ad-jeté

zu-geworfen

Dans le projet poétique, en effet, ce n’est pas simplement cet “autrement qu’autrement” qui est ouvert, mais l’être-ouvert – qui est toujours tel pour un Là – qui est pré-jeté au Là, ou à celui qui est le Là. Et c’est seulement par une telle pré-jection que le Dasein devient avenant, c’est-à-dire historial. Le projet poétique est ad-jeté au Dasein. Le Dasein lui-même n’est jamais une généralité, mais à chaque fois celui-ci et quelque chose d’unique. Un peuple est toujours déjà jeté dans son Là. De cet être-jeté, Hölderlin, le poète, nous dit : “Et tout comme les petits de l’aigle, leur père les jette lui-même hors du nid, afin qu’ils se cherchent une proie dans la campagne, de même, en souriant, les dieux nous poussent en avant.” Voix du peuple, 1re version, éd. Hellingrath, tome IV, p. 140, ou 2e version, p.143 (Hw. 59) OOA1935: II

Si le projet poétique vient du rien, c’est dans la mesure précise où il n’emprunte point son offrande à l’habituel, au traditionnel ; cependant, il ne provient en aucun cas de rien dans la mesure où ce qui est ad-jeté par lui n’est autre que la destination, tenue en dépôt, du Dasein historial (Hw. 62). OOA1935: II