dévoilement

Entborgenheit
desencobrimento

Mais supposons maintenant que la techniquene soit pas un simple moyen : quelles chances restent alors à la volonté de s’en rendre maître ? Nous disions pourtant que la conception instrumentale de la technique était exacte; et elle l’est bien aussi. La vue exacte observe toujours, dans ce qui est devant nous, quelque chose de juste. Mais, pour être exacte, l’observation n’a aucun besoin de dévoiler l’essence de ce qui est devant nous. C’est là seulement où pareil dévoilement a lieu que le vrai se produit (Ereignet sich). [GA7, pag. 11]

Pro-duire (her-vorbringen) a lieu seulement pour autant que quelque chose de caché arrive dans le non-caché. Cette arrivée repose, et trouve son élan, dans ce que nous appelons le dévoilement (Das Entbergen, le désabritement, le faire-sortir-du-retrait). Les Grecs ont pour ce dernier le nom d’aletheia, que les Romains ont traduit par veritas. Nous autres Allemands disons Wahrheit (vérité) et l’entendons habituellement comme l’exactitude de la représentation. Où nous sommes-nous égarés? Nous demandions ce qu’est la technique et sommes maintenant arrivés devant l’aletheia, devant le dévoilement. En quoi l’essence de la technique a-t-elle affaire avec le dévoilement? Réponse : en tout. Car tout « produire » se fonde dans le dévoilement. Or, celui-ci rassemble en lui les quatre modes du faire-venir – la causalité – et les régit. Dans son domaine rentrent les fins et les moyens, et aussi l’instrumentalité. Celle-ci passe pour être le trait fondamental de la technique. Si, précisant peu à peu notre question, nous demandons ce qu’est proprement la technique entendue comme moyen, alors nous arrivons au dévoilement. En lui réside la possibilité de toute fabrication productrice. Ainsi la technique n’est pas seulement un moyen elle est un mode du dévoilement. Si nous la considérons ainsi, alors s’ouvre à nous, pour l’essence de la technique, un domaine tout à fait différent. C’est le domaine du dévoilement, c’est-à-dire de la véri-té (Wahr-heit). [GA7, pag. 17]

L’autre point à considérer au sujet du mot techne est encore plus important. Jusqu’à l’époque de Platon, le mot techne est toujours associé au mot episteme. Tous deux sont des noms de la connaissance au sens le plus large. Ils désignent le fait de pouvoir se retrouver en quelque chose, de s’y connaître. La connaissance donne des ouvertures. En tant que telle, elle est un dévoilement. Dans une étude particulière (Éth. Nic., VI, ch. 3 et 4), Aristote distingue l’episteme et la techne, et cela sous le rapport de ce qu’elles dévoilent et de la façon dont elles le dévoilent. La techne est un mode de l’alethenein. Elle dévoile ce qui ne se pro-duit pas soi-même et n’est pas encore devant nous, ce qui peut donc prendre, tantôt telle apparence, telle tournure, et tantôt telle autre. Qui construit une maison ou un bateau, qui façonne une coupe sacrificielle dévoile la chose à pro-duire suivant les perspectives des quatre modalités du « faire-venir ». [GA7, pag. 18] […]Qui construit une maison ou un bateau, qui façonne une coupe sacrificielle dévoile la chose à pro-duire suivant les perspectives des quatre modalités du « faire-venir ». Ce dévoilement rassemble au préalable l’apparence extérieure et la matière du bateau ou de la maison, dans la perspective de la chose achevée et complètement vue, et il arrête à partir de là les modalités de la fabrication. Ainsi le point décisif, dans la techne, ne réside aucunement dans l’action de faire et de manier, pas davantage dans l’utilisation de moyens, mais dans le dévoilement dont nous parlons. C’est comme dévoilement, non comme fabrication, que la techne est une pro-duction. […] La technique est un mode du dévoilement. La technique déploie son être (west) dans la région où le dévoilement et la non-occultation, où aletheia, où la vérité a lieu. [GA7, pag. 19]

Qu’est-ce que la technique moderne ? Elle aussi est un dévoilement. C’est seulement lorsque nous arrêtons notre regard sur ce trait fondamental que ce qu’il y a de nouveau dans la technique moderne se montre à nous.

Le dévoilement, cependant, qui régit la technique moderne ne se déploie pas en une pro-duction au sens de la poiesis. Le dévoilement qui régit la technique moderne est une pro-vocation (Herausfordern) par laquelle la nature est mise en demeure de livrer une énergie qui puisse comme telle être extraite (herausgefördert) et accumulée. Mais ne peut-on en dire autant du vieux moulin à vent ? Non : ses ailes tournent bien au vent et sont livrées directement à son souffle. Mais si le moulin à vent met à notre disposition l’énergie de l’air en mouvement, ce n’est pas pour l’accumuler.

[…] L’écorce terrestre se dévoile aujourd’hui comme bassin houiller, le sol comme entrepôt de minerais. [GA7, pag. 20]

Le dévoilement qui régit complètement la technique moderne a le caractère d’une interpellation (Stellen) au sens d’une pro-vocation. Celle-ci a lieu lorsque l’énergie cachée dans la nature est libérée, que ce qui est ainsi obtenu est transformé, que le transformé est accumulé, l’accumulé à son tour réparti et le réparti à nouveau commué. Obtenir, transformer, accumuler, répartir, commuer sont des modes du dévoilement. Mais celui-ci ne se déroule pas purement et simplement. Il ne se perd pas non plus dans l’indéterminé. Le dévoilement se dévoile à lui-même ses propres voies, enchevêtrées de façons multiples, et il se les dévoile en tant qu’il les dirige. La direction elle-même, de son côté, est partout assurée. Direction et assurence (de direction) sont même les traits principaux du dévoilement qui provoque. [GA7, pag. 22]

Maintenant quelle sorte de dévoilement convient à ce qui se réalise par l’interpellation pro-voquante? Ce qui se réalise ainsi est partout commis à être sur-le-champ au lieu voulu, et à s’y trouver de telle façon qu’il puisse être commis à une commission ultérieure (Ueberall ist es bestellt, auf der Sicile zur Sicile zu stehen und zwar zu stehen, urn selbst be.stellbar zu sein für ein weiteres Bestellen). Ce qui est ainsi commis a sa propre position-et-stabilité (Stand). Cette position stable nous l’appelons le « fonds » (Bestand). Le mot dit ici plus que stock et des choses plus essentielles. Le mot « fonds » est maintenant promu à la dignité d’un titre (d’une appellation fondamentale). Il ne caractérise rien de moins que la manière dont est présent tout ce qui est atteint par le dévoilement qui pro-voque. Ce qui est là (steht) au sens du fonds (Bestand) n’est plus en face de nous comme objet (Gegenstand).

Mais un avion commercial, posé sur sa piste de départ, est pourtant un objet! Certainement. Nous pouvons nous représenter ainsi cet engin. Mais alors il cache ce qu’il est et la façon dont il est. Sur la piste où il se tient, il ne se dévoile comme fonds que pour autant qu’il est commis à assurer la possibilité d’un transport. [GA7, pag 23]

Si en ce moment, où nous tentons de montrer la technique moderne comme le dévoilement qui provoque, les expressions « interpeller », « commettre », « fonds » s’imposent à nous et s’accumulent d’une manière sèche, uniforme, donc ennuyeuse, ce fait a sa raison d’être dans le sujet qui est en question.

Qui accomplit l’interpellation provoquante, par laquelle ce qu’on appelle le réel est dévoilé comme fonds ? L’homme, manifestement. Dans quelle mesure peut-il opérer un pareil dévoilement ? L’homme peut sans doute, de telle ou telle façon, se représenter ou façonner ceci ou cela, ou s’y adonner; mais il ne dispose point de la non-occultation dans laquelle chaque fois le réel se montre ou se dérobe. Si depuis Platon le réel se montre dans la lumière d’idées, ce n’est pas Platon qui en est cause. Le penseur a seulement répondu à ce qui se déclarait à lui.

C’est seulement pour autant que, de son côté, l’homme est déjà pro-voqué à libérer les énergies naturelles que ce dévoilement qui commet peut avoir lieu. […] [GA7, pag. 24]

Mais justement parce que l’homme est pro-voqué d’une façon plus originelle que les énergies naturelles, à savoir au « commettre », il ne devient jamais pur fonds. En s’adonnant à la technique, il prend part au commettre comme à un mode du dévoilement. […]

Où et comment a lieu le dévoilement, s’il n’est pas le simple fait de l’homme ? Nous n’avons pas à aller chercher bien loin. Il est seulement nécessaire de percevoir sans prévention ce qui a toujours réclamé l’homme dans une parole à lui adressée, et cela d’une façon si décidée qu’il ne peut jamais être homme, si ce n’est comme celui auquel une telle parole s’adresse. Partout où l’homme ouvre son oeil et son oreille, déverrouille son coeur, se donne à la pensée et considération d’un but, partout où il forme et oeuvre, demande et rend grâces, il se trouve déjà conduit dans le non-caché. La non-occultation de ce dernier s’est déjà produite, aussi souvent qu’elle évoque l’homme dans les modes du dévoilement qui lui sont mesurés et assignés. Quand l’homme à l’intérieur de la non-occultation dévoile à sa manière ce qui est présent, il ne fait que répondre à l’appel de la non-occultation, là même où il le contredit. Ainsi quand l’homme cherchant et considérant suit à la trace la nature comme un district de sa représentation, alors il est déjà réclamé par un mode du dévoilement, qui le pro-voque à aborder la nature comme un objet de recherche, jusqu’à ce que l’objet, lui aussi, disparaisse dans le sans-objet du fonds. Ainsi la technique moderne, en tant que dévoilement qui commet, n’est-elle pas un acte purement humain. [GA7, pag. 25]

Maintenant cet appel pro-voquant qui rassemble l’homme (autour de la tâche) de commettre comme fonds ce qui se dévoile, nous l’appelons – l’Arraisonnement. [GA7, pag. 26]

Arraisonnement (Ge-stell) : ainsi appelons-nous le rassemblant de cette interpellation (Stellen) qui requiert l’homme, c’est-à-dire qui le pro-voque à dévoiler le réel comme fonds dans le mode du « commettre ». Ainsi appelons-nous le mode de dévoilement qui régit l’essence de la technique moderne et n’est lui-même rien de technique. [GA7, pag. 27]

Cette production qui fait apparaître, par exemple, l’érection d’une statue dans l’enceinte du temple, et d’autre part le commettre pro-voquant que nous considérons en ce moment sont sans doute radicalement différents et demeurent pourtant apparentés dans leur être. Tous deux sont des modes du dévoilement, de l’aletheia. […] […]Il reste vrai toutefois que l’homme de l’âge technique est pro-voqué au dévoilement d’une manière qui est particulièrement frappante. Le dévoilement concerne d’abord la nature comme étant le principal réservoir du fonds d’énergie. [GA7, pag. 28]

La théorie de la nature élaborée par la physique moderne a préparé les chemins, non pas à la technique en premier lieu, mais à l’essence de la technique moderne. Car le rassemblement qui pro-voque et conduit au dévoilement commettant règne déjà dans la physique. Mais, en elle, il n’arrive pas encore à se manifester proprement lui-même. La physique moderne est le précurseur de l’Arraisonnement, précurseur encore inconnu dans son origine. [GA7, pag 29]

Où nous voyons-nous maintenant conduits, si nous avançons d’un pas encore dans la méditation de ce qu’est l’Arraisonnement lui-même comme tel ? Il n’est rien de technique, il n’a rien d’une machine. Il est le mode suivant lequel le réel se dévoile comme fonds. Nous demandons encore : ce dévoilement a-t-il lieu quelque part au delà de tout acte humain ? Non. Mais il n’a pas lieu non plus dans l’homme seulement, ni par lui d’une façon déterminante. [GA7, pag. 32]

L’essence de la technique moderne met l’homme sur le chemin de ce dévoilement par lequel, d’une manière plus ou moins perceptible, le réel partout devient fonds. Mettre sur un chemin – se dit, dans notre langue, envoyer. Cet envoi (Schicken) qui rassemble et qui peut seul mettre l’homme sur un chemin du dévoilement, nous le nommons destin (Geschick). […]

En tant qu’il est la pro-vocation au commettre, l’Arraisonnement envoie dans un mode du dévoilement. L’Arraisonnement, comme tout mode de dévoilement, est un envoi du destin. La pro-duction, la poiesis, elle aussi, est destin au sens indiqué. La non-occultation de ce qui est suit toujours un chemin de dévoilement. L’homme dans tout son être est toujours régi par le destin du dévoilement. Mais ce n’est jamais la fatalité d’une contrainte. [GA7, pag. 33] […] L’acte du dévoilement, c’est-à-dire de la vérité, est ce à quoi la liberté est unie par la parenté la plus proche et la plus intime. Tout dévoilement appartient à une mise à l’abri et à une occultation. Mais ce qui libère, le secret, est caché et toujours en train de se cacher. Tout dévoilement vient de ce qui est libre, va à ce qui est libre et conduit vers ce qui est libre. La liberté de ce qui est libre ne consiste, ni dans la licence de l’arbitraire, ni dans la soumission à de simples lois. La liberté est ce qui cache en éclairant et dans la clarté duquel flotte ce voile qui cache l’être profond (das Wesende) de toute vérité et fait apparaître le voile comme ce qui cache. La liberté est le domaine du destin qui chaque fois met en chemin un dévoilement.

L’essence de la technique moderne réside dans l’Arraisonnement et celui-ci fait partie du destin de dévoilement : ces propositions disent autre chose que les affirmations, souvent entendues, que la technique est la fatalité de notre époque, où fatalité signifie : ce qu’il y a d’inévitable dans un processus qu’on ne peut modifier. Quand au contraire nous considérons l’essence de la technique, alors l’Arraisonnement nous apparaît comme un destin de dévoilement. [GA7, pag. 34]

L’essence de la technique réside dans l’Arraisonnement. Sa puissance fait partie du destin. Parce que celui-ci met chaque fois l’homme sur un chemin de dévoilement, l’homme ainsi mis en chemin, avance sans cesse au bord d’une possibilité : qu’il poursuive et fasse progresser seulement ce qui a été dévoilé dans le « commettre » et qu’il prenne toutes mesures à partir de là. Ainsi se ferme une autre possibilité : que l’homme se dirige plutôt, et davantage, et d’une façon toujours plus originelle, vers l’être du non-caché et sa non-occultation, pour percevoir comme sa propre essence son appartenance au dévoilement : appartenance qui est tenue en main.

Placé entre ces deux possibilités, l’homme est exposé à une menace partant du destin. Le destin du dévoilement comme tel est dans chacun de ses modes, donc nécessairement, danger. De quelque manière que le destin du dévoilement exerce sa puissance, la non-occultation, dans laquelle se montre chaque fois ce qui est, recèle le danger que l’homme se trompe au sujet du non-caché et qu’il l’interprète mal. [GA7, pag. 35]

Le destin de dévoilement n’est pas en lui-même un danger quelconque, il est le danger. [GA7, pag. 36]

Mais l’Arraisonnement ne menace pas seulement l’homme dans son rapport à lui-même et à tout ce qui est. En tant que destin il renvoie à ce dévoilement qui est de la nature du « commettre ». Là où celui-ci domine, il écarte toute autre possibilité de dévoilement. L’Arraisonnement cache surtout cet autre dévoilement, qui, au sens de la poiesis, produit et fait paraître la chose présente. Comparée à cet autre dévoilement, la mise en demeure provoquante pousse dans le rapport inverse à ce qui est. Là où domine l’Arraisonnement, direction et mise en sûreté du fonds marquent tout dévoilement de leur empreinte. Ils ne laissent même plus apparaître leur propre trait fondamental, à savoir ce dévoilement comme tel.

Ainsi l’Arraisonnement pro-voquant ne se borne-t-il pas à occulter un mode précédent de dévoilement, le pro-duire, mais il occulte aussi le dévoilement comme tel et, avec lui, ce en quoi la non-occultation, c’est-à-dire la vérité, se produit (sich ereignet). […] C’est l’essence de la technique, en tant qu’elle est un destin de dévoilement, qui est le danger. [GA7, pag. 37]

Le règne de l’Arraisonnement nous menace de l’éventualité qu’à l’homme puisse être refusé de revenir à un dévoilement plus originel et d’entendre ainsi l’appel d’une vérité plus initiale. [GA7, pag. 38]

Si l’essence de la technique, l’Arraisonnement, est le péril suprême et si en même temps Hölderlin dit vrai, alors la domination de l’Arraisonnement ne peut se borner à rendre méconnaissable toute clarté de tout dévoilement, tout rayonnement de la vérité. Alors il faut au contraire que ce soit justement l’essence de la technique qui abrite en elle la croissance de ce qui sauve. Mais alors un regard suffisamment aigu, posé sur ce qu’est l’Arraisonnement en tant qu’un destin de dévoilement, ne pourrait-il faire apparaître, dans sa naissance même, ce qui sauve ? [GA7, pag. 38] […] L’Arraisonnement est un mode « destinal » (Geschickhaft, envoyé par le destin.) du dévoilement, à savoir le mode provoquant. Le dévoilement pro-ducteur, la poiesis, est aussi un pareil mode « destinal ». Mais ces modes ne sont pas des espèces qui, ordonnées entre elles, tomberaient sous le concept de dévoilement. Le dévoilement est ce destin qui, chaque fois, subitement et d’une façon inexplicable pour toute pensée, se répartit en dévoilement pro-ducteur et en dévoilement pro-voquant et se donne à l’homme en partage. Dans le dévoilement pro-ducteur, le dévoilement pro-voquant a son origine qui est liée au destin. Mais en même temps, par l’effet du destin, l’Arraisonnement rend méconnaissable la poiesis.

Ainsi l’Arraisonnement, en tant que destin de dévoilement, est sans doute l’essence de la technique, mais il n’est jamais essence au sens du genre et de l’essentia. [GA7, pag. 40] […] Comment la technique est-dans-son-être, c’est ce qu’on ne peut voir, si ce n’est à partir de cette perpétuation, dans laquelle l’Arraisonnement se produit comme destin de dévoilement. […] Car, d’après tout ce qui a été dit, l’Arraisonnement est un destin qui rassemble en même temps qu’il envoie dans le dévoilement pro-voquant. « Pro-voquer » peut tout dire, mais non pas « accorder ». [GA7, pag. 42]

Seulement, si ce destin, l’Arraisonnement, est l’extrême péril, non seulement pour l’être de l’homme, mais pour tout dévoilement comme tel, alors cet acte qui envoie peut-il, lui aussi, être appelé un acte qui accorde? Certainement et complètement, si toutefois « ce qui sauve » doit croître dans ce destin. Tout destin de dévoilement se produit à partir de l’acte qui accorde et en tant que tel. Car c’est seulement celui-ci qui apporte à l’homme cette part qu’il prend au dévoilement et que l’avènement du dévoilement laisse-être-et-préserve.[GA7, pag. 43]

La question de la technique est la question de la constellation dans laquelle le dévoilement et l’occultation, dans laquelle l’être même de la vérité se produisent. […] L’être de la technique menace le dévoilement, il menace de la possibilité que tout dévoilement se limite au commettre et que tout se présente seulement dans la non-occultation du fonds. [GA7, pag. 45]

Peut-être alors un dévoilement qui serait accordé de plus près des origines pourrait-il, pour la première fois, faire apparaître ce qui sauve, au milieu de ce danger qui se cache dans l’âge technique plutôt qu’il ne s’y montre?

Autrefois la technique n’était pas seule à porter le nom de techne. Autrefois techne désignait aussi ce dévoilement qui pro-duit la vérité dans l’éclat de ce qui paraît.

Autrefois techne désignait aussi la pro-duction du vrai dans le beau. La techne des beaux-arts s’appelait aussi techne.

Au début des destinées de l’Occident, les arts montèrent en Grèce au niveau le plus élevé du dévoilement qui leur était accordé. Ils firent resplendir la présence des dieux, le dialogue des destinées divine et humaine. Et l’art ne s’appelait pas autrement que techne. Il était un dévoilement unique et multiple. […] Parce qu’il était un dévoilement pro-ducteur et qu’ainsi il faisait partie de la poiesis. Le nom de poiesis fut finalement donné, comme son nom propre, à ce dévoilement qui pénètre et régit tout l’art du beau : la poésie, la chose poétique. [GA7, pag. 46]

Les beaux-arts devraient-ils être appelés (à prendre part) au dévoilement poétique ? Le dévoilement devrait-il les réclamer d’une façon plus initiale, afin qu’ainsi pour leur part ils protègent spécialement la croissance de ce qui sauve, qu’ils réveillent, qu’ils fondent à nouveau le regard dirigé vers « ce qui accorde » et la confiance en ce dernier ? [GA7, pag. 47]