Revenons au mot « connaissance » (Erkenntnis; Kenntnis) : il a ceci de bon qu’il sort la θεωρία de la vision religieuse qui s’entend nécessairement dans le mot «contemplation». Mais le mot « connaissance » ne rend pas compte du fait que θεωρία est une forme bien précise de connaissance. La θεωρία se définit chez Aristote comme le face-à-face avec l’être (l’être n’est pas Dieu). Il y a par exemple théorie de la vie quand je suis capable de faire face à ce qui fait la vie. Il y a vie partout où il y a conservation (capacité de se reconstituer) et reproduction de la vie. La cicatrisation par exemple est une capacité à se reconstituer, à se reproduire et ainsi de suite. Aristote qui ne pense pas comme nous, c’est-à-dire n’a pas de visées instantanément infinies, dit tout à fait posément que chez les êtres vivants, ce sont les espèces qui sont immortelles, car elles ne périssent pas comme les individus (De la génération des animaux, II, 1, 731 b). Aristote ne cherche pas midi à quatorze heures, il réfléchit dans un cadre limité à l’expérience humaine, de mémoire d’homme ; il ne se demande pas comme aujourd’hui quelle était la figure de la constellation de la Lyre il y a cent millions d’années. (FHQ:48)