Exposant la tâche de l’explicitation phénoménologique de l’ego transcendantal, Husserl écrit : « Il faudra s’en tenir strictement aux données pures de la réflexion transcendantale, les prendre exactement comme elles se donnent dans l’intuition de l’évidence directe, et écarter d’elles toutes les interprétations dépassant ce donné. » 5
L’approfondissement de ce problème où se décide, il est vrai, le fondement de la philosophie, nous met en présence de difficultés extraordinaires, qui convergent toutes vers la question de la possibilité d’une « science absolument subjective », science dont Husserl se crut le possesseur. 7
C’est nous, disait Husserl, qui sommes les vrais positivistes. 8
C’est lorsque l’élément proprement théorique de la connaissance se borne à exprimer le donné intuitif dans des significations qui lui correspondent rigoureusement qu’il peut servir, à titre de fondement, pour le développement ultérieur de la connaissance et être ainsi ce que Husserl appelle un « commencement absolu », ou encore un « principe ». 8
« Dans la sphère du psychique, dit Husserl, il n’y a pas de différence entre être et apparence. » 8
La compréhension du statut transcendantal de l’éloignement nous invite à réfléchir sur le caractère non originaire de la signification des concepts de « proche » et de « lointain » déjà en usage dans la philosophie classique et repris par Husserl dans la phénoménologie de la raison. 9
Sans doute Husserl dit-il que la conscience n’est rien du monde, mais par monde il n’entend que la totalité de l’étant, et que la conscience ne soit rien du monde ainsi entendu, cela signifie seulement que, comme essence ontologique, elle n’est elle-même, dans sa transcendance à l’égard de tout l’existant, que le monde lui-même dans sa mondanité pure. 11
Que la finitude trouve son ultime fondement non dans le contenu ontique de la représentation mais dans la structure même de celle-ci, Husserl l’avait déjà compris. 15
Étudiant dans Erfahrung und Urteil le problème des substrats absolus, Husserl montre que le seul substrat absolu est la nature, mais celle-ci n’est jamais, dit-il, « le thème d’une saisie simple ». 15
Certes, dit Husserl, on ne peut pas dire… à priori que n’importe quel objet déterminé peut exhiber de soi des déterminations propres en nombre infini… Pourtant son horizon de déterminabilité indéterminée est toujours essentiellement donné avec lui. » 15
A la question posée par Husserl de la possibilité d’une conscience sans monde, la réponse est donnée avec la conscience de l’imagination. 34
affirme d’une manière plus générale un commentateur de Husserl, me cache ma subjectivité transcendantale. » 45
Ainsi Husserl montre-t-il comment, à partir du présent vivant où il se donne primitivement, tout vécu tombant, conformément à la légalité éidétique qui régit la constitution de la temporalité immanente et domine la vie concrète de la conscience, dans la rétention, subit en celle-ci et dans ses phases successives une série de modifications phénoménologiques dont l’aboutissement est « le tréfonds universel… ce qu’on appelle l’inconscient qui n’est rien moins qu’un néant phénoménologique mais qui, ajoute Husserl, est lui-même un mode limite de la conscience ». 51
Bien entendu, « contenu transcendant » et « contenu immanent » doivent être pris dans un sens radical tel que « transcendant » désigne tout ce qui n’est pas la vie elle-même dans sa subjectivité absolue, à savoir non seulement les significations transcendantes visées par les intentionnalités objectives mais, de la même manière, les esquisses des choses, leurs apparences subjectives, les silhouettes et les données « immanentes », dans la terminologie de Husserl, à partir desquelles les choses sont constituées. 56
Qu’après cela l’être total de la sensation — son contenu représentatif irréel et aussi sa réalité comme réalité affective immanente dans la sphère de la subjectivité absolue — se trouve constitué, retenu dans la rétention, et se profile ainsi comme une unité transcendante, « immanente » selon la terminologie de Husserl, dans le flux de la conscience interne du temps, n’affecte en rien le statut ontologique de la sensation originelle, empêche seulement la pensée de le comprendre. 57
Un tel phénomène, celui d’une modification et non d’une destruction de l’être du sentiment, n’est-il pas visible dans l’introspection psychologique, dans la réflexion en général, comme lié à ces actes et comme ce qui les caractérise justement dans leur relation au contenu qu’ils appréhendent chaque fois, au sentiment dans le cas qui nous occupe ? Celui-ci, sous sa forme modifiée, n’est-il pas saisi en lui-même dans le regard de la conscience et par lui ? Considérons l’exemple de Husserl, l’exemple d’une joie ressentie dans l’accomplissement d’un travail phénoménologique fécond. 61