praxis

VIDE Handeln, poiesis, tun, creare

πρᾶξις: «acción». [NB, pp. 41-42 (ἀλήθεια πρακτική aletheia praktike); GA19, pp. 38-39, 49, 53, 122, 139-140, 176, 272-285 (posibilidades fundamentales de apropiación: πρᾶξις y λόγος [logos]); GA20, p. 440; GA24, pp. 194, 200 (= ser libre), 200; SZ, p. 69 (≠ teoría).] [LHDF]


πραξις (ή)
GA2 92; SZ 68; GA6 52, 53; GA9 58, 255, 314; GA17 22; GA18 37, 39, 58, 60, 65-7, 69-71, 74, 78, 79, 85, 91, 94, 97-100, 103, 105, 127, 140, 144, 147, 158, 159, 171, 174, 176, 179, 180, 182, 183, 188-91, 193, 216-18, 236, 264, 278, 305-7, 329, 356, 360, 370, 373; GA19 18, 38, 39, 44, 49, 51, 53, 75, 76, 90, 122-5, 129, 138-40, 143, 146, 147, 149, 151, 156, 157, 160, 162, 166, 167, 174, 176, 177, 244, 269, 271, 272, 274, 299, 590-3, 595, 599, 612, 647, 648; GA22 99, 188, 312; GA24 405; GA26 181, 183, 236, 237; GA27 172-7, 179, 198, 199, 372; GA28 13, 173, 350; GA31 23, 24, 86, 196; GA36/37 31; IM 62; GA41 70; GA43 65; GA48 40; GA54 118, 124; GA55 368, 381; GA62 23, 46, 105, 106, 113, 255, 277, 278, 383, 407-9, 411, 412, 418; GA63 27; GA66 389, 390, 393; GA69 155; EC6 22, 131; GA89 23; GA90 43, 46, 356. (HC)


L’autre faire n’est pas un faire-être mais un faire qui est lui-même un être. La πρᾶξις ne fait pas être quelque chose, c’est une manière d’être, par opposition à un faire être. « Arrête de faire l’idiot » signifie : Arrête de te comporter comme un idiot. En allemand se retrouve la même distinction dans tun und machen : tun est le même mot que facere, mais accentué différemment, et machen c’est faire quelque chose, et même exercer une activité comme faire une promenade, jouer de la flûte, vivre, pour prendre les exemples d’Aristote. On pourrait donner comme exemple : vivre en θεωρία (qui n’est pas le contraire de πρᾶξις, quoi qu’on en dise).

— Et la σοφία [sophia] ? Est-elle une πρᾶξις!
[…] Rodin fait ainsi des sculptures comme le cordonnier fait des chaussures, mais ses sculptures ne sont pas aussi limitées dans leur statut de choses faites que des chaussures, car c’est une chose faite où le faire continue d’exister. Aussi une sculpture s’appelle-t-elle encore «sculpture», tandis que la menuiserie en tant que telle a complètement disparu de la table. L’étant qui est l’aboutissement de la menuiserie est devenu complètement indépendant de celle-ci : l’étant est là. La table n’est pas là pour me rappeler la menuiserie. La sculpture non plus, mais dans la σοφία [sophia] il y a comme un élément de πρᾶξις qui resurgit.

La sculpture est ainsi un travail où il y a déjà, ou plutôt où il peut y avoir presque quelque chose qui ressemble à une πράξιc. La représentation théâtrale est un art praxique, comme la danse (une fois qu’on a terminé la promenade, il n’y a plus de promenade : la promenade n’a d’existence que pendant qu’on se promène ; la vraie promenade, c’est le moment où je me promène). Il n’y a certes pas d’unité des arts chez les Grecs, mais où est l’élément commun aux arts poïétiques et aux arts praxiques ? La sculpture fait être un étant sculpté : qu’y a-t-il de plus frappant dans cet étant ? Son caractère achevé, ou bien ce qui renvoie à une πρᾶξις ? Son côté étant, ou son côté sculpté ? Dans l’art moderne, le côté étant apparaît de moins en moins fixe.

Ce qui apparaît dans la table, c’est, comme dit Platon, son εἶδος-table [eidos]. Mais la σοφία est une modalité de savoir-faire qui débouche sur quelque chose de beaucoup plus ouvert. Comment peut-il donc se faire que quelque chose qui en principe est très clairement poïétique puisse avoir un côté praxique ? C’est là une caractéristique de la condition humaine. La vie elle-même, βίος, ne peut se faire en vue d’autre chose. Il y a un élément inévacuable de πρᾶξις. C’est cet élément humain qui ramène la ποίησις à la πρᾶξις. Même celui qui est obligé de travailler pour vivre est ramené de tous côtés vers cette possibilité de faire ce qu’il fait pour le faire. Le bonheur est la possibilité de faire ce que l’on fait parce qu’on a envie de le faire. Nous sommes toujours obligés de faire ceci pour cela; mais il y a un autre côté tout aussi inévacuable : la possibilité pour l’être humain de faire simplement quelque chose pour le faire. [FHQ:49-52]