Richir (2000:43-44) – linguagem e língua

(Richir2000)

L’élargissement de la phénoménologie, nous le proposons, on le sait, d’une part par la prise en compte du langage phénoménologique, des phénomènes de langage et des Wesen de langage — le langage étant ici à distinguer rigoureusement de la langue, toujours symboliquement instituée —, c’est-à-dire de la Sinnbildung, à distinguer rigoureusement de la Sinnstiftung, puisque la Bildung, la formation du sens en train de se faire, n’est pas la Stiftung, l’institution du sens, puisque le sens qui se forme, et ne se forme que dans la temporalisation/spatialisation en présence, n’est pas le sens qui s’institue, et qui est déjà, comme sens intentionnel dans son acception husserlienne, une sorte d’éclat, de condensé ou de morceau, proche de la signification, du sens en train de se faire ; et d’autre part par la prise en compte corrélative, mais plus lointaine, plus difficile à mettre en évidence, des phénomènes hors-langage (hors du langage phénoménologique), des phénomènes-de-monde comme relevant d’autres «structures» de temporalisation/spatialisation que nous nommons proto-temporalisation/proto-spatialisation, plus «archaïques» (architectoniquement) que celles qui donnent lieu à la présence, puisqu’elles ouvrent aux dimensions ou aux horizons de l’immémorial et de l’immature. Dans cette perspective, rappelons que nous nommons transpositions architectonique le passage, que l’on ne peut relever qu’architectoniquement, par la réduction architectonique, et nullement dans un présent vivant en flux, des entre-aperceptions de langage qui tissent le sens se faisant en langage (en présence), aux aperceptions de langue, c’est-à-dire aux aperceptions énonçables en langue, quelle que soit la difficulté ou la subtilité de cette énonciation, ces aperceptions étant toujours déjà codées par la langue, instituées par elle, ou pouvant toujours, à tout le moins, être recodées (réélaborées symboliquement) par elle. C’est dire, alors même que le «référent» des phénomènes de langage ne peut consister qu’en les phénomènes-de-monde hors langage, que le « référent » de la langue ne peut, au fil de la transposition architectonique, consister qu’en ce qui est là, présenté, dans une Darstellung, par les aperceptions de langue, et que cette Darstellung est tout d’abord à prendre, ici, au sens où elle s’exhibe dans ce que Husserl nomme l’attitude (ou l’installation) naturelle 1. Si bien que, si nous y réfléchissons, nous avons une chance de saisir quelque chose de la transposition architectonique dans le mouvement de ce que nous nommerons la Darstellbarkeit propre à l’aperception, et même, jusque dans les analyses de Husserl, dans les mouvements de Darstellbarkeit intuitive propres aux divers types éidétiques d’aperceptions qu’il examine et que nous avons désignés comme «élémentaires» (perceptions, souvenirs, phantasiai, etc.) Car si, chez Husserl, toute aperception est aperception de quelque chose, elle l’est de quelque chose qui peut être (sans le devoir nécessairement) en voie de Darstellung intuitive, sans que jamais pour autant, cette Darstellung puisse pour ainsi dire saturer d’intuition. Il reste en effet, dans toute aperception, du vide intuitif — et nous verrons même que sans lui il n’y aurait pas d’intentionnalité. Notre hypothèse sera en quelque sorte que ce vide est la « mémoire » ou la « trace » de la transposition architectonique au niveau même de l’intuition. Et que cela a pour conséquence de changer le sens ou le statut de l’intentionnalité.

  1. Nous empruntons à B. Besnier l’expression judicieuse d’« installation » pour Einstellung.[↩]
Excertos de

Heidegger – Fenomenologia e Hermenêutica

Responsáveis: João e Murilo Cardoso de Castro

Twenty Twenty-Five

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