compréhension existentielle

La compréhension existentiellement entendante de l’appel est d’autant plus authentique que le Dasein entend et comprend plus absolument son être-ad-voqué – ou que ce qu’on dit convenir et falloir pervertit moins le sens de l’appel. Or qu’est-ce qui est essentiellement contenu dans l’authenticité de la compréhension de l’ad-vocation [An-ruf] ? Qu’est-ce qui, à chaque fois, est essentiellement donné à comprendre dans l’appel, même si ce n’est pas toujours facticement compris ? EtreTemps58

[295] Ce serait pourtant interpréter à contresens la critique ontologique de l’explicitation vulgaire de la conscience [Gewissen] que de croire qu’en montrant la non-originarité existentiale de l’expérience quotidienne [alltäglich] de la conscience [Gewissen], elle veut porter un jugement sur la « qualité morale » existentielle du Dasein qui se tient au sein de celle-ci. Aussi peu l’existence se trouve nécessairement et directement rabaissée par une compréhension ontologiquement insuffisante de la conscience [Gewissen], aussi peu une interprétation existentialement adéquate de la conscience [Gewissen] garantit-elle la compréhension existentielle de l’appel. Le sérieux n’est pas moins possible dans l’expérience vulgaire de la conscience [Gewissen] que l’absence de sérieux dans une compréhension plus originaire de la conscience [Gewissen]. Néanmoins, l’interprétation existentialement plus originaire ouvre également des possibilités de comprendre existentiel plus originaire, aussi longtemps du moins que la conception ontologique ne se laisse par couper de l’expérience ontique. EtreTemps59

Certes, mais où faut-il aller chercher ce qui constitue l’existence « authentique » du Dasein ? Sans une compréhension existentielle, toute analyse de l’existentialité demeure bel et bien dépourvue de sol. N’y a-t-il pas, à la base de l’interprétation exposée de l’authenticité et de la totalité du Dasein, une conception ontique de l’existence, qui, en tout état de cause, ne saurait être obligatoire pour tout un chacun ? Jamais l’interprétation existentiale ne prétendra faire acte d’autorité sur des possibilités et des obligations existentielles – mais n’est-elle pas quand même tenue de se justifier quant aux possibilités existentielles qui lui servent à fournir à l’interprétation ontologique son sol ontique ? Si l’être du Dasein est essentiellement pouvoir-être et être-libre pour ses possibilités les plus propres, et s’il n’existe jamais que dans la liberté pour elles – ou dans la non-liberté vis-à-vis d’elles -, l’interprétation ontologique peut-elle faire autrement que de poser à son fondement des possibilités ontiques (des guises du pouvoir-être) et de projeter celles-ci vers leur possibilité ontologique ? Et s’il est vrai que le Dasein, le plus souvent, s’explicite à partir de sa perte dans la préoccupation [Besorgen] pour le « monde », la détermination des possibilités ontico-existentielles conquise à contre-courant de cette tendance et l’analyse existentiale fondée sur cette détermination n’est-elle pas la seule [313] manière d’ouvrir cet étant qui lui soit adéquate ? La violence du projet ne devient-elle pas alors libération de la réalité phénoménale non-déguisée du Dasein ? EtreTemps6