horizon ontologique

(Cependant), dans le cadre présent d’une analytique existentiale du Dasein factice, la question s’élève de savoir si la guise citée de donation du Moi ouvre – à supposer qu’en général elle l’ouvre – le Dasein en sa quotidienneté (Alltäglichkeit). Est-il en effet « évident » a priori que l’accès au Dasein doive prendre la forme de cette réflexion purement accueillante qui réfléchit des actes sur le Moi ? Et si au contraire ce mode d’« autodonation » représentait pour l’analytique existentiale une séduction, certes fondée dans l’être du Dasein lui-même ? Peut-être le Dasein, dans son interpellation première de lui-même, dit-il toujours : c’est moi et le dit-il même le plus vigoureusement lorsqu’il « n’ » est « pas » cet étant ? Précisément : si la constitution du Dasein, selon laquelle il est toujours mien, était la raison même pour laquelle le Dasein, de prime abord et le plus souvent, n’est pas lui-même ? Si l’analytique existentiale, (116) en prenant le point de départ cité dans la donation du Moi, tombait pour ainsi dire dans les rets du Dasein et de l’interprétation immédiate de lui-même à laquelle lui-même cède ? S’il devait nous apparaître que l’horizon ontologique pour la détermination de l’étant accessible dans une pure et simple donation demeure foncièrement indéterminé ? Sans doute l’on peut toujours dire ontiquement avec une certaine légitimité de cet étant que « je » le suis. Et pourtant, l’analytique ontologique qui fait usage de tels énoncés doit les soumettre à des réserves fondamentales. Le « Moi » ne peut être compris qu’au sens d’une indication formelle non contraignante de quelque chose qui, pour peu qu’on le rétablisse dans le contexte phénoménal d’être où il prend place à chaque fois, est peut-être appelé à se dévoiler comme son « contraire ». Un « non-Moi », dans ce cas, ne signifiera pas un étant essentiellement dépourvu de l’« égoité », mais un mode déterminé de l’être du « Moi » lui-même – la perte de soi, par exemple. EtreTemps25

Le souci est ontologiquement « antérieur » à tous les phénomènes cités qui, bien entendu, pourraient dans une certaine mesure être adéquatement « décrits » sans que leur horizon ontologique plein dût être visible, voire même en général connu. La présente recherche fondamental-ontologique, qui n’aspire ni à une ontologie complète du Dasein, ni surtout à une anthropologie concrète, peut se borner à fournir ici une indication sur la manière dont ces phénomènes sont fondés existentialement dans le souci. EtreTemps41

Dès lors, si l’on se tourne du côté du mode d’être vulgaire du Dasein lui-même, rien ne garantit que l’explicitation de la conscience (Gewissen) issue de lui et les théories de la conscience (Gewissen) orientées sur lui soient en possession de l’horizon ontologique adéquat nécessaire à leur interprétation. Et pourtant, il faut aussi que l’expérience vulgaire de la conscience (Gewissen) touche en quelque manière – préontologique – le phénomène. Or il résulte de là deux données : l’explicitation vulgaire de la conscience (Gewissen), d’un côté, ne saurait valoir comme critère ultime de l’« objectivité » d’une analyse ontologique ; mais celle-ci, d’un autre côté, n’a pas le droit de (290) s’élever au-dessus de la compréhension quotidienne (alltäglich) de la conscience (Gewissen) et de passer à côté des théories anthropologiques, psychologiques et théologiques de la conscience (Gewissen) fondées sur elle. Si l’analyse existentiale a libéré le phénomène de la conscience (Gewissen) en son enracinement ontologique, c’est alors justement que les explicitations vulgaires doivent devenir intelligibles à partir d’elle, y compris dans la mesure où elles manquent le phénomène, et dans les raisons qui le lui font recouvrir. Comme cependant l’analyse de la conscience (Gewissen), dans le cadre problématique du présent essai, ne se tient qu’au service de la question ontologique fondamentale, la caractérisation de la connexion entre interprétation existentiale de la conscience (Gewissen) et explicitation vulgaire de la conscience (Gewissen) devra se contenter d’une indication des problèmes essentiels. EtreTemps59

Quant à la troisième des objections citées, elle se fonde sur le fait que l’expérience quotidienne (alltäglich) de la conscience (Gewissen) ne connaît rien de tel qu’un être-ad-voqué à l’être-en-dette. Ce que nous devons concéder. Seulement, l’expérience quotidienne (alltäglich) de la conscience (Gewissen) nous garantit-elle par là que la pleine teneur possible de l’appel de la voix de la conscience (Gewissen) est entendue en elle ? De ce qu’elle invoque, suit-il que les théories de la conscience (Gewissen) fondées sur elle se soient assurées de l’horizon ontologique adéquat requis par l’analyse du phénomène ? (293) Et ce mode d’être essentiel du Dasein qu’est l’échéance ne montre-t-il pas bien plutôt que cet étant, de prime abord et le plus souvent, se comprend à partir de l’horizon de la préoccupation (Besorgen), mais qu’il détermine ontologiquement l’être au sens de l’être-sous-la-main ? Or il résulte de là un double recouvrement du phénomène : d’une part la théorie prétend discerner une séquence (Abfolge) de vécus ou de « processus psychiques » pourtant le plus souvent totalement indéterminée en son mode d’être ; d’autre part, la conscience (Gewissen) s’offre alors à l’expérience comme un juge et un moniteur, avec lequel le Dasein débat sous la forme d’une transaction. EtreTemps59

Ce que nous avons jusqu’à maintenant caractérisé comme historialité d’après le provenir contenu dans la résolution devançante, nous l’appelons l’historialité authentique du Dasein. Il nous est apparu clairement, à partir des phénomènes – enracinés dans l’avenir – de la délivrance (tradition) et de la répétition, pourquoi le provenir de l’histoire authentique a (387) son poids dans l’être-été. En quelle guise cependant ce provenir comme destin doit constituer l’« enchaînement » total du Dasein depuis sa naissance jusqu’à sa mort, voilà qui ne devient que plus énigmatique. Quelles lumières le retour à la résolution peut-il nous apporter là-dessus ? Une décision ne serait-elle donc à nouveau qu’un « vécu » singulier dans la séquence (Abfolge) de l’enchaînement total des vécus ? L’« enchaînement » du provenir authentique consisterait-il par exemple en une suite sans lacune de décisions ? À quoi cela tient-il que la question de la constitution de l’« enchaînement de la vie » ne trouve point de réponse vraiment satisfaisante ? N’est-ce point que la recherche, en fin de compte, dépend trop précipitamment de l’obtention de cette réponse, sans avoir préalablement examiné la question elle-même en sa légitimité ? En effet, de tout le cours antérieur de l’analytique existentiale, rien ne se dégage si nettement que le fait que l’ontologie du Dasein ne cesse toujours de nouveau de succomber aux séductions de la compréhension vulgaire de l’être. Or à celle-ci, il n’est possible de donner méthodiquement la réplique que si nous nous enquérons de l’origine de cette question pourtant si « évidente » de la constitution de l’enchaînement du Dasein et déterminons dans quel horizon ontologique elle se meut. EtreTemps74

Excertos de

Heidegger – Fenomenologia e Hermenêutica

Responsáveis: João e Murilo Cardoso de Castro

Twenty Twenty-Five

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