Le caractère historial des antiquités encore conservées se fonde donc dans le « passé » du Dasein au monde duquel elles appartenaient. Dès lors, ce serait seulement le Dasein « passé » qui serait historial, non pas le Dasein « présent ». Mais le Dasein peut-il en général être passé, si nous déterminons ce mot « passé » au sens de « maintenant plus sous-la-main ou à-portée-de-la-main » ? Manifestement, le Dasein ne peut jamais être passé, non point parce qu’il est impérissable, mais parce qu’il ne peut essentiellement jamais être sous-la-main, mais, s’il est, existe. Or justement, un Dasein n’existant plus, au sens ontologique strict, n’est point passé, mais ayant été-Là. Les antiquités encore sous-la-main ont un caractère de « passé » et d’histoire sur la base de leur appartenance outil [Zeug]itaire à, et de leur provenance depuis un [381] monde ayant-été d’un Dasein ayant-été-Là. C’est celui-ci qui est le primairement historial. Mais est-ce à dire que le Dasein ne devienne historial que du fait qu’il n’est plus Là ? Ou bien n’est-il pas justement historial en tant que facticement existant ? Le Dasein est-il seulement ayant-été au sens de l’ayant-été-LÀ, ou bien n’est-il pas « été » en tant que présentifiant-à-venir, c’est-à-dire dans la temporalisation de sa temporalité ? [EtreTemps73]