Em seu cinismo, os dominantes deixam claro que estão cansados de usar as máscaras da hipocrisia. Eles brilham com a ironia de quem se deu bem. Para eles, dimensões como honra, decência, amor à liberdade, tato e empatia são meros clichês no Grande Teatro do Mundo. Eles gostam da convicção de que podem reivindicar o direito a exceções para si mesmos a qualquer momento. Atualmente, Warren Buffett é um dos que estão no topo e que, às vezes, acham que não precisam mais de máscara: “Há uma guerra de classes acontecendo, isso é perfeitamente verdade, mas é a minha classe, a classe rica, que faz a guerra, e estamos ganhando.
Par « cynisme », il faut dans un premier temps entendre un phénomène de désinhibition : en lui, la franche énonciation de la vérité – cette vertu de la parrhesia dont le Foucault tardif a fait l’éloge – atteint le palier de l’autodémasquage. Si l’hypocrisie était une révérence du vice à la vertu, le cynisme met quant à lui en œuvre le refus que le mensonge oppose à la convention consistant à se couvrir d’idéalisme. Cela suppose l’assouplissement de la contrainte du port du masque pour les deux parties du pacte d’illusion qui fonde l’idéologie. Lorsque ceux d’en haut font tomber le masque, ils cessent de dissimuler l’indifférence que leur inspire ce souci du bien commun qu’on leur prête officiellement. « Après nous le déluge », le bon mot que, selon la tradition (ou la légende), Mme de Pompadour aurait prononcé afin de ne pas devoir interrompre une fête élégante, en novembre 1759, apprenant la nouvelle de la défaite des troupes françaises face aux Prussiens, près de Rossbach, illustre de manière exemplaire la tendance qu’avaient les nobles à la désinhibition. Ces derniers sont emplis par la conviction qu’eux-mêmes ne seront plus touchés par le Déluge. Marie-Antoinette, l’épouse de Louis XVI, aurait fait un pas supplémentaire dans la malveillance en lançant, face aux émeutes de la faim qui éclataient à Paris : « Si le peuple n’a pas de pain, qu’il mange de la brioche. » Ce bon mot pourrait faire partie de ces anecdotes qui, pour parler avec Bruno, sont bien inventées à défaut d’être vraies.
Dans leurs cynismes, les dominants font savoir qu’ils sont las de porter les masques de l’hypocrisie. Ils brillent avec l’ironie de celui qui s’en est bien tiré. Pour eux, des dimensions comme l’honneur, la décence, l’amour de la liberté, le tact et l’empathie sont de simples clichés dans le Grand Théâtre du Monde. Ils jouissent de la conviction qu’ils pourraient à tout moment revendiquer à leur profit le droit aux exceptions. De nos jours, Warren Buffett compte au nombre de ceux qui, tout en haut, pensent parfois ne plus avoir besoin de masque : « Il y a une guerre des classes, c’est parfaitement exact, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui fait la guerre, et c’est nous qui gagnons. »
Du côté plébéien – après la dissolution du pacte de stabilité des illusions sociocompatibles – c’est le cynisme de la « plèbe » qui se déchaîne. La tendance à la désinhibition est littéralement tangible depuis le dernier tiers du XVIIIe siècle, notamment en France – et elle est inséparable des ambiances de troubles prérévolutionnaires. Compte parmi la « plèbe » (Pöbel), au sens où l’entend Hegel, celui qui se considère comme trop pauvre pour vouloir s’offrir la comédie du bon comportement. Ce que le cynisme d’en haut a en commun avec le cynisme du bas, c’est que tous deux se dispensent de satisfaire aux exigences jugées excessives d’une morale universelle. Le scepticisme cynique des petites gens se réfère fréquemment à l’amoralité des grands. Quelle que soit la personne qui viole les règles de la convenance, elle se félicite de son réalisme. Nietzsche écrivait à juste titre : « Le cynisme est la seule forme sous laquelle les âmes vulgaires accèdent à la probité. »