D’où procède un tel caractère protéiforme de la conscience ? De la richesse infinie des expériences que tout être sensible, animal et a fortiori humain, est à même de connaître durant sa vie. C’est pourquoi, là encore, la philosophie n’a pas l’apanage de l’élucidation de la conscience : nombre d’autres disciplines, psychologie, psychanalyse, phénoménologie, psychiatrie, sciences cognitives, traditions spirituelles diverses, théistes ou non, en ont proposé des approches originales. Constituée et ressaisie dans toute son ampleur par l’apport conjoint de ces différentes démarches, la conscience se révèle être un thème complexe, quasiment déterminé par une telle hybridation interdisciplinaire.
Ce fait pose la question de l’éclatement possible de la notion. Son unité conceptuelle est celle du savoir : scire (conscius, conscientia) en latin, wissen (Bewußtsein, Gewissen) dans la langue germanique. Cependant, à cette unité renvoie la présence contemporaine d’écarts considérables, au plan lexical, entre les langues latines et l’allemand (Bewußtsein, -heit, Gewiss-en, -heit) ou l’anglais (consciousness et awareness) nous n’avons qu’un terme en français, « conscience », pour traduire la pluralité des mots allemands ou anglais, ce qui indique une mutation possible de sa définition et une réélaboration considérable de ses références.