oubli

Vergessen [SZ] Vergessenheit [SZ]

Vergessenheit: La question est aujourd’hui tombée dans l’oubli, quand bien même notre temps considère comme un progrès de réaffirmer la « métaphysique ». Néanmoins, l’on se tient pour dispensé des efforts requis pour rallumer une nouvelle gigantomachia peri tes ousias. La question soulevée n’est pourtant pas arbitraire. C’est elle qui a tenu en haleine la recherche de Platon et d’Aristote, avant de s’éteindre bien entendu après eux, du moins en tant que question thématique d’une recherche effective. Ce que les deux penseurs avaient conquis s’est maintenu, au prix de diverses déviations et « surcharges », jusque dans la Logique de Hegel. Et ce qui autrefois avait été arraché aux phénomènes en un suprême effort de la pensée, les résultats fragmentaires de ces premiers assauts sont depuis longtemps trivialisés. [EtreTemps1]

Vergessen: Mais la quotidienneté [Alltäglichkeit] médiocre du Dasein ne doit pas être prise pour un simple « aspect ». Même en elle, et même dans le mode de l’inauthenticité, se trouve a priori la structure de l’existentialité. Même en elle il y va pour le Dasein, selon une guise déterminée, de son être, auquel il se rapporte sur le mode de la quotidienneté [Alltäglichkeit] médiocre, fût-ce seulement sur le mode de la fuite devant et de l’oubli de cet être. [EtreTemps9]

Le comprendre inauthentique se temporalise comme ce s’attendre présentifiant à l’unité [339] ekstatique duquel doit nécessairement appartenir un être-été correspondant. L’ad-venir à soi authentique de la résolution devançante est en même temps un re-venir au Soi-même le plus propre, jeté dans son isolement. C’est cette ekstase qui rend possible que le Dasein, en se résolvant, assume l’étant qu’il est déjà. Dans le devancement, le Dasein se ramène et se reconduit devant le pouvoir-être le plus propre. Nous appelons l’être-été authentique la répétition. Mais le se-projeter inauthentique vers les possibilités puisées dans l’objet de préoccupation [Besorgen] tandis que celui-ci est présentifié n’est possible qu’autant que le Dasein s’est oublié en son pouvoir-être jeté le plus propre. Un tel oubli n’est pas rien, ni seulement le défaut du souvenir, mais un mode ekstatique propre, « positif » de l’être-été. L’ekstase (échappée) de l’oubli a le caractère d’un désengagement fermé à soi-même devant l’«été » le plus propre, de telle sorte que ce désengagement devant… referme ekstatiquement le devant-quoi et, avec lui, soi-même. L’oubli comme être-été inauthentique se rapporte ainsi à l’être jeté et propre ; il est le sens temporel du mode d’être conformément auquel je suis été de prime abord et le plus souvent. Et c’est seulement sur la base de cet oubli que le présentifier qui se préoccupe et s’attend peut conserver — à savoir conserver l’étant qui n’est pas à la mesure du Dasein [Daseinsmässig], mais fait encontre dans le monde ambiant. À ce conserver correspond une non-conservation, qui représente un « oubli » au sens dérivé.
De même que l’attente n’est possible que sur la base d’un s’attendre, de même le souvenir n’est possible que sur la base d’un oublier, et non pas l’inverse ; car c’est sur le mode de l’oubli que l’être-été « ouvre » primairement l’horizon où, en s’y engageant, le Dasein perdu dans l’« extériorité » de ce dont il se préoccupe peut se ressouvenir. Le s’attendre oublieux-présentifiant est une unité ekstatique propre, conformément à laquelle le comprendre inauthentique se temporalise quant à sa temporalité. L’unité de ces ekstases referme le pouvoir-être authentique et elle est ainsi la condition existentiale de possibilité de l’ir-résolution. Bien que le comprendre inauthentique, préoccupé, se détermine à partir du présentifier de ce dont il se préoccupe, la temporalisation du comprendre ne s’en accomplit pas moins primairement dans l’avenir. [EtreTemps68]