Néanmoins, il y a dans l’idée du « en-dette » le caractère du ne-pas. Si le « en-dette » doit pouvoir déterminer l’existence, alors surgit du même coup le problème ontologique d’éclaircir existentialement le caractère de ne-pas de ce ne-pas. De plus, à l’idée du « em-dette » appartient ce qui s’exprime de manière indifférente dans le concept de dette contenu dans la « responsabilité » : le fait d’être fondement, cause de… Nous déterminons par conséquent ainsi l’idée formellement existentiale du « en-dette » : être-fondement pour un être déterminé par un ne-pas — autrement dit être fondement d’une nullité [Nichtigkeit]. S’il est vrai que l’idée du ne-pas incluse dans le concept existentialement compris de dette exclut la relativité à un sous-la-main possible ou exigé, si donc le Dasein ne doit absolument pas être mesuré à l’aune d’un étant sous-la-main ou muni de valeur qu’il n’est pas lui-même ou qui n’est pas selon sa guise, c’est-à-dire n’existe pas, alors disparaît la possibilité de considérer, par rapport à l’être-fondement d’un défaut, l’étant même qui est un tel fondement comme « déficient ». Il est impossible, partant d’un défaut « causé » par le Dasein ou du non-remplissement d’une exigence, d’inférer rétrospectivement la déficience de la « cause ». L’être-fondement pour… [284] n’a pas besoin de présenter le même caractère de ne-pas que le privatif qui se fonde en lui et provient de lui. Le fondement n’a pas besoin de ne tenir sa nullité [Nichtigkeit] que de ce qu’il fonde. Or cela implique que l’être-en-dette ne résulte pas d’abord d’un endettement, mais, inversement, que celui-ci ne devient possible que « sur le fondement » d’un être-en-dette originaire. Est-il donc possible de mettre celui-ci en évidence dans l’être du Dasein, et comment est-il en général existentialement possible ? [EtreTemps58]
Mais serait-il permis de toucher à la souveraineté de la “logique” ? Se pourrait-il que l’entendement ne soit pas, dans cette question portant sur le rien, réellement souverain ? Avec son aide, nous ne pouvons guère, d’une façon générale, que déterminer le rien et le poser tout au plus comme un problème qui se détruit lui-même. Car le rien est la négation de la totalité de l’étant, l’absolument non-étant… Mais parlant ainsi, nous rangeons le rien sous la détermination plus haute de ce qui est soumis à négation et, par là, de ce qui est nié. Or la négation est, selon la doctrine régnante et jamais contestée de la “logique”, un acte spécifique de l’entendement. Comment, dès lors, pouvons nous prétendre, dans la question portant sur le rien et même dans celle de savoir s’il peut être questionné, congédier l’entendement ? Pourtant, ce que nous présupposons là est-il si assuré ? Le ne-pas, l’être-nié et ainsi la négation représentent-ils la détermination plus haute sous laquelle le rien, comme une espèce particulière de ce qui est nié, vient se ranger ? N’y a-t-il le rien que parce qu’il y a le ne-pas, c’est-à-dire la négation ? Ou est-ce l’inverse ? N’y a-t-il la négation et le ne-pas que parce qu’il y a le rien ? C’est ce qui n’est pas décidé, n’est pas même encore érigé expressément en question. Nous affirmons : le rien est plus originel que le ne-pas et la négation. QQMETA: L’élaboration de la question
Quel témoignage plus insistant de la manifestation constante et étendue, quoique masquée, du rien dans notre être-là, que la négation ? Mais celle-ci n’ajoute nullement à partir d’elle-même le ne-pas, comme moyen de différenciation et d’opposition au donné, pour l’y intercaler en quelque sorte. Comment la négation pourrait-elle, aussi bien, produire à partir d’elle-même le ne-pas, quand elle ne peut cependant nier que si quelque chose de niable lui est au préalable donné ? Mais comment quelque chose de niable et qui soit à nier pourrait-il entrer en vue comme se prêtant au ne-pas, si toute pensée comme telle n’avait pas d’avance déjà vue sur le ne-pas ? Or le ne-pas ne peut devenir manifeste que si son origine, le néantir du rien en général et par là le rien lui-même, est soustraite au cèlement. Le ne-pas ne vient pas de la négation ; c’est la négation, au contraire, qui se fonde sur le ne-pas, lequel surgit du néantir du rien. La négation n’est, en fait, qu’un mode du comportement néantissant, c’est-à-dire fondé préalablement sur le néantir du rien. [54] QQMETA: La réponse à la question