Fink (1994b:221-222) – compreensão do ser (Seinsverständnis)

Par le terme «compréhension de l’être» nous visons un concept qui englobe des concepts clairs et des concepts imprécis, mais aussi des représentations générales, des images de pensée et des modèles ontologiques, dans lesquels, à l’occasion de l’accomplissement de nos expériences, nous présupposons d’ores et déjà les structures des choses, la construction des objets de connaissance, l’être-singulier et l’être-général de l’étant dans le monde, la relation de «l’essence» et du «fait», de l’essence et de l’apparition, les différences entre le fait d’être et l’être-vrai, entre l’être-contingent, effectif, possible, et l’être-nécessaire. Nous laissons de côté la vieille question controversée de savoir si l’esprit humain est doté a priori de l’arsenal de ces concepts, ou si celui-ci représente un instrument de pensée formé tout d’abord dans le cours de l’expérience humaine collective et communicative en vue de la maîtrise d’un monde paraissant dans un premier temps de façon amorphe. Les siècles de l’histoire de la pensée européenne ont travaillé à cet arsenal et tenté de le systématiser. Les concepts formels vides des sciences idéales, mais aussi les concepts ontologiques matériels des domaines de choses, les concepts de genre et d’espèces, les concepts réflexifs de l’identité, de la différence, de l’être-autre, de l’être-fondement, mais aussi les concepts «transcendantaux» tels que ens, unum, verum, bonum, (222) les concepts de mesure, de limite, d’espace et de temps, et enfin le concept universel du monde — tout cela appartient à la compréhension explicite et articulée de l’être que la philosophie tente toujours à nouveau d’exprimer. En cela, elle pense ce que les hommes «comprennent» préalablement et de manière irréfléchie dans toutes les dimensions de leur Dasein. Au processus de Γ auto-compréhension humaine appartient plus que la seule conversion thématique vers le sujet de la connaissance. L’homme ne peut «se» saisir que s’il prend en considération en même temps «tout ce qui est», il est l’être vivant qui habite le monde en le comprenant. Il serait absurde de vouloir formuler un «humanisme» sans l’ouverture au monde du genre humain. A la compréhension de soi de l’homme appartient la tentative d’éclairer spirituellement les rapports à la «nature», c’est-à-dire à l’étoffe sans vie de la matière du monde, ainsi qu’à la «vie» dans les végétaux et les animaux qui nous entourent d’une manière à la fois familière et étrangère, ainsi qu’à la co-existence (Mitdasein) avec les autres hommes, et enfin de supporter et de mener à son terme la pensée inouïe qui, en tant que totalité unitaire de l’univers dérange l’esprit humain, mais aussi le propulse, lui donne une «transcendance» dans le supra-fini. Que l’on veuille saisir la pensée du monde comme une idée régulatrice de la raison, comme Kant, ou comme la vie infinie de la raison absolue, comme Hegel, les thèses philosophiques sont précédées par des rapports au monde de l’existence humaine, rapports au monde plus originaires que ces thèses. De quelle nature sont les projets du monde, les horizons de la compréhension du monde qui préparent et fondent les explicitations ontologiques expresses ? Telle est la question que nous voulons poser.