Verstorbene [SZ]
Le « défunt » qui, à la différence du simple mort, a été arraché à « ceux qui restent », est l’objet de « soins » sur le mode de la pompe funèbre, de l’enterrement, du culte funéraire. Et il n’est tel, derechef, que parce qu’en son mode d’être il est « encore plus » qu’un outil [Zeug] à-portée-de-la-main simplement offert à la préoccupation [Besorgen] dans le monde ambiant. Séjournant auprès de lui dans le deuil et le souvenir, les survivants sont avec lui, sur un mode de sollicitude [Fürsorge] honorifique. Le rapport d’être au mort ne saurait donc pas non plus être saisi comme l’être préoccupé auprès d’un étant à-portée-de-la-main.
Dans un tel être-avec [Mitsein] le mort, le défunt n’est plus lui-même facticement « là ». Pourtant, l’être-avec [Mitsein] signifie toujours l’être-l’un-avec-l’autre [Miteinandersein] dans le même monde. Le défunt a quitté et laissé derrière lui notre « monde ». C’est à partir de celui-ci que les survivants peuvent encore être avec lui.
Plus le ne-plus-être-Là du défunt est saisi de manière phénoménalement adéquate, et plus clairement il apparaît qu’un tel être-avec [Mitsein] avec le mort n’expérimente justement pas le [239] véritable être-venu-à-la-fin du défunt. La mort certes se dévoile comme perte, mais plutôt comme une perte que les survivants éprouvent : dans cette épreuve, ne devient point comme telle accessible la perte d’être « éprouvée », « subie » par le mort lui-même. Nous n’expérimentons pas véritablement le mourir des autres, tout au plus les y « assistons »-nous toujours et seulement.
Du reste, même s’il était possible et loisible de se représenter « psychologiquement » le mourir des autres en les y assistant, la guise d’être en question à savoir la venue-à-la-fin n’en serait pas davantage saisie. La question, en effet, concerne le sens ontologique du mourir de celui qui meurt en tant que possibilité d’être de son être, et non pas le mode d’être-Là-avec [Mitdasein] et d’être-Là-encore du défunt avec les survivants. La consigne de prendre la mort expérimentée chez autrui comme thème pour l’analyse de la fin et de la totalité du Dasein ne peut donc donner ni ontiquement ni ontologiquement ce qu’elle prétend pouvoir donner. [EtreTemps47]