La question des principes suprêmes et de leur hiérarchie s’égare à vrai dire dans le brouillard, aussi longtemps qu’aucune lumière n’est là pour nous faire entrevoir ce qu’est un principe, en allemand une « proposition-de-fond » (Grundsatz). Pour répondre à cette question, il nous faudrait savoir, [55] d’une façon suffisamment claire, d’abord ce qu’est un fond (Grund) et ensuite ce qu’est une proposition (Satz). Où et comment trouver une information sûre touchant ce qu’est un fond, une raison? Vraisemblablement par le principe de raison. Mais il est remarquable que le principe de raison ne traite aucunement de la raison comme telle. Il dit au contraire : Toute chose a nécessairement une raison. Le Principe de raison présuppose déjà lui-même que soit défini ce qu’est une raison, que soit clair le fond sur lequel repose l’être de la raison. Le principe, de raison est fondé sur cette supposition. Mais est-il encore possible de considérer sérieusement comme principe, et surtout comme principe suprême, une proposition qui presuppose quelque chose d’aussi essentiel? Le principe de raison ne nous aide guère, quand nous tentons d’éclaircir en quoi consiste l’être d’une chose telle que le fond ou la raison. Il est toutefois nécessaire de le savoir si, lors de l’examen du principe, nous ne voulons pas nous en tenir à une représentation confuse de ce qu’est un principe (Grand-Satz). [GA10 54]