saisir

erfassen [SZ]

En tant que chercher, le questionner a besoin d’une orientation préalable à partir du cherché. Par suite, le sens de l’être doit nécessairement nous être déjà disponible d’une certaine manière. On l’a suggéré : nous nous mouvons toujours déjà dans une compréhension de l’être. C’est de celle-ci que prend naissance la question expresse du sens de l’être et la tendance vers son concept. Nous ne savons pas ce qu’« être » signifie. Mais pour peu que nous demandions : « Qu’est-ce que l’“être” ? », nous nous tenons dans une compréhension du « est », sans que nous puissions fixer conceptuellement ce que le « est » signifie. Nous ne connaissons même pas l’horizon à partir duquel nous devrions saisir et fixer le sens. Cette compréhension moyenne et vague de l’être est un fait. [EtreTemps2]


Si nous traduisons noein par « saisir », nous nous conduisons plus prudemment que si nous disions tout de go : « penser » et que nous sous entendions du même coup que ce qui est dit se comprend de soi même. Mais, par le simple fait de remplacer maintenant dans la traduction de noein le mot « penser » par le mot « saisir », nous n’avons rien gagné non plus, tant que nous ne serons pas entrés dans la chose même que noein désigne. Il faut avant tout éviter de tenir tout de suite la traduction par « saisir » pour la traduction pleinement adéquate, et particulièrement si nous comprenons « saisir » dans le sens qu’il a, par exemple, dans cette phrase : « Nous saisissons un bruit. »
Ici « saisir » a le même sens que « recevoir ». Le noein ainsi traduit, pour emprunter une distinction à Kant, prend la signification de « saisir » au sens d’une réceptivité, qui se trouve distinguée de la spontanéité avec laquelle nous nous comportons de nous mêmes de telle et telle façon à l’égard de ce que nous avons saisi. Or, c’est précisément une telle acceptation passive que noein ne signifie pas. C’est pourquoi j’insistais dans mes cours d’il y a quelques années sur le fait que dans noein comme saisir se dessine déjà l’acte d’entre prendre quelque chose.
Dans le noein ce qui est saisi nous concerne de telle façon qu’au sens propre nous l’entre prenons, que nous allons en faire quelque chose. Mais où prenons nous ce qui est à saisir ‘ Comment l’entre-prenons nous ‘ Nous le prenons en garde. Ce qui est pris en garde est cependant ce que nous laissons être comme il est. Cette prise en garde ne touche pas à ce qui est pris ainsi. Prendre garde, c’est tenir en la garde.
Noein, c’est la prise en garde de quelque chose. Le substantif de noein, c’est à dire noos, nous, signifie originellement presque exactement ce que nous avons éclairci plus haut comme étant la signification fondamentale du « Gedanc », recueillement, mémoire. Nous ne pouvons traduire les formules, courantes en grec, en no echein, et chaire nou par : retenir dans la raison, et par : il se réjouissait dans sa raison, mais par : chaire nou – il se réjouissait dans son coeur ; en no echein – garder dans la pensée fidèle. [GA8 193]