La vérité – die Wahrheit. Suivant une observation très fine de Jean Beaufret, nous ferons bien – pour être à même d’entendre comment Heidegger pense la vérité – de percevoir dans ce mot comme un écho de ce que dit le latin uereor («je ne suis pas sans vergogne», «j’éprouve du respect»). À cette condition, il devient possible pour nous de saisir comment Heidegger rapproche Wahrheit (la vérité) du verbe wahren, dont notre vieux mot «garer» est le quasi-doublet. « Garer», c’est mettre à l’abri (sa forme originale : garir, guérir a d’abord signifié «protéger», garantir»). Toutes ces nuances: garer, garder, veiller sur, accorder, faire la grâce de…, dessinent le foyer à partir duquel parle die Wahrheit, c’est-à-dire la vérité, telle qu’invite à la penser Heidegger. (GA65FF:15-16)