Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Martineau: VORHANDENHEIT

quarta-feira 27 de agosto de 2014

Extrait de l’Avertissement du Traducteur, du livre de Martin Heidegger, « Interprétation phénoménologique de la "Critique de la raison pure" »

I — Il y a d’abord celui de la VORHANDENHEIT, mot primitif de la pensée heideggérienne, qui a été souvent traduit par « subsistance » et qui l’est ici par « être-sous-la-main ». En faveur de cette nouvelle traduction, due à F. Fédier  , dont le mérite évident est de maintenir le mot « main », et ainsi de permettre un balancement entre l’étant sous-la-main et l’étant à-portée-de-main (zuhanden) dans l’usage (sur l’absence de ce dernier mot dans ce livre, voir infra, p. [23]), nous n’invoquerons ici à titre d’argument supplémentaire qu’un texte de … Kant   qui — on ne s’en étonnera pas — se trouve justement cité dans cette Interprétation (Infra, p. [68]):

« C’est quelque chose de tout à fait remarquable que nous ne puissions pénétrer (einsehen) la possibilité d’aucune chose par la simple catégorie, et que nous devions toujours avoir sous la main (bei der Hand) une intuition, afin d’exposer en elle la réalité objective du pur concept d’entendement» (B 288, trad. citée, p. 212). […] «Mais il est plus remarquable encore que pour comprendre la possibilité des choses, donc des catégories, et ainsi pour exposer la réalité objective de celles-ci, nous ayons besoin non pas simplement d’intuitions, mais même toujours d’intuitions externes » (B 291, p. 214). [1]

N’est-il pas également « remarquable », en effet, que l’expression dont nous avons besoin se lise en un contexte aussi privilégié, s’il est vrai que cet apparent constat d’un fait, en l’occurrence d’un fait « originaire » — notre assignation à l’intuition externe — serait mieux appelé (et ainsi l’appelle Heidegger lui-même) la découverte d’une « énigme ». De quelle énigme? Du Verfallen, précise l’interprète (loc. cit. et N.d.T.), c’est-à-dire de la fameuse « déchéance » du Dasein, comme on est bien forcé de traduire. Mais que signifie positivement cette « déchéance », à supposer qu’on veuille bien ne pas la réduire à une chute ou un exil — longe ab ente, en quelque sorte, in regione dissimilitudinis [2] ? Réponse: la « déchéance » du Dasein quotidien, c’est ce « mode d’être » suivant lequel le Dasein est incapable de « prêter » un sens à l’être qu’il ne l’ait déjà « donné » à l’étant, lequel alors est ce qui donne à l’être sa « figure ». Dans l’existence déchue, le rendu — mais à l’étant — a toujours déjà devancé le prêté. Et c’est pourquoi, quels qu’ils soient, ce sens ou ces sens de l’être de l’étant ont toujours déjà convergé dans, se sont toujours déjà accordés à un sens temporel unitaire, qu’il est donc naturel d’appeler lui-même l’être-déjà. Un être-déjà, qui, précisons-le, ne détermine pas seulement le « maintenant » de la présentification inauthentique, sautillante, distraite, dissipée que décrit le § 68c d’Être et Temps   (et le mot subsistance, pensons-nous, risquerait de suggérer cette restriction), mais qui englobe aussi bien le passé représenté comme un simple « acquis », ou l’avenir vulgairement anticipé comme un futur à « réaliser ». Risquons-en donc cette caractérisation résumée: tandis que 1. dans la temporalité existentiale authentique, c’est l’avenir « ayant (mieux: étant) été qui libère de soi (aus sich entlässt) le présent » (S.u.Z.  , p. [326]c) ou l’« éveille pour la première fois » (p. [329]b) — tandis que 2., dans la temporalité existentielle envisagée abstraitement, la respiration, la clarté du présent vivant permet à l’avenir d’être présent-comme-avenir, au passé d’être présent-comme-passé, c’est-à-dire produit pour eux la possibilité d’advenir « jamais », dans un libre « pote » (et l’on pourrait donc parler ici d’un être-jamais) — 3. dans l’orbe de l’être-déjà, au contraire, c’est sous les espèces du passé-comme-présent (ainsi dans la peur rétrospective) que le passé m’apparaît, et identiquement l’avenir sous celles de l’avenir-comme-présent (ainsi dans l’angoisse anticipatrice, par exemple). N’est-ce pas à dire que la Vorhandenheit répond à un sens essentiel du temps (cf. p. [19]), à un sens dont la genèse demeure à tout le moins obscure, ne serait-ce que dans la mesure où le « primat du présent » qui s’y atteste non seulement ne se « déduit » point clairement à partir de la temporalité originaire, mais encore ne saurait même pas se laisser « dériver » du phénomène du présent comme tel? Ainsi se renforcera, sinon la validité absolue d’une traduction qui veut ici rester ouverte, au moins le-soupçon que l’être-sous-la-main, loin de constituer un simple repoussoir de l’être-à-portée-de-main, garde un secret auquel Être et Temps  , tout bien considéré, n’avait pas moins pris soin de le laisser. Acheminement vers la parole, du reste, ne nommera-t-il pas une fois [3] « ce qui par ailleurs est déjà, et passe pour étant » ?


Ver online : Emmanuel Martineau


[1Cf. aussi tel emploi kantien de herbeirufen, « appeler à la proximité » en A 156. R 195. P. 160-161 (» fait entrer »), et encore le texte cité p. |310|.

[2Cf. saint Augustin, Confessiones, VII, x, 16.

[3Ed. française de Fr. Fédier. 1976, pp. 210-211. — Pour l’être-jamais, on se souvient qu’il est nommé par Aristote. Phrs. IV, « o pote on ». Cf. sur cette expres¬sion. R. Brague. Du temps chez Platon et Aristote, P.U.F.. 1982, chap. III.