Schürmann (1982:33-34) – autenticidade como resolução antecipadora

original

L’authenticité y est décrite comme résolution anticipatrice. L’existence devient libre pour sa propre finitude par l’anticipation résolue de sa mort. «L’anticipation s’avère être la possibilité de comprendre l’extrême potentiel d’être qui nous est le plus propre, c’est-à-dire la possibilité d’existence authentique.»1 Mais si le potentiel d’être qui nous est le plus propre se révèle par l’anticipation de notre mort — et Heidegger a toujours maintenu que c’est un changement d’attitude à l’égard de notre mort qui produirait une nouvelle expérience de la présence —, alors c’est ma négativité totale qui totalisera mon existence. Curieux potentiel d’être qui me projette vers ma négation. Autant dire que ce qui m’est «le plus originaire»2 me projette vers nulle part, vers rien. En effet, que s’approprie mon existence en devenant authentique? Ma possibilité de ne pas être du tout. Rien, donc, n’est approprié. Puisqu’il retient comme caractère décisif de l’authenticité le «potentiel» et le «possible», Heidegger, de toute évidence, élimine la structure téléologique de l’existence authentique. Au-dessus d’arche et telos il y a l’an-archie et l’a-téléocratie, parce (27) que, «au-dessus de la réalité, il y a la possibilité»3. Comme horizon d’anticipation, la mort, il est vrai, est assurément une concrétisation de la structure téléologique qui caractérise le «souci» en général. Mais parler de la mort comme de sa possibilité la plus propre, possibilité que, toujours de nouveau, il s’agit de faire sienne, c’est déjà introduire un élément de non-finalité dans l’authenticité, absent des descriptions du souci. La temporalité authentique — non pas linéaire, mais extatique — abolit les représentations d’un terminus a quo et d’un terminus ad quem dans la compréhension de l’existence. Le potentiel extatique est donc anticipateur de la mort tout en étant dépourvu de relations, unbezüglich. La mort est «la possibilité la plus propre, dépourvue de relations, indépassable»4. Ainsi, Heidegger pense l’authentique comme plénitude extatique du potentiel, ontologiquement exempt de tout rapport aux étants, y compris la mort figurée comme un étant. Les étants portent tous un «pourquoi» : subsistants, ils servent à la connaissance, et disponibles, ils servent à l’usage. Connaître et user sont les deux manières dont le réel annonce sa structure téléologique. «Mais au-dessus de la réalité, il y a la possibilité. » Pourquoi au-dessus ? Parce que le possible n’est jamais ni subsistant ni disponible. La possibilité, et partant le potentiel, ne tombent ainsi jamais dans les coordonnées d’arché et de telos, c’est-à-dire, en fin de compte, dans les coordonnées de la causalité. Si la compréhension du temps par laquelle Heidegger renverse toute la métaphysique depuis Aristote, est si extraordinairement innovatrice, c’est parce qu’elle sape ces représentations. Le temps extatique s’oppose au temps linéaire — «nombre du devenir» aristotélicien ou «extension de l’âme» augustinienne — comme le possible s’oppose à l’acte et à la puissance, la pensée à la connaissance, et le principe d’anarchie au principe de causalité.

Christine-Marie Gros

Miguel Lancho

  1. SZ 263.[↩]
  2. «La possibilité comme existential est la détermination ontologique et positive la plus originaire, ultime, de l’être-là» (SZ 143s/ET 179).[↩]
  3. SZ 38/ET 56s.[↩]
  4. SZ 250.[↩]
  5. «La posibilidad como existencial es la determinación ontológica y positiva más originaria, última, del ser-ahí» (SZ 143 / ET 179).[↩]
Excertos de

Heidegger – Fenomenologia e Hermenêutica

Responsáveis: João e Murilo Cardoso de Castro

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