Compte tenu de la teneur de l’alinéa 21 du § 58 (art71), page (286), et comme le fait à juste titre remarquer Michel Haar (MH, page 45), même la traduction explicite (conscience morale) que retient F. Vezin. La note ci-après reproduite, note qu’introduit plus loin E. Martineau (chapitre II, § 54 (art67), alinéa 6, page (269)) n’est pas plus satisfaisante : « Ici comme dans tout le chapitre (à savoir le chapitre II. N.d.T.), la ‘conscience’ (Gewissen) dont parle Heidegger est toujours celle que nous qualifions couramment de ‘morale’, non pas la conscience (Bewußtsein) au sens du rapport à soi primordial du sujet représentant (soi ou autre chose). Lorsque, dans d’autres chapitres, c’est à cette conscience-ci que Heidegger fait allusion, le contexte est toujours assez clair pour qu’il soit superflu de le confirmer. »
Il n’empêche que Heidegger emploie le mot Bewußtsein lorsqu’il veut parler de la conscience au sens le plus courant du mot. Il n’empêche que, au § 59 (art72), Heidegger aborde le problème de l’explicitation vulgaire de ladite conscience, qu’il nous faut bien alors appeler conscience morale. Mais puisque la conscience dont il s’agit avant tout a le caractère d’une condition de possibilité, puisqu’elle participe des existentiaux et que Sein und Zeit n’est pas une anthropologie, puisque ladite conscience se trouve de fait en connexion étroite avec l’‘être-obligé’ que nous rencontrerons au § 54 (art67), il m’a paru judicieux de substituer à cette notion celle « plus originelle », apparentée à la conscience pré-morale que préconise Michel Haar, de « conscience d’obligation » (choix qui au demeurant se recoupe avec l’expression Schuldbewußtsein qu’emploie Heidegger lui-même à l’alinéa 22 du § 58 (art71), page (286)). Toutefois, afin de ne pas compliquer outre mesure la traduction, au § 59 (art72) principalement, dans la mesure où, selon le contexte, Heidegger passe subtilement de l’existential à l’existentiel, et inversement, j’ai jugé préférable, dans l’incertitude, d’accoler les deux traductions sous la forme : « conscience d’obligation (ou morale) ». En fonction du contexte, le lecteur ainsi prévenu fera le choix de l’acception la plus pertinente de l’alternative : conscience morale (existentiel) ou conscience d’obligation (existential).