Mais serait-il permis de toucher à la souveraineté de la “logique” ? Se pourrait-il que l’entendement ne soit pas, dans cette question portant sur le rien, réellement souverain ? Avec son aide, nous ne pouvons guère, d’une façon générale, que déterminer le rien et le poser tout au plus comme un problème qui se détruit lui-même. Car le rien est la négation de la totalité de l’étant, l’absolument non-étant… Mais parlant ainsi, nous rangeons le rien sous la détermination plus haute de ce qui est soumis à négation et, par là, de ce qui est nié. Or la négation est, selon la doctrine régnante et jamais contestée de la “logique”, un acte spécifique de l’entendement. Comment, dès lors, pouvons nous prétendre, dans la question portant sur le rien et même dans celle de savoir s’il peut être questionné, congédier l’entendement ? Pourtant, ce que nous présupposons là est-il si assuré ? Le ne-pas, l’être-nié et ainsi la négation représentent-ils la détermination plus haute sous laquelle le rien, comme une espèce particulière de ce qui est nié, vient se ranger ? N’y a-t-il le rien que parce qu’il y a le ne-pas, c’est-à-dire la négation ? Ou est-ce l’inverse ? N’y a-t-il la négation et le ne-pas que parce qu’il y a le rien ? C’est ce qui n’est pas décidé, n’est pas même encore érigé expressément en question. Nous affirmons : le rien est plus originel que le ne-pas et la négation. QQMETA: L’élaboration de la question
Quoi qu’il en puisse être, nous connaissons le rien, même si ce n’est que comme ce dont quotidiennement nous parlons sans y prendre garde. Ce rien vulgaire, rendu comme incolore sous la pâle évidence de ce qui va de soi, qui rôde ainsi, inaperçu, dans nos propos vides, nous pouvons même, sans hésiter, le ranger sous une “définition” : Le rien est la négation intégrale de la totalité de l’étant. Cette caractéristique du rien ne pointerait-elle pas, finalement, dans la direction à partir de laquelle seule il peut nous rencontrer ? QQMETA: L’élaboration de la question
La totalité de l’étant doit d’abord être donnée pour pouvoir, comme telle absolument, tomber sous le coup de la négation, en laquelle le rien lui-même aurait alors à se montrer. QQMETA: L’élaboration de la question
Seulement, même si l’on fait abstraction de la nature problématique du rapport entre la négation et le rien, comment pourrons-nous — comme être finis — rendre accessible en soi en même temps qu’à nous-mêmes l’ensemble de l’étant dans sa totalité ? Tout au plus pouvons-nous imaginer l’ensemble de l’étant dans l’”idée”, nier en pensée cet imaginaire et le “penser” comme nié. Sur cette voie, nous atteignons sans doute le concept formel du rien imaginé, mais jamais le rien lui-même. Or le rien n’est rien et entre le rien imaginé et le rien “en propre”, il ne peut y avoir de différence, s’il est vrai que le rien représente la totale indifférenciation. Le rien lui-même “en propre” — ne serait-ce pas toutefois de nouveau ce concept masqué mais à contresens, d’un rien étant ? C’est la dernière fois que les objections de l’entendement arrêteront notre recherche, dont la légitimité ne peut être établie que par une épreuve fondamentale du rien. QQMETA: L’élaboration de la question