvert un contexte d’étant à-portée-de-la-main – le Dasein, pour autant qu’il est, s’est à chaque fois déjà assigné à un « monde » qui lui fasse encontre, à son être appartient essentiellement cette assignation. EtreTemps18
Par suite, les rapports de significativité (Bedeutsamkeit) qui déterminent la structure du monde ne sont point un réseau de formes qui serait surajouté à un matériau par un sujet sans monde. Bien plutôt le Dasein factice, se comprenant ekstatiquement, lui et son monde, dans l’unité du Là, revient-il de ces horizons vers l’étant qui fait encontre en eux. Le revenir compréhensif vers… est le sens existential du laisser-faire-encontre présentifiant de l’étant qui – et pour cette raison – est nommé intramondain. Le monde est pour ainsi dire « plus loin dehors » qu’un objet ne peut jamais l’être. Le « problème de la transcendance » ne peut être réduit à la question : comment un sujet sort-il vers un objet ? – la totalité des objets étant alors identifiée à l’idée de monde. Ce qu’il faut demander, c’est : qu’est-ce qui rend ontologiquement possible que de l’étant puisse faire encontre (begegnen) à l’intérieur du monde et être objectivé en tant que tel ? Le retour vers la transcendance du monde fondée ekstaticohorizontalement, voilà ce qui apporte la réponse. EtreTemps69
Grâce à la reconduction de l’être-au-monde (In-der-Welt-sein) à l’unité ekstatico-horizontale de la temporalité a été rendue intelligible la possibilité ontologico-existentiale de cette constitution fondamentale du Dasein. En même temps, il apparaît que l’élaboration concrète de la structure du monde en général et de ses possibles modifications ne peut être entreprise que si l’ontologie de l’étant intramondain possible est orientée de façon suffisamment sûre sur une idée clarifiée de l’être en général. Mais l’interprétation possible de cette idée requiert préalablement le dégagement de la temporalité du Dasein, au service duquel se trouve notre caractérisation actuelle de l’être-au-monde (In-der-Welt-sein). EtreTemps69
La datation du « alors » qui s’explicite dans le s’attendre préoccupé implique ceci lorsqu’il fait jour, il est temps de se mettre au travail du jour. Le temps explicité dans la préoccupation (Besorgen) est à chaque fois déjà compris comme temps de…, pour… Le « maintenant que ceci et cela » est à chaque fois comme tel approprié et inapproprié. Le « maintenant » – et ainsi tout mode du temps explicité – n’est pas seulement un « maintenant que… », mais, en tant que ce maintenant essentiellement datable, il est en même temps essentiellement déterminé par la structure de l’appropriement ou du non-appropriement. Le temps explicité a nativement le caractère du « temps pour… », ou du « ce n’est pas le temps pour… » Le présentifier s’attendant-conservant de la préoccupation (Besorgen) comprend le temps dans un rapport à un pour-quoi, qui, à son tour, est en dernière instance ancré dans un en-vue-de-quoi du pouvoir-être du Dasein. Avec ce rapport de pour…, le temps publié manifeste la structure où nous avions reconnu antérieurement (NA: Cf. supra, p. 83 sq., et §69 (EtreTemps69) c, p. 364 sq.) la significativité (Bedeutsamkeit). Celle-ci constitue la mondanéité (Weltlichkeit) du monde. Le temps publié a, en tant que temps de…, essentiellement un caractère mondain, et c’est pourquoi nous nommons le temps qui se publie dans la temporalisation de la temporalité le temps du monde – non point certes parce qu’il serait sous-la-main comme étant intramondain (il ne peut jamais être tel), mais parce qu’il appartient au monde dans le sens que nous avons interprété ontologico-existentialement. Comment les rapports essentiels de la structure du monde, par exemple le « pour… », sont liés, sur la base de la constitution ekstatico-horizontale de la temporalité, avec le temps public, par exemple le « alors que… », c’est ce qui doit nous apparaître dans la suite. En tout état de cause, c’est maintenant seulement que le temps de la préoccupation (Besorgen) se laisse complètement caractériser en sa structure : il est datable, tendu, public, et il appartient, en tant qu’ainsi structuré, au monde lui-même. Tout « maintenant » ex-primé naturellement-quotidienne (alltäglich)ment, par exemple, a cette (415) structure, et, comme tel, il est compris – quoique non thématiquement et préconceptuellement – dans le se-laisser-le-temps préoccupé du Dasein. EtreTemps80