Verhaltenheit

Verhaltenheit, retenue, retenção, moderação, reserva, retención, reservedness, restraint, restrição

De la retenue, Heidegger parle plus particulièrement en 1937-1938 dans les Questions fondamentales de la philosophie (§ 1), et surtout en 1936-1938 dans les Apports à la philosophie (§ 13 notamment) où s’esquisse une pensée dont la venue dépend moins d’un travail du concept que de l’éveil de cette tonalité fondamentale. Irréductible à un sentiment subjectif et passager qui ne serait abordé qu’en passant, la retenue donne le ton à tout l’ouvrage et en traversant la pensée de fond en comble, elle est à même de lui donner par-delà toute méthode l’unité d’un style marqué par la sobriété. Font obstacle à son éveil le calcul prétendant rendre compte de tout et tout utiliser, la vitesse et la course aux performances, l’irruption de masses indistinctes (§ 58). Ni abstention indifférente ni rétention avaricieuse, la « tonalité fondamentale » (Grundstimmung) de la retenue répond à l’urgence de l’époque en tenant le milieu entre les deux « tonalités directrices » (Leitstimmungen) que sont l’effroi et la pudeur, en elle originairement unis : effroi devant la proximité de l’étant qui, laissé à lui-même et livré à un déchaînement de puissance nihiliste, n’engendre qu’un vide désertique dissimulé par l’héroïsme tapageur, l’ivresse bruyante des expériences vécues, l’affairement culturel ; et pudeur devant l’éloignement de l’estre comme Ereignis. Entre effroi et pudeur, entre la métaphysique finissante et l’autre pensée commençante, il s’agit de se tenir avec endurance à la plus fine pointe d’un instant unique où tout se tient en instance et en attente (die Inständigkeit, du latin instans, participe présent du verbe instare, « se tenir debout » et « se tenir près de »), en ménageant la possibilité d’une décision à venir et d’un tournant de l’histoire. La retenue apparaît ainsi comme le fondement du souci, compris non comme inquiétude morose mais comme le lieu de l’instant où s’unissent dans leur jeu réciproque les trois dimensions du temps. La retenue tient ensemble le premier commencement, celui de l’aurore grecque, et l’autre commencement en préparant un passage de l’un à l’autre, et elle se maintient sur le seuil de ce dont elle pressent l’imminence. Entre ce qui s’en va et ce qui s’en vient, elle prépare le règne du dernier dieu, encore sans nom, qui appelle une parole adressée comme dans un souffle dont le murmure léger, aux confins du silence, fait signe en direction de ce qui ne peut être entièrement énoncé. En elle se tiennent, peu nombreux, ceux qui sont à venir, Hölderlin étant le plus éminent d’entre eux (§ 248). (LDMH)


7. A tonalidade afetiva fundamental da fundação é a retenção (cf. lá).

8. A retenção é a referência insigne, instantânea ao acontecimento apropriador no ser chamado por meio de seu conclamar. (GA65, §11, tr. Casanova)


The attunement is wonder or astonishment, the Greek thaumazein. That of the other beginning is reservedness (Verhaltenheit) or the grounding attunement and response of the human being’s relation to being, which keeps back its “gift” of unconcealment and preserves its mystery. (Schalow & Denker, 2010, p. 35)


VIDE: (Verhaltenheit->http://hyperlexikon.hyperlogos.info/modules/lexikon/search.php?option=1&term=Verhaltenheit)