Un pouvoir-être-tout authentique du Dasein a été existentialement projeté. L’explicitation [302] du phénomène a dévoilé l’être authentique pour la mort comme devancement [NA: Cf. supra, §58 [EtreTemps58], p. [280] sq.]. Dans son attestation existentielle, le pouvoir-être authentique du Dasein a été mis au jour comme résolution et en même temps interprété existentialement. Comment l’un et l’autre phénomènes doivent-ils être rapprochés ? Le projet ontologique du pouvoir-être-tout authentique n’a-t-il pas conduit dans une dimension du Dasein qui est fort éloignée du phénomène de la résolution ? Qu’est-ce que la mort doit avoir de commun avec la « situation concrète » de l’agir ? La tentative d’accoupler à toute force la résolution et le devancement ne nous égare-t-elle pas dans une construction insoutenable, absolument non-phénoménologique, qui ne peut même plus revendiquer le caractère d’un projet ontologique phénoménalement fondé ? EtreTemps61
Mais à l’inverse, c’est seulement l’interprétation de la « connexion » entre résolution et devancement qui a pu atteindre la pleine compréhension existentiale du devancement lui-même. Jusqu’alors, celui-ci ne pouvait valoir que comme projet ontologique. Maintenant, il est apparu au contraire que le devancement n’est pas une possibilité inventée et imposée au Dasein, mais le mode d’un pouvoir-être existentiel attesté dans le Dasein, mode qu’il s’intime pour autant que, en tant que résolu, il se comprend authentiquement. Le devancement n’« est » pas en tant que comportement flottant en l’air, mais il doit nécessairement être conçu comme la possibilité, abritée dans la résolution existentiellement attestée, et ainsi co-attestée, de son authenticité. L’authentique « pensée de la mort » est le vouloir-avoir-conscience [Gewissen] qui s’est rendu existentiellement translucide. EtreTemps62