wesenhaft, essentiel, par essence, essential, wesentlich
Deux adjectifs/adverbes ayant le même radical : wesen, apparaissent dans Sein und Zeit : wesentlich et wesenhaft. Le problème que pose leur traduction est lié au double sens qu’a l’adjectif « essentiel » en français, à savoir succinctement : 1°) ce qui appartient à l’essence, ou nature propre, d’une chose, ce qui lui est constitutif ; 2°) ce qui est nécessaire ou indispensable à l’existence de quelque chose. J’ai considéré que wesenhaft relevait de la première acception, et wesentlich de la seconde.
De fait, la traduction de wesentlich, qu’il s’agisse de l’adjectif ou de l’adverbe, ne nous posera aucun problème en général (exception faite du cas « bizarre » rencontré à l’alinéa 1 du § 65, page (323) et qui y fait l’objet de la note N2). Je n’ai pu cependant éviter complètement de traduire l’adjectif par « essentiel », mot qu’il faudra alors comprendre dans la seconde acception ci-dessus (pour faciliter la tâche du lecteur, j’ai alors indiqué, entre crochets, le mot wesentlich).
En revanche, la traduction de wesenhaft va poser un double problème, un problème de traduction et un problème de cohérence. Concernant le premier, je me suis résolu à un choix binaire simple, voire simpliste, mais qui laisse le lecteur dans la même position que le traducteur : toujours traduire l’adjectif par « essentiel » (dans la première acception ci-dessus), toujours traduire la forme adverbiale par « par essence », et ce afin de ne pas employer l’adverbe « essentiellement », dont la signification courante en français polluerait la compréhension spontanée du texte. Je me suis bien gardé de franchir le pas que franchit Michel Haar (MH, page 88) en avançant le terme d’essential, tout en notant la précision que cet auteur apporte, selon laquelle « l’angoisse est appelée ‘essentiale’ (wesenhaft) parce qu’elle vient de l’être lui-même, parce qu’elle manifeste l’être au sens verbal (wesen) en sa pure différence avec l’étant. » Le second problème est issu de l’assertion fondamentale de (l’alinéa 3 du § 9->art16), page (42), selon laquelle : l’« essence » de l’homme repose dans son existence. Compte tenu de la place particulière, ainsi fixée, au terme « essence » dans Sein und Zeit, le lecteur devra donc prendre garde à l’ambiguïté à laquelle peut conduire une traduction respectueuse du texte et des conventions ici annoncées, mais qui, une fois encore, le place dans les mêmes conditions que le lecteur de la version allemande. Dans ce contexte, je ne suivrai pas toujours les traductions « classiques » du mot Wesen et privilégierai donc, si possible concernant le Dasein, les traductions qui ne font pas appel à cette notion d’essence. Comme le précise d’ailleurs Françoise Dastur (FD2, page 156, note 2), « (…) le terme Wesen, tel que le comprend Heidegger, ne peut qu’imparfaitement être traduit par ‘essence’ et ne renvoie nullement à l’invariance d’une espèce, mais à la manière éminemment temporelle dont une chose déploie son Être, de sorte qu’il n’est plus possible d’opposer diamétralement l’Être au devenir. Comme il l’explique par la suite (…), ce terme doit être compris à partir du verbe wesan qui a le même sens que währen, durer. »
On gardera néanmoins la traduction « essence » pour toute application relevant du catégorial et pour les quelques utilisations, parfois étonnantes quand elles ne sont pas mises entre guillemets, du mot Wesen par Heidegger lui-même. (Auxenfants; ETJA:§2N12)
VIDE: (wesenhaft->http://hyperlexikon.hyperlogos.info/modules/lexikon/search.php?option=1&term=wesenhaft)
wesen: essenciar-se, estar-a-ser
Abwesen (s) / Abwesende (s): o-estar-ausente, ausência / o-que-está-ausente
anwesen / Anwesen (s): vir-à-presença, estar-presente / o-estar-presente, o vir-à-presença
anwesend / Anwesende (s): presente, que está presente / o que-está-presente, o que-vem-à-presença
Anwesenheit (e): presença, estar-em-presença (cf. Präsenz)
Gewesene (s) / Ge-wesene (s): o sido, aquilo que foi / o sido, o já essenciado
Wesen (s) / Unwesen (s): essência, estar-a-ser, ser / anti-essência, abuso da essência, in-essência
Wesende (s): o-que-se-essencia, o que-está-a-ser
Wesenheit (e): essencialidade
Wesensblick (r): o olhar-que-vê-a-essência (GA5BD)
N12 Deux adjectifs/adverbes ayant le même radical : wesen, apparaissent dans Sein und Zeit : wesentlich et wesenhaft. Le problème que pose leur traduction est lié au double sens qu’a l’adjectif « essentiel » en français, à savoir succinctement : 1°) ce qui appartient à l’essence, ou nature propre, d’une chose, ce qui lui est constitutif ; 2°) ce qui est nécessaire ou indispensable à l’existence de quelque chose. J’ai considéré que wesenhaft relevait de la première acception, et wesentlich de la seconde.
De fait, la traduction de wesentlich, qu’il s’agisse de l’adjectif ou de l’adverbe, ne nous posera aucun problème en général (exception faite du cas « bizarre » rencontré à l’alinéa 1 du § 65, page (323) et qui y fait l’objet de la note N2). Je n’ai pu cependant éviter complètement de traduire l’adjectif par « essentiel », mot qu’il faudra alors comprendre dans la seconde acception ci-dessus (pour faciliter la tâche du lecteur, j’ai alors indiqué, entre crochets, le mot wesentlich).
En revanche, la traduction de wesenhaft va poser un double problème, un problème de traduction et un problème de cohérence. Concernant le premier, je me suis résolu à un choix binaire simple, voire simpliste, mais qui laisse le lecteur dans la même position que le traducteur : toujours traduire l’adjectif par « essentiel » (dans la première acception ci-dessus), toujours traduire la forme adverbiale par « par essence », et ce afin de ne pas employer l’adverbe « essentiellement », dont la signification courante en français polluerait la compréhension spontanée du texte. Je me suis bien gardé de franchir le pas que franchit Michel Haar (MH, page 88) en avançant le terme d’essential, tout en notant la précision que cet auteur apporte, selon laquelle « l’angoisse est appelée ‘essentiale’ (wesenhaft) parce qu’elle vient de l’être lui-même, parce qu’elle manifeste l’être au sens verbal (wesen) en sa pure différence avec l’étant. » Le second problème est issu de l’assertion fondamentale de l’alinéa 3 du § 9, page (42), selon laquelle : l’« essence » de l’homme repose dans son existence. Compte tenu de la place particulière, ainsi fixée, au terme « essence » dans Sein und Zeit, le lecteur devra donc prendre garde à l’ambiguïté à laquelle peut conduire une traduction respectueuse du texte et des conventions ici annoncées, mais qui, une fois encore, le place dans les mêmes conditions que le lecteur de la version allemande. Dans ce contexte, je ne suivrai pas toujours les traductions « classiques » du mot Wesen et privilégierai donc, si possible concernant le Dasein, les traductions qui ne font pas appel à cette notion d’essence. Comme le précise d’ailleurs Françoise Dastur (FD2, page 156, note 2), « (…) le terme Wesen, tel que le comprend Heidegger, ne peut qu’imparfaitement être traduit par ‘essence’ et ne renvoie nullement à l’invariance d’une espèce, mais à la manière éminemment temporelle dont une chose déploie son Être, de sorte qu’il n’est plus possible d’opposer diamétralement l’Être au devenir. Comme il l’explique par la suite (…), ce terme doit être compris à partir du verbe wesan qui a le même sens que währen, durer. »
On gardera néanmoins la traduction « essence » pour toute application relevant du catégorial et pour les quelques utilisations, parfois étonnantes quand elles ne sont pas mises entre guillemets, du mot Wesen par Heidegger lui-même. (ETJA)