é-tendue

La question, en effet, ne peut être : comment le Dasein obtient-il l’unité d’enchaînement permettant après coup de lier la séquence (Abfolge) passée et actuelle des « vécus », mais : en quel mode d’être de lui-même le Dasein se perd-il de telle manière qu’il doive pour ainsi dire ne se reprendre qu’après coup à partir de la distraction et inventer pour l’ensemble ainsi réuni une unité englobante ? La perte dans le On (das Man) et dans le mondo-historial s’est dévoilée antérieurement comme fuite devant la mort. Cette fuite devant… manifeste l’être pour la mort comme une déterminité (Bestimmtheit) fondamentale du souci. La résolution devançante porte cet être pour la mort à l’existence authentique. Or le provenir de cette résolution, autrement dit la répétition auto-délivrante de l’héritage des possibilités, a pu être interprété comme historialité authentique. Serait-ce que celle-ci contient l’être-é-tendu originaire, non perdu – et étranger à la nécessité d’un « enchaînement » – de l’existence totale ? La résolution du Soi-même contre l’in-stabilité de la distraction est en soi-même la continuité é-tendue où le Dasein en (391) tant que destin tient « inclus » dans son existence la naissance, la mort et leur « entre-deux », de telle manière qu’en une telle stabilité il est instantané pour le sens mondo-historial de ce qui lui est à chaque fois situation. Dans la répétition destinale de possibilités ayant été, le Dasein se re-porte « immédiatement », c’est-à-dire, en termes temporels, ekstatiquement, à ce qui a déjà été avant lui. Mais alors, avec cette auto-délivrance de l’héritage, la « naissance », dans le retour depuis la possibilité indépassable de la mort, est reprise dans l’existence, et cela, bien sûr, afin que celle-ci n’en accueille que plus lucidement l’être-jeté du Là propre. EtreTemps75

La résolution constitue la fidélité de l’exigence envers le Soi-même propre. En tant que résolution prête à l’angoisse, la fidélité est en même temps possible respect de l’unique autorité que puisse avoir un libre exister, c’est-à-dire des possibilités répétables de l’existence. Ce serait mécomprendre ontologiquement la résolution que d’imaginer qu’elle n’est effective en tant que « vécu » qu’aussi longtemps que « dure » l’« acte » de décision. Dans la résolution est contenue la stabilité existentielle qui, par essence, a déjà anticipé tout instant possible né d’elle. La résolution comme destin est la liberté pour le sacrifice, tel qu’il peut être exigé par la situation, d’une décision déterminée. Par-là, la continuité de l’existence n’est point interrompue, mais au contraire justement avérée dans l’instant. La continuité ne se forme pas d’abord par et à partir de l’ajointement d’« instants », mais ceux-ci naissent au contraire de la temporalité déjà é-tendue de la répétition en tant qu’étant-été de façon avenante. EtreTemps75

Si le s’attendre, se comprenant dans le « alors » (futur), s’explicite, et, en tant que présentifier de ce à quoi il s’attend, se comprend à partir de son « maintenant », cela signifie que l’« indication » du « alors » (futur) contient déjà le « et maintenant pas encore ». Le s’attendre présentifiant comprend le « jusque là ». L’expliciter articule ce « jusque » (à savoir : « jusqu’à ce qu’il y ait le temps ») comme l’entre-temps, lequel a lui-même aussi bien son rapport de datation : car ce rapport vient à l’expression dans le « pendant ce temps ». Derechef, la préoccupation (Besorgen) peut articuler attentivement le « pendant » en fournissant de nouvelles indications d’« alors » (futurs). Le « jusque » est subdivisé par un certain nombre de « depuis tel moment – jusqu’à tel moment », qui cependant sont « enveloppés » dans le projet attentif du « alors » primaire. Avec le comprendre attentif-présentifiant du « pendant », c’est le « durant » qui est articulé. Et cette « durée », à nouveau, est le temps manifeste dans le s’expliciter de la temporalité, temps qui est ainsi à chaque fois compris non-thématiquement dans la préoccupation (Besorgen) comme « laps de temps ». Mais si le présentifier attentif-conservant « ex »-plicite un « durant » é-tendu, c’est uniquement parce qu’il est alors ouvert à soi comme l’être-é-tendu ekstatique de la temporalité historiale (quoique non connue comme telle). Or ici, justement, se manifeste une nouvelle spécificité du temps « indiqué » : non seulement le « durant » est tendu, mais encore tout « maintenant » et tout « alors » (futur ou passé) possède à chaque fois, avec la structure de databilité, une é-tendue d’« étendue » variable : « maintenant » : à la pause, au repas, le soir, en été ; « alors » (futur) : au petit déjeuner, lors d’une ascension, etc. EtreTemps79

La préoccupation (Besorgen) attentive-conservante-présentifiante se « laisse » ainsi du temps de telle ou telle manière, et elle se le donne en tant même que préoccupation (Besorgen), c’est-à-dire même sans – et préalablement à – aucune détermination spécifiquement computative de temps. Le temps, ici, se date à chaque fois au sein d’un mode du se-laisser-du-temps préoccupé à partir de ce dont le Dasein se préoccupe justement dans le monde ambiant et qu’il ouvre dans le comprendre affecté – bref à partir de ce que, « le jour durant », on fait. Et selon que le Dasein s’identifie attentivement au sujet de sa préoccupation (Besorgen), et, in-attentif à lui-même, s’oublie, son temps qu’il se « laisse » demeure lui aussi recouvert par cette guise du « laisser ». Dans le « se-laisser-vivre » quotidienne (alltäglich)ment préoccupé, le Dasein ne se comprend justement jamais comme courant le long d’une séquence (Abfolge) continuellement perdurante de « maintenant » purs. Le temps que le Dasein se laisse a, sur la base de ce recouvrement, pour ainsi dire des trous. Souvent, si nous nous penchons sur le temps « employé », nous ne parvenons plus à reconstruire une « journée ». Cette in-cohérence du temps trouvé, (410) néanmoins, n’est point un morcellement, mais un mode de la temporalité à chaque fois déjà ouverte, ekstatiquement é-tendue. La guise selon laquelle le temps « laissé » « s’écoule » et le mode en lequel la préoccupation (Besorgen) se l’indique plus ou moins expressément ne sauraient être expliqués de manière phénoménalement adéquate qu’à cette double condition : d’une part, tenir éloignée la « représentation » théorique d’un flux continu de maintenant ; d’autre part, s’aviser que les guises possibles en lesquelles le Dasein se donne et se laisse du temps doivent être déterminées à partir de la manière dont, conformément à ce qui est à chaque fois son existence, il « a » son temps. EtreTemps79

Si le Dasein facticement jeté peut « prendre » son temps ou le perdre, c’est uniquement parce qu’un « temps » est dévolu à lui en tant que temporalité ekstatiquement é-tendue, avec l’ouverture du Là fondée en celle-ci. EtreTemps79

Heidegger – Fenomenologia e Hermenêutica

Responsáveis: João e Murilo Cardoso de Castro

Twenty Twenty-Five

Designed with WordPress