oeuvre de langue

De même encore pour l’oeuvre de langue – la tragédie ; là, rien n’est représenté ni seulement porté à la connaissance, mais c’est le combat des nouveaux dieux contre les anciens qui est ouvert. Tandis que l’oeuvre de langue se dresse dans le dire du peuple, celui-ci ne parle pas sur le combat, mais, par l’oeuvre de langue, le dire est métamorphosé de telle manière qu’en tout mot essentiel il mène le combat et porte à la décision ce qui est grand et ce qui est petit, ce qui est vaillant et ce qui est lâche, ce qui est durable et ce qui est fugace, ce qui est maître et ce qui est esclave (Hw. 32). OOA1935: II

La vérité comme être-ouvert advient dans le projet de la poésie. L’art comme mise-en-oeuvre de la vérité est essentiellement poésie. Et pourtant, n’est-ce point pur et simple arbitraire que de reconduire l’art de bâtir, l’art de sculpter, l’art des sons à la “poésie” ? Tel serait en effet le cas si nous entreprenions d’interpréter les “arts” cités à partir de l’art du langage, et d’en faire des sous-espèces de celui-ci ? En fait, l’art de la langue (la “poésie”) lui-même n’est qu’une guise du projeter, du dire poétique au sens déterminé, mais plus vaste qu’on a indiqué. Ce qui n’empêche que l’oeuvre de langue – la poésie au sens plus strict – a une position insigne dans le tout des arts. Pour concevoir comment, il est besoin d’un concept correct de la langue elle-même (Hw. 60). OOA1935: II

L’essence de la langue est poésie au sens large du terme. Et comme la langue, en même temps, est ce projet par lequel de l’étant s’ouvre en général pour la première fois comme étant à l’homme, l’oeuvre de langue est l’oeuvre d’art la plus originelle. Le bâtir et le figurer, au contraire, se produisent toujours déjà dans l’ouvert du dit et du nommer et ils sont embrassés et gouvernés par lui. Mais c’est pour cela justement qu’ils demeurent des chemins propres de l’art, un dire poétique à chaque fois spécifique (Hw. 61). OOA1935: II