Sabemos que a primeira vítima da polêmica crescente é a nuance. Há algum tempo, estamos lidando com uma tendência problemática de destruição de nuances – problemática principalmente porque sabemos, por experiência existencial geral, que às vezes a diferença entre o certo e o errado é de apenas um fio de cabelo.
A destruição das nuances conta com um aliado terrível: a necessidade humana de ter estado e continuar a estar certo. É fácil entender por que, em mundos incertos, as pessoas trabalham para criar construções artificiais que garantam a continuidade interna. A observação descontraída desse tipo de manobra, que é sempre realizada em benefício próprio, é considerada a escola preparatória para o humor. Este último sabe que “minto, logo existo” faz parte do equipamento básico de qualquer indivíduo que queira ser um dos justificados. O “eu vejo como você se sente” é parte do desprezo pela humanidade ou parte da compreensão do todo.
Dans une situation comme celle que nous connaissons aujourd’hui, un intellectuel, en tant que tel, ne peut actionner et confirmer qu’en se reconnaissant dans la maxime de Spinoza : « Ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre. » Dans la confusion collective, avec ses moments de surchauffe et ses outrances, rien n’est plus conseillé, rien n’est plus salutaire que la volonté de revenir à l’intellegere – ce qui, on le sait, signifie à peu près « lire dans les interstices ».
On sait que la première victime de la polémique montante est la nuance. Nous avons depuis un certain temps affaire à un courant problématique de destruction des nuances – problématique avant tout parce qu’on sait, par l’expérience existentielle générale, qu’entre le bien et le mal il arrive que la différence ne soit que d’un cheveu.
La destruction des nuances s’appuie sur un effroyable allié : le besoin humain d’avoir eu et de continuer à avoir raison. On comprend facilement que dans des mondes incertains, des hommes œuvrent à monter des constructions artificielles assurant la continuité interne. L’observation détendue de ce type de manœuvres, qu’on mène toujours pour son propre profit, passe pour l’école préparatoire de l’humour. Celui-ci sait que « Je mens donc je suis » fait partie de l’équipement de base de tout individu qui aimerait faire partie des justifiés. Le « je-vois-comme-tu-mens-bien » s’inscrit ou bien dans le mépris des hommes, ou bien dans la compréhension du tout.
On a consacré trop peu d’attention au fait que dans une civilisation alphabétisée le mensonge développe une variante : la lecture intentionnellement erronée, c’est-à-dire l’exercice pratique de l’assassinat des nuances. Ce sont par nature des intellectuels politisés ou politologisants qui, pour ce qui concerne ce crime, peuplent de manière disproportionnée les statistiques de la délinquance. Ils se font remarquer parce qu’ils encerclent les idées comme on harcèle des femmes les nuits de la Saint-Sylvestre.