Marion (2020:C1) – o privilégio de uma questão

[(O mundo não se abre primeiro como um espaço, avança, descobre-se e desenrola-se como um fluxo. Neste rio não me banho à bel-prazer, aí não vou à vontade, porque ele não cessa de me acontecer, surgir sobre mim e quase me arrastar na torrente disto que me aparece. Não se trata de um fluxo de consciência, porque este fluxo não pertence à minha consciência, não escoa nela, mas, ao contrário, lhe pertence e se escoa com ela e nela.)]

Le monde ne s’ouvre pas d’abord comme un espace, il s’avance, se découvre et se déroule comme un flux. Dans ce fleuve, je ne m’y baigne pas à mon gré, je ne m’y dirige pas volonté, parce qu’il ne cesse de m’arriver, de surgir sur moi et m’entraîner presque dans le torrent de ce qui m’apparaît. Il ne s’agit pas d’un flux de conscience, parce que ce flux n’appartient pas à ma conscience, ne coule pas en elle, mais elle, au contraire, lui appartient et s’écoule avec et en lui. Il ne s’agit pas d’un monde immobile, d’une totalité des étants fixés dans l’existence présente, mais de la totalité des possibles qui m’adviennent comme des choses et m’observent « avec des regards familiers »1 ; car mes sens ne cessent de recevoir, comme un possible qui jamais ne se répète, non pas des couleurs, des sons et goûts, des parfums ou des résistances lisses ou rugueuses –, mais directement et d’emblée des choses qui m’adviennent en personne : une maison blanche et bleue, une pomme dure et acide, un chemin mal pavé et glissant sous le pied. Il ne s’agit pas d’apparences, mais d’apparitions, qui surgissent d’une bouche d’ombre invue, qui aussitôt ou presque se réunissent, se fixent et se constituent en choses, les choses du monde, celui qui détermine ma vie et me permet d’habiter. Un tel courant continu, je ne puis dire s’il m’enserre ou si plutôt il me traverse, s’il glisse sur moi ou plutôt s’il m’envahit et me submerge. « Tout s’enfle contre moi, tout m’assaut, tout me tente.2 » À moins que le flux n’opère tout à la fois, et que je ne conquière mon identité qu’à tenter, sans jamais y parvenir définitivement, de le distinguer pour lui résister.

D’ailleurs, la révélation: contribution à une histoire critique et à un concept phénoménal de révélation. Paris: Bernard Grasset, 2020

  1. C. Baudelaire, « Correspondances », Les Fleurs du mal, in éd. Y.-G. Le Dantec et C. Pichois, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, Pléiade, 1966, p. 11.[↩]
  2. J. de Sponde, « Sonnet », éd. A.-M. Schmidt, Poètes du XVIe siècle, Paris, Gallimard, Pléiade, 1953, p. 898.[↩]
Excertos de

Heidegger – Fenomenologia e Hermenêutica

Responsáveis: João e Murilo Cardoso de Castro

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