L’indication formelle de l’idée d’existence était guidée par la compréhension d’être qui se trouve dans le Dasein lui-même. Car, même sans aucune transparence ontologique, une chose au moins se dévoile à nous : l’étant que nous appelons Dasein, je le suis à chaque fois moi-même, et cela en tant que pouvoir-être pour lequel il y va d’être cet étant. Le Dasein se comprend, même si c’est sans déterminité [Bestimmtheit] ontologique suffisante, comme être-au-monde [In-der-Welt-sein]. Tandis qu’il est ainsi, lui fait encontre de l’étant possédant le mode d’être de l’à-portée-de-la-main et du sous-la-main. Si éloignée que demeure encore d’un concept ontologique proprement dit la différence entre existence et réalité, et même si le Dasein comprend de prime abord l’existence comme réalité, il n’est pas seulement sous-la-main, mais, fût-ce en une quelconque explicitation mystique et magique, il s’est à chaque fois déjà compris : sans quoi il ne « vivrait » point dans un mythe, il ne se préoccuperait point, par le rite et le culte, de sa magie. L’idée d’existence que nous avons posée au départ de l’analyse est la pré-esquisse – existentiellement non obligeante – de la structure formelle de la compréhension du Dasein en général. EtreTemps63
L’élaboration de la temporalité du Dasein comme quotidienneté [Alltäglichkeit], historialité et intratemporalité ouvre seule un aperçu sans concessions sur les enchevêtrements d’une ontologie originaire du Dasein. En tant qu’être-au-monde [In-der-Welt-sein], le Dasein existe facticement avec et auprès de l’étant rencontré à l’intérieur du monde. Par suite, l’être du Dasein n’obtient sa transparence ontologique totale que dans l’horizon de l’être – pourvu que celui-ci soit clarifié – de l’étant qui n’est pas à sa mesure, y compris de celui qui, sans être ni à-portée-de-la-main ni sous-la-main, « subsiste » simplement. Seulement, l’interprétation des modifications de l’être de tout ce dont nous disons que c’est a besoin d’une idée préalablement assez éclairée de l’être en général. Tant que celle-ci n’est pas conquise, l’analyse temporelle répétitive du Dasein demeure elle aussi imparfaite et entachée d’obscurités – pour ne point parler en détail de ses difficultés intrinsèques. L’analyse temporalo-existentiale du Dasein, enfin, requiert de son côté une répétition renouvelée dans le cadre de la discussion fondamentale du concept d’être. EtreTemps66